Cela fait maintenant plus de deux jours que j’évite la maison et que je n’ai pas quitté ma chambre d’hôtel à vrai dire. Couché dans mon lit, je repense à ces derniers jours. Je relis encore les derniers messages textes que m’a envoyé Lean et j’ai l’impression que mon cœur saigne littéralement. Suis-je vraiment amoureux d’elle ou bien je ne suis pas habitué de me faire dire non ? Je suis totalement perdu dans mes émotions et j’ai peur par moment de les explorer davantage. Découvrir une vérité qui sommeille en moi depuis bien trop longtemps et qui ne me sera peut-être pas accessible maintenant que Lean est partie. Par réflexe j’ouvre mon agenda même si ça fait deux jours que je ne travaille pas. À quel point suis-je accroc à mon travail ? Je fronce les sourcils en voyant un rendez-vous dans la journée et quand je réalise que c’est le rendez-vous chez la coiffeuse de Jude qui est marqué, je lève les yeux au ciel en me disant que ma secrétaire est vraiment une imbécile. Je m’ennuie tellement du temps que c’était Lean plutôt mon assistante, elle savait très bien que c’était inutile de marquer les rendez-vous de Jude à mon agenda. Comme si ça allait changer ma vie de savoir que ma femme était chez le coiffeur. Pensif, je songe alors au fait que grâce à son rendez-vous que j’aurais la paix pour aller à la maison pendant ce laps de temps. Ce n’est pas une mauvaise idée. Je me sens lâche d’éviter Jude autant, mais d’un certain sens je lui en veux d’avoir fait partir Lean et je sais que c’est purement égoïste de ma part. Je préfère donc vivre mes émotions en paix de mon côté, avec un peu de recul, j’aurai la tête plus claire pour une discussion. Prenant le chemin de notre maison, je me demande ce que je dirais à Jude si je la croisais par malchance. Est-ce que je devrais lui dire que je veux réellement un divorce ? Je ne comprends tellement pas pourquoi elle veut qu’on reste ensemble absolument. Elle a beau m’avoir dit que c’était pour les enfants, je sais très bien qu’il y a bien plus.

Entrant dans la maison, je vois sur le comptoir de notre cuisine des muffins que Jude a cuisiné et c’est loin de me surprendre. Elle est du genre à cuisiner énormément quand elle est nerveuse et je peux comprendre que la situation nous entourant ne doit pas être facile pour elle. J’en prends un en marchant vers notre chambre et je ne peux m’empêcher de me dire qu’il est bien meilleur que celui que j’ai eu pour le petit-déjeuner ce matin. Je vois alors le carnet de Jude sur mon lit ce qui me surprend énormément. Je sais très bien que c’est son journal intime et elle n’est pas du genre à le laisser à la vue. Peut-être ne s’imaginait-elle pas que j’allais revenir et qu’elle l’a oublié ? J’attrape plusieurs chemises dans mon walk-in, mais mon regard se pose toujours sur ce journal. Est-ce qu’elle serait là ma solution pour savoir pourquoi Jude veut absolument que l’on reste ensemble ? Ma femme est tellement anxieuse, si elle me confie des trucs par moment, je sais qu’elle en garde beaucoup pour elle. Non. Je ne peux pas faire ça, ça serait brisé son intimité, mais d’un autre côté j’ai tant besoin de savoir. Qui sait peut-être qu’elle m’aime vraiment et que je suis naïf depuis ces 21 dernières années ? La curiosité l’emporte et je m’assis sur notre lit pour feuilleter des pages de son journal. Je vais directement à la fin dans l’espoir que j’y lis quelque chose d’actuel qui m’en dirait plus. Déjà son discours est cohérent entre son journal et moi, elle exprime bien qu’elle a peur de me perdre et qu’il revienne encore une fois. Je relis la phrase plusieurs fois et les suivantes, mais elle fait référence à qui par ce « il » ? Je continue de lire et je reste figé quand elle parle qu’elle a peur que je découvre la vérité. Mais quelle vérité ? Le comble serait bien de savoir aujourd’hui que Crystal n’est pas ma propre fille. Je termine de lire sans trop d’intérêt pour la suite, je suis subjugué dans notre lit. J’ai encore plus de questions qu’au départ et je regrette un peu d’avoir lu tout ça parce que je me doute que si Jude me cache quelque chose elle ne voudra jamais m’en parler de vive voix. Et comment suis-je supposé abordé le sujet ? Lui dire que j’ai lu son journal et trahi sa confiance ?

Je décide finalement de retourner en arrière et je souris à quelques reprises quand elle parle de nos filles et de l’amour qu’elle a pour elles. Puis une page retient mon attention parce que la texture est totalement différente et je conclus que Jude a dû pleurer à maintes reprises en l’écrivant. Je me fige en voyant la date, celle du mariage de ma cousine. Savait-elle déjà que je l’avais trompé ? Mais au contraire je ne suis pas du tout le centre de l’attention. Des frissons traversent mon corps quand je lis les horreurs qui s’est passé pour elle ce week-end-là. Je comprends rapidement qu’elle parle du père biologique d’Emily et que ce violeur est revenu lui toucher. Un sentiment de colère mélangé à une énorme peine me traverse. Mais pourquoi Jude ne m’a rien dit ? Et qu’est-ce qu’il fait encore dans le décor celui-là ? Est-il plus près de nous que je le pense ? Elle répète qu’elle a peur que moi et Emily on découvre la vérité. Il est évident que je connais son violeur même si je n’ai jamais su qui s’était réellement. Jude n’a jamais voulu me le dire et j’ai toujours respecté sa volonté, mais j’ai beaucoup trop été présent dans sa vie pour ne pas l’avoir croisé. Mais de la façon qu’elle parle, j’ai l’impression que même Emily le connait ? Mais c’est quoi cette histoire ? Elle se moque finalement du fait que c’est un homme riche qui n’ a rien d’autres, même pas d’amis et c’est là que les fils se touchent finalement dans mon cerveau. Cette phrase je l’ai entendu de la bouche de Jude des milliers de fois pour décrire son père… La nausée monte rapidement et j’ai l’impression que je vais être malade. Est-ce que Jude fait vraiment référence à son père comme étant son violeur ? Je me sens étourdi soudainement. Si j’avais l’impression que ma vie avait bousculé au départ de Lean, là elle vient de prendre une tout autre direction bien pire. Je lâche le journal et j’essaie de le repositionner dans la même position qu’il était avant. Je replace chacune de mes chemises comme si je n’avais jamais été présent dans cette pièce. J’ai besoin de temps pour digérer cette information. Le vrai père d’Emily est en fait son grand-père. Tout semble faire du sens tout d’un coup, je replonge dans le passé et j’avais tant de signes. Comment ne les ai-je pas vu ? Je suis un monstre. Pendant que je m’envoyais en l’air avec Lean à l’autre bout du pays, ma femme se faisait violer par son père.

J’entre dans mon bureau pour me prendre un verre de whisky. Quand je vois cette photo de famille avec mes filles, moi et Jude ainsi que mes beaux-parents tout souriant comme si de rien était, la colère m’emporte et je jette ce cadre par terre. Il se fracasse en milles morceaux et des larmes de colère se mettent à couler sur ma joue. Je cale mon verre de whisky et je le lance sur le mur pour essayer de diminuer la colère qui bouillonne en moi. À quel point j’ai été aveugle ? À quel point j’ai fait souffert Jude dernièrement ? Si j’ai peur qu’on se divorce et qu’Emily apprenne que je ne suis pas son père, je n’imagine même pas la peur que Jude peut avoir que notre fille découvrir la vérité sur son grand-père. Notre dispute de l’autre soir fait tellement plus de sens soudainement, je comprends mieux pourquoi elle se fiche que je vois d’autres femmes tant que je reste avec elle. Se sent-elle protégé quand je suis à la maison ? Je suis une vraie ordure, je m’en veux tellement de ne pas avoir compris beaucoup plus tôt. Mes études payées par lui était un faible prix pour que je camoufle ces conneries et sans doute qu’il avait l’impression de se racheter un peu pour Jude. Je me sentais tellement trahi, lui que j’avais toujours pris pour un mentor et qui était le pire cauchemar de ma femme. Mon regard se jette sur l’horloge et je réalise que Jude va sans doute rentrer bientôt. Heureusement que je ferme déjà mon bureau à clé à l’habitude parce que cela n’éveillera pas de soupçon pour Jude, je sais très bien que je n’ai pas le temps de ramasser tout ce grabuge que j’ai fait. J’emporte ma flasque de whisky dans le salon et je me ressers un verre en attendant que Jude arrive. Il n’est pas question que je retourne à l’hôtel et que je la laisse de nouveau seule. Comme si elle était réglée sur une horloge, Jude franchit finalement la porte de notre maison et elle semble vraiment surprise de me voir. Instinctivement je vais la voir et je la serre contre moi.

-J’ai beaucoup réfléchi ces deux derniers jours et je veux nous laisser encore une chance Jude. Tu avais raison, je crois que c’est mieux pours les filles comme ça et pour nous surtout.

Bien entendu, je ne pense pas vraiment qu’il est possible d’avoir un renouveau avec ma femme, mais en ce moment c’est la seule option que je peux prendre. J’ai besoin de penser à quoi je vais faire de mon beau-père et je ne veux pas lui dire que je le sais pour l’instant.

-J’ai été vraiment con et je suis désolé. Tu méritais mieux de ma part… Notre mariage ça été un vrai mariage d’amour et heureux. Je n’échangerais pour rien au monde toutes ces années avec toi et les filles. C’est juste que contrairement à d’autres couples on a plus focalisé tout cet amour sur nos filles et on s’est oublié. Je crois que le départ des filles de la maison a créé un grand vide autant pour toi et moi. Mais ça ne justifiait pas pour autant mes actes et je suis désolé. Je crois qu’on est rendu à cette étape qu’il faut nous retrouver dans ce couple, mais vu notre passé je crois que le meilleur moyen sera sans doute avec un professionnel. Je me dis qu’on pourrait au moins essayer une thérapie de couple avant que ça dégénère ?

Alors que je m'excuse, la sincérité s'entend dans ma voix. Elle n'a même pas idée à quel point je regrette de ne pas avoir été là pour elle. J’ai l’impression d’être convaincant quand je lui dis tout ce que je pense plus ou moins. Après tout, je suis un avocat je sais bien camoufler la vérité par d’autres mensonges. La plupart de mon discours est authentique bien que je doute réellement que notre situation puisse s’arranger par de la thérapie, mais j’ai bien l’espoir que celle-ci pourrait porter Jude à affronter ses démons du passé. Qui sait peut-être me révélerait peut-être par elle-même la vérité si nous apprenons à mieux communiquer ? Je l’embrasse sur la tête comme j’ai l’habitude de le faire pour la réconforter dans les situations compliquées. Je ne sais pas où va me mener cette histoire, mais chose certaine Lean n’est plus du tout dans mes pensées contrairement à ces derniers jours. Je vais protéger Jude juste à temps que je trouve une solution si un jour j’arrive à en trouver réellement une.

Je suis assise à écrire mon journal dans notre lit quand mon téléphone sonne, une alarme. Depuis deux jours, tout ce que je fais, c’est boire et faire à manger. Le congélateur est plein et je sais que je devrai en donner aux filles parce que je n’arriverai jamais à manger tout cela. Surtout pas au rythme où je produit les repas et les pâtisseries. J’attrape mon téléphone sur la table de nuit et réalise que mon rendez-vous chez la coiffeuse est dans très peu de temps, je dois me dépêcher, pas question d’arriver en retard, ce n’est pas digne de moi. Encore une chose qu’il à réussi à m’entrer dans la tête. Je n’ai pas le temps de tout ranger, et réalise en voulant sortir de la chambre une fois habillée que mon journal est encore sur les draps. Bon, tant pis, de toute façon, les filles viennent rarement à la maison et Ben n’y a même pas mis les pieds depuis deux jours. À peine quelques textos pour que je puisse savoir qu’il est toujours en vie.

En marchant pour aller à mon rendez-vous quelques pâtés de maisons plus loin, je réfléchis aux évènements des derniers jours. Si je me doutais que Ben me trompait j'aurais sans doute jamais imaginer l’enclume qui m’était tombée sur la tête lorsque Luna m’a avoué avoir vu mon mari avec nul autre que Lean. Lean qu’ils connaissent depuis tellement d’années, Lean qui est en plus, la sœur de son meilleur ami. Ça n’avait aucun sens, et en même temps, ça donnait tout un sens à certains comportements que Ben n’avait pas toujours eu avant. Juste avant d’arriver enfin à mon rendez-vous mon téléphone vibre, un texto, sans grande surprise ce n’est pas Ben, mais ma mère, me demandant ce que je fais ce soir. Pas question de lui dire la vérité, que je serais seule chez moi, la dernière fois que je lui ai dit avoir une fin de semaine pour moi, que je pourrais en profiter pour me chouchouter, j’ai eu la visite de mon père, une visite que j'aurais tellement aimé mieux ne jamais revivre. Je ne savais plus si sa mère l’avait dit à mon père intentionnellement, si mon père avait accès au téléphone de ma mère ou tout simplement si ma mère avait simplement voulu faire la conversation avec cet homme horrible. Pourquoi ma mère était toujours dans ce mariage ? La traite-t-il bien ? Ou il la traite encore plus mal qu’il puisse traiter sa propre fille… Avant d'entrer dans le salon de coiffure, je répondis rapidement à ma mère. ''On se fait un souper en amoureux avec Ben !’’. J'imaginais le visage de Luna, ou même celui de Ben si il lisait ce message, ils riront sans doute bien comme il faut, j’éclaterais moi-même de rire, si ce n’était pas pour m’assurer que, ce soir, je pourrais restée seule chez moi, sans mon père pour me rendre une nouvelle visite en apprenant que Ben n’était pas à la maison depuis deux jours. Même sur la chaise avec ma styliste capillaire je continue dans mon délire de mariage parfait à un homme qui n’a d’yeux que pour moi. Quelle ironie quand même quand on connaît l’étendue de son carnet de chasse, ou même juste une partie. Parce que je ne sais pas toutes les filles avec qui il peut bien s’envoyer en l’air, je ne comprends même pas dans quel monde on peut souhaiter à ce point faire un acte qui ne procure pas grand-chose au final. Un sourire factice accroché aux lèvres j’invente une vie qu’on pourrait lire dans les romans, je l’ai toujours fait avec les professionnels que je vois, parce que mon père à toujours dit que n’importe qui à un prix, et il n’est pas question de lui donner plus de raisons qu’il puisse s’inventer le droit de faire ce qu’il me fait. Et quelque part au fond de moi, je panique, parce que j’ai presque 40 ans et qu’il arrive encore à avoir cette emprise sur moi. Je sens mon coeur s’accélérer, bon sang ce n’est pas le temps, je ne peux pas exploser, pas ici, pas dans un endroit où on me demandera ce qui se passe réellement, en plus, il y a des caméras, et si mon père les voyait ? Si il comprenait ? S' il parlait avec Ben et lui donnait le simple petit cheveux qui ferait déborder le vase pour que nous divorcions… Je me retrouverais seule. Seul face à lui. Tout le temps. Et si Emily finissait par comprendre ? Mes filles c’est tout ce qui me reste dans ma vie, je ne vis que pour elles.

Je me force à respirer, allez Jude, concentre toi sur les tics tacs constant de l’horloge, sur les doigts qui passe dans tes cheveux et s’attèle à la tâche de rendre à cette chevelure un semblant de vie. Tranquillement mon cœur cesse de battre la chamade, les larmes ne sont pas bien loin, mais je peux encore les contrôler, je le sais, je le fais si souvent. Je paye rapidement ma nouvelle tête et sors de là le plus rapidement possible. Je sais que mon cellulaire à vibrer un peu plus tôt, sans doute la réponse de ma mère, mais je n’arrive pas à l’ouvrir. Même si je me dit que je pourrais appeler Luna, qui à toujours été là pour moi, je sais que quelque chose cloche en moi, je l’ai toujours su, mais d’un autre sens, je sais que ce que j’ai vraiment besoin dans la vie serait simplement qu’IL disparaisse. Mort, déménager, peu importe tant qu’il ne serait plus dans ma vie je ne serais pas bien difficile sur le comment du pourquoi. Je passe devant une agence de voyage et tout à coup je me dit que quand Ben voudra le divorce je devrai partir, au minimum pour reprendre des forces, avant de tomber dans un enfer sans nom. Les larmes roulent finalement sur mes joues sans que je puisse les retenir, je n’en peu tout simplement plus, je ne veux pas de cette vie, je ne veux pas retenir Ben qui pourrait être heureux avec une femme qui serait aussi amoureuse de lui, mais surtout, je ne veux plus jamais revoir mon père. Si ce n’était pas de mes filles, j'aurais disparu il y a bien longtemps, je serais partie, j’aurais laissé sa liberté à Benjamin. Ce que je pouvais être conne quand même ! Pourquoi je n’étais pas tout simplement aller me faire avorter, il aurait fait quoi, me renier, sans aucun doute que cela aurait été mieux.

NON ! Je ne pouvais pas dire que je serais allée me faire avorter, mais qu’elles pensées affreuse avaient bien pu s'insinuer dans mon esprit. Reprends toi Jude ! Je souffle et regarde les oiseaux voler, ils m’ont toujours apaisée. Les larmes finirent par cesser de couler, je me regardai dans une fenêtre et malgré que je venais à nouveau de me calmer d’une crise de panique, j’avais pas l’air trop détruite. C’était comme avec un carnivore après tout, si je tombais devant mon père, je ne devais montrer aucun signe de faiblesse. Et si je faisais tout de suite un gâteau aux fruits pour mon père à Noël, je ne suivrais pas sa recette préférée et prendrait les vieux fruit sécher d’il y a quelques années, mais sachant que lui seul le mangerait mettre des ingrédients passer date dans un plat que je ferais lors d’une soirée ‘‘en amoureux’’ la fit sourire.

En entrant dans la maison j'accroche mon léger foulard que j'avais pris pour braver les températures de New York au mois d’Octobre et me retourne pour aller à la cuisine, j’en avais besoin, de faire des petits plats pour faire baisser le stress des derniers jours. En relevant la tête, mes yeux tombèrent directement sur Ben, il était rentrée quand ? Interdite, je ne sais pas quoi lui dire, je regarde rapidement autour de lui et aucun papier ne s’y trouve, ils sont peut-être à la cuisine, attendant sagement qu’elle vienne les signer et mettre un terme à leur mariage. Je pousse un soupire et le vois s’approcher de moi, me prendre dans ses bras comme il le fait aurait sans doute été la dernière chose que j’aurais pensée qui se passerait. Et pourtant. Je l’entend me dire qu’il a beaucoup réfléchi et qu’il veut nous donner une chance. Interdite, je continue à l’écouter. Il veut raviver quelle flamme au juste ? Celle de notre amitié ? Il veut un autre enfant ? Mais, j’expliquerai comment à mon père que tout d’un coup je ne suis plus stérile. Que je prenais la pilule du lendemain toute les fois qu’il me rendait visite quand Ben n’était pas à la maison ? Je suis encore dans mes pensées quand il reprend son discours, je recule un peu pour mieux regarder ce qu’il me dit, ses yeux ne sont pas rouges pourtant, il n’a donc pas pris de drogue. Ben n’a jamais eu de frère, donc l’hypothèse du frère jumeau était impossible.

J’avais maintenant deux options lui dire que si nous nous aimions c’était beaucoup plus de l'amitié, parce que pour l’aimer j’aimais cet homme, je l’avais toujours aimé, mais je n’avais jamais été amoureuse de lui et au fond de moi je savais bien que lui non plus n’avait jamais été amoureux de moi. Bon sang, il semblait tellement apprécier coucher avec des femmes et elle ne lui donnait même pas satisfaction de faire son devoir conjugal. Peut-être que c’était mieux quand on était un homme ? Je ne me voyais pas pauser la question, ni a Ben, ni a Luna à savoir comment c’était le sexe, parce que, au fond, elle aussi semblait apprécier la chose.

La deuxième option c’était d’aller dans son sens, après tout, il m’offrait sur un plateau l’option de ne pas divorcer. Il voulait aller consulter même pour ne pas le faire, je ne pouvais que lui être reconnaissant de m’offrir une vie ou je pourrais aussi être heureuse, mais qu'est-ce que je voulais vraiment au fond ? Il semble tellement honnête, que je ne sais plus vraiment où donner de la tête. Je pousse un soupire et m’assoit sur le canapé près de nous.

- Je suis contente que tu sois de retour.

Je n’arrive pas à continuer, mon cerveau fait du cent à l’heure pour arriver à trouver les bons mots. Est-ce que notre couple pourrait vraiment aller mieux ? Ou bien lui laisser le choix d’aller voir ailleurs serait dans ses conditions ? Tant que ce n’était pas avec Lean tout de même ! Lexy ne serait pas heureux de savoir ça. Lorsqu’il m’embrasse sur la tête je sens le stress diminuer, je sais qu’il est là ce soir, qu’il fait toujours cela pour m’aider à me calmer, et chaque fois ça fonctionne, depuis que nous nous sommes connus, ça n’a jamais échoué. Ben me connaît, même si nous ne sommes pas un couple normal, je crois que parler nous ferait du bien, apprendre à se connaître autrement, et surtout, repousser le divorce.

- C’est très soudain tout ça… J’avais à peine de tes nouvelles pendant deux jours, et tout d’un coup tu m’annonce tout cela…

J’ai besoin de cuisiner ! Besoin de faire une recette, suivre des étapes et savoir ce que ça donnera à la fin, pour ma santé, je ne peux pas à nouveau éclater en sanglots ce soir, ni même reprendre une bouteille d’alcool dans le bar tout près. Nous avons sans aucun doute besoin de nous parler lui et moi.

- J’aimerais bien entendre ce que tu as à me dire, ce que tu as réfléchi pour que tu me reviennent avec cette idée ce soir.

Je me relève et me dirige vers la cuisine, j’ai vraiment besoin de me changer les idées en ayant cette conversation avec mon mari.

- Tu as faim ? Je vais cuisiner quelque chose…. Tu restes avec moi ce soir?

J’avais eu un moment d’hésitation avant de poser cette question. Dans quel sens je l’entendait au fond, rester avec moi pour manger et discuter? Pour essayer de devenir un vrai couple ? Pour ne pas me retrouver toute seule à la merci de mon père ?

De voir Jude si soulagée de me voir me fait tellement mal. J’ai l’impression que ma vie vient de bousculer du tout au tout, comme si j’étais sorti tout droit de ce monde imaginaire dans lequel je vivais depuis tant d’années. Je suis ce petit garçon qui vient d’apprendre que non seulement le père noël n’existe pas, mais qu’il y a plutôt un monstre bien vivant dans nos vies que je n’avais jamais vu depuis toutes ces années. À quel point suis-je naïf ? J’ai toujours cru que de nous deux c’était moi le meilleur menteur, le meilleur acteur.  Je me sentais si bon d’avoir toujours passé pour ce couple si fusionnel et parfait aux yeux de tous. Alors que Jude avait donné bien la performance de sa vie, elle méritait d’être nominée au Oscar ma femme littéralement. Même moi, son plus proche ami, je n’avais jamais réussi à déceler cette blessure si profonde chez elle. Ma seule volonté qui avait toujours alimenter mes actions c’était de protégé Jude et Emily. De savoir aujourd’hui que je n’avais pas réussi et que c’était en parti de ma faute que tout ça était arrivé me donnait un sale coup de poing au visage. Jamais je ne m’étais senti coupable avec Jude, mais là tout était bien différent. Il n’y a pas à dire, ma femme est plutôt surprise de ma nouvelle confidence. Elle semble déconcertée de voir que je souhaite un souffle nouveau pour notre couple et ça se comprend. Quand je me suis réveillé ce matin je croyais annoncer à Jude que je voulais divorcer et cette situation est tout à fait inattendue pour moi. La panique s’emporte légèrement de moi quand elle me dit qu’elle voudrait bien entendre ce que j’ai à lui dire ce soir. Qu’est-ce que je vais pouvoir lui raconter ? Je ne peux tout simplement pas lui dire la vérité, j’ai honte d’avoir fouiller dans son journal intime pour tout dire. Mais d’un autre côté, je crois que le destin voulait que je tombe dessus pour continuer de la protéger. Elle se décolle finalement pour s’en aller vers la cuisine ce qui ne me surprend pas du tout, c’est sa façon à elle de gérer les émotions. Si normalement j’ai toujours un coup d’avance, j’avoue que je suis un peu déconcerté par tout ça et que je n’ai aucune idée de quel est mon nouveau plan d’action. La seule chose que je sais c’est que je suis encore beaucoup trop secoué par tout ça et que j’ai besoin de partir d’ici. Je n’ai pas envie de retomber sur l’un des portraits de mon beau-père. J’ai besoin de prendre de la distance pour pouvoir mieux canaliser mon émotion.

-Et si pour une soirée on oubliait tout ça, qu’on en profite seulement pour relaxer tous les deux comme on le faisait avant même qu’on soit marié ? Une petite soirée à écouter des films ou des émissions sans se tracasser avec le reste ? J’ai encore la chambre d’hôtel pour ce soir, on pourrait en profiter et ça te fera changer d’air aussi.

J’espère sincèrement qu’elle accepte ma proposition parce que je ne me vois pas du tout rester ici et il est évident que maintenant que je sais que mon beau-père profite d’elle pendant mes absences qu’il est impossible que je la laisse seule de nouveau.

-On pourrait écouter des épisodes de Supernatural avec un énorme sac de popcorn ?

S’il y a bien une série que moi et Jude avons accroché tous les deux c’est bien celle sur les frères Winchester. Je suis tellement fan qu’il y a dans notre garage une Chevrolet Impala 67 dans notre garage. Je me rends compte que même ces derniers temps j’ai été distant avec Jude sans trop de raisons. Tellement perdu dans ma propre tête que j’en ai oublié qu’à la base cette femme c’est ma meilleure amie avant tout. Depuis que je la trompe, elle a décidemment perdu ce rôle de confidente que je lui avais toujours accordé et c’est sans doute ce qui a creusé un fossé entre nous. Finalement je me rends compte que je suis peut-être plus responsable que je ne le crois de l’échec de notre mariage.

Lorsque le courage me revient de reposer les yeux sur Ben je ne comprends pas trop ce qui se passe. Je ne me serais pas attendu à cette proposition de consulter, encore moins qu’il soit à la maison à mon retour. J’étais sur le point de m’acheter un nouveau portable avec un nouveau numéro au nom de Ben, juste pour avoir des preuves que je suis avec lui les soirs ou on me le demande. Sans doute que j’aurais dû être actrice dans la vie, parce que je joue tellement la comédie depuis tellement d'années que je ne sais plus où donner de la tête pour reprendre le dessus, ni même si je m’en sortirai sans y laisser toutes les plumes de mes ailes. J’ai pensé longtemps à m’en aller, je me cherchais même une porte de sortie depuis que Ben avait quitté la maison en furie l’autre soir. Il a tellement donné de sa personne que je ne sais même pas comment je fais pour lui demander d’encore être là pour moi, pourtant, la peur me paralyse. J’ai besoin de lui dans ma vie, il est ma bouée de sauvetage et il ne le sait même pas. À la base Benjamin était mon meilleur ami, il aurait sans doute dû le rester, j’aurais trouvé un moyen de passer ce cauchemar, ou pas, ne sait-on jamais. Et pourtant, nous sommes mariés depuis plus longtemps que je ne l’aurais espéré et ce même si notre mariage ne bat plus de l’aile puisqu’il est terminé depuis longtemps. J’ai besoin de m’occuper les mains, l’esprit, et je sais que le meilleur moyen c’est de cuisiner, alors diable les centaines de petits plats que j’ai pu préparer dans les dernières 48 heures, je dois bien avoir des ingrédients pour faire quelque chose d’autre.  Pourtant, pour une des premières fois de notre mariage, et certainement pas la première fois qu’il me surprend ce soir, mon mari m’arrête dans mon élan. Mon cerveau essaye de faire le point sur ce que Ben essaye de me dire. Il a encore la chambre d'hôtel pour ce soir, mais alors que je me dis que je devrais paniquer de me retrouver encore seule ce soir, mon cerveau continue l’analyse de ses paroles, en fait, il veut que j’y aille avec lui. Ailleurs qu’à la maison. Je suis bouche bée, je le regarde et retrouve un peu l’homme qui m’a manqué, celui que j’aime du plus profond de mon cœur, mon meilleur ami, pas l’amoureux ou le mari, mais mon meilleur ami tout simplement. Je dois sembler confuse puisqu’il ajoute que nous pourrions écouter quelques épisodes de notre série chouchou. 15 ans à nous rapprocher ce n’est pas rien, il faut lever le chapeau à cette série. Mon regard se tourne instinctivement vers la porte du garage, là où une réplique de Baby attend depuis trop longtemps qu’on aille la promener. Oui, sortir de la maison sera sans doute bien bénéfique, et surtout je serai loin de ses murs qui ne me rappelle que des souvenirs douloureux.

- Pourquoi pas...

Je m’entend le dire, bien plus que je ne le réalise, oui, j’ai vraiment besoin d’une soirée ou j'oublierai tout, incluant ma cuisine et ma famille. Et le genre de soirée que Ben me propose est parfait pour retrouver notre complicité que nous avions ne serait-ce que quelques heures. Nous pourrons bien parler de la thérapie dans les prochains jours. Mon cerveau sera sans doute un peu moins dans la brume d’ici là. Un vrai sourire naît sur mon visage, depuis quand mes lèvres n’ont pas fait se gestes par elles mêmes mais que je les ai forcée. Je ne pousse même pas de soupire, je regarde Ben et me détourne de lui pour me diriger directement vers les escaliers.

- Tu as raison, on en a besoin, donne-moi 5 minutes je me fais un sac.

Je sais que Ben n’en a pas besoin puisque ses choses doivent encore être dans cette chambre, donc pour une fois je me concentre sur moi, je prends mes effets de toilettes, un pyjama et du linge pour demain c’est tout. Je ne veux pas me casser la tête avec cela ce soir, nous verrons bien au matin.

En redescendant, je me dirige vers Ben, je sais que notre relation n’est pas réparée comme par magie, mais qu’il m'a parlé de la thérapie me montre qu’il a au moins un petit intérêt à nous aider à nous retrouver.

- Et si nous allions faire un tour avec l’Impala cette fin de semaine.. Enfin, si tu n'es pas occupé.

Ses dernières années avec son emplois, et sans doute ses maîtresses allez savoir il avait été bien occupé, je ne voulais même pas savoir, s' il avait besoin de me parler il savait depuis toujours que j’étais là pour lui. Du moins j’espérais qu’il s’en souvienne.

Il n’y a pas à dire Jude semble plus que surprise de ma proposition et le peu de conviction dans sa réponse me fait douter qu’elle a vraiment envie de me suivre. Est-ce que je lui tords un bras actuellement ? C’est bien la dernière chose dont j’ai envie surtout après tout le mal que j’ai pu lui faire. Un sourire se dessine sur son visage, sincère et enjoué. Cela fait tellement longtemps que je ne l’ai pas vu aussi enthousiaste pour tout dire si bien qu’elle m’arrache un sourire réciproque. Elle part chercher son sac et je m’installe sur le canapé pour attendre. Je soupir de soulagement, j’ai l’impression qu’un certain poids s’enlève tranquillement de mes épaules. Je sais très bien que maintenant Jude me laissera le temps de penser un peu. Jude revint alors dans le salon et je suis plutôt surpris de l’entendre suggérer d’aller faire un tour avec l’Impala en fin de semaine, mais je sais que je suis la principale source du problème. En effet, j’ai tellement l’habitude d’être occupé que je crois que Jude a peur de me déranger bien souvent et n’ose même plus me demander à force.

-En fait pour tout dire, j’ai décidé de prendre congé la semaine prochaine. Donc oui, on pourra faire une escapade avec l’Impala avec un peu de chance on tombera peut-être sur un motel aussi miteux que dans l’émission, dis-je avec un sourire.

Je me doute que Jude sera encore plus surprise de savoir que j’ai pris congé. Certes, je ne lui dirai pas que c’était parce que j’avais l’intention de rejoindre Lean à Las Vegas à la base. Elle va vraiment croire que je mets tous les efforts possibles pour sauver notre couple et c’est mieux comme ça. Je ne suis pas prêt à lui avouer que je connais toute la vérité sur son père et c’est la meilleure solution pour le moment. Une fois rendu à l’hôtel, nous commandons un repas directement à notre chambre ainsi qu’une bouteille de notre vin préféré. Après avoir mangé, je glisse un bras autour des épaules de Jude et je souris en la voyant se blottir contre moi. Je ne sais même pas c’est quand la dernière fois que nous avons été autant « physique » tous les deux. Pendant un instant, j’ai vraiment l’impression de basculer dans le temps quand nous écoutions simplement des films ensemble en étant adolescent et je réalise que d’une certaine façon même à cette époque j’étais beaucoup plus tactile avec elle. Elle avait bien dormi entre mes bras plus d’une nuit ce qui n’était pas forcément coutume après notre mariage. Alors que je l’attaque avec un oreiller après qu’elle m’ait lancer un popcorn par accident, une vraie guerre se déclenche entre nous et je ris de bon cœur avec elle. Ce soir, je retrouve cette si belle amitié qui s’est quelque peu dissipé avec les années et au fond de moi je sais que je suis le seul responsable de tout ça. Au fil des années, mon insatisfaction amoureuse a pris largement le dessus de cette volonté à vouloir cultiver ce que nous avions déjà à la base et je réalise que j’ai peut-être fait souffrir Jude plus que je ne le pensais parce que ça fait des années que je ne l’ai pas vu aussi resplendissante en souriant.


Les semaines suivantes, je vis un tourment d’émotions. Autant je suis content que Lean puisse m’aider dans le dossier de mon beau-père que c’est un calvaire de la revoir au quotidien comme ça et c’est sans doute la première fois que je réalise à quel point je suis vraiment amoureux d’elle. Savoir qu’elle va se marier me chamboule beaucoup plus que je ne l’aurais pensé, tellement que j’ai même de la difficulté à manger par moment. Je ne suis pas idiot ni sans cœur, je sais que Connor ait un bon choix pour elle. Même si je voudrais lui promettre de quitter Jude, c’est impossible pour moi tant que mon beau-père n’est pas derrière des barreaux. Donc au final, je continue de jouer le rôle du mari qui essaie de sauver son mariage présentement. D’une certaine façon, je suis de plus en plus honnête dans la démarche parce qu’au final c’est sans doute la vraie option plausible qui se présente à moi. Même si je doutais fortement que ça change quelque chose pour notre couple, je réalise finalement quand j’ai une séance seul avec la thérapeute que j’ai beaucoup plus d’implications dans notre problème conjugal que je ne le pensais. Jamais je n’ai pu penser qu’au fond Jude pouvait avoir l’impression que je la regardais et traitait comme une victime dans nos rapports intimes. Sans même le savoir je la rendais aussitôt mal à l’aise alors qu’au contraire je voulais au maximum la protéger et ne pas la brusquer. Autant que par moment je me demande si j’avais agis différemment sexuellement parlant si nous en serions là moi et Jude, autant que simplement voir la silhouette de Lean dans la porte de mon bureau me fait oublié toute volonté que les choses s’arrangent entre moi et Jude. Le nom d’Emily apparait sur l’écran de mon téléphone et je me dépêche de lire son message. Quelques messages plus tard, ma fille a vraiment mis à bout ma patience. La dernière chose que je veux c’est d’imposer Lean à Jude après tout le mal que je lui ai fait. Si ma femme a accepté de la recevoir à souper, il y a des limites à partir en voyage avec elle quand même. Mais l’incompréhension d’Emily sur la question est tout à fait légitime, par moment j’aimerais être honnête avec elle sur le sujet, mais je sais que toute vérité n’est pas bonne à dire. Sa relation avec sa mère est déjà assez compliqué comme ça, il ne manquerait plus que ça s’envenime entre nous en plus. Mes dents grincent quand elle dit finalement qu’elle va aller passer noël avec son grand-père. L’idée de la croisière était avant tout pour les éviter eux et je ne fais pas confiance à mon beau-père maintenant, la dernière chose que je voudrais c’est que ma fille soit victime d’inceste elle aussi. J’entre dans la voiture de mon chauffeur et je songe à tout ça durant mon parcours vers la maison. Est-ce que je devrais être honnête avec Jude et lui dire que je sais tout pour son père ? Non. J’ai trop peur qu’elle m’arrête dans mes démarches et j’ai envie que cet enfoiré paie pour de bon le mal qui a fait à ma femme. Jude vint à ma rencontre dans le salon et je l’embrasse délicatement avec un semblant de sourire. Je vois tout de suite son incompréhension, ces dernières semaines j’ai toujours eu un comportement exemplaire à mon arrivée prouvant que je faisais des efforts pour notre relation.

-J’ai eu un accrochage avec notre charmante Emily… dis-je finalement avec un long soupir.

Je sais que mes simples mots expliqueront à 99,9% mon attitude du moment, Emily a tendance a avoir facilement cet effet sur nous et Jude ait la mieux placer pour le savoir. Je me sers un verre de whisky avant d’en dire plus.

-Elle ne viendra pas en croisière avec nous parce que j’ai refusé que Lean vienne… Elle dit que c’est la seule amie qu’elle pouvait supporter plus d’une semaine et je te passe tout le reste… Mais bon autant que je voudrais lui faire plaisir qu’il n’est pas question que je t’impose tout ça à toi. Je t’ai déjà fait assez de mal comme ça…

Je prends une gorgée avant de dire bien naïvement des paroles que j’espère auront beaucoup d’impact sur sa décision finale.

-Elle dit qu’elle va passer les fêtes avec ses grands-parents, dis-je en haussant les épaules. Tant mieux pour elle, j’en ai marre de ces milliers de caprices, qu’elle en profite de ce petit souper au lieu de la chaleur de notre voyage.

Je crois que l’entendre me dire qu’il voulait réparer les choses dans notre mariage m’avait assez surpris pour que j’arrive à me dire que rien ne pourrait battre cette surprise. Toutefois, l’entendre me dire qu’il avait pris la décision de prendre congé la semaine prochaine me laissa sans voix. J’avais vaguement espéré retrouver au minimum mon ami pour que nous puissions aller nous promener en Impala, l’entendre m’offrir du temps m’avait complètement enlever la parole. Sans réfléchir je ne pu me retenir de rire au sujet du motel miteux, comme si le grand Benjamin Jones se contenterait d’aussi peu que ce que les Winchester pouvaient se permettre dans notre émission favorite.

Une fois rendu à notre hôtel je retrouve l’homme que je connaissais il y a si longtemps et que j’avais l’impression d’avoir perdu de vue. Cet homme qui est mon meilleur ami depuis toujours, mais ma famille à réussi à briser cette amitié. Bien entendu, il est toujours là près de moi, du moins, quand il est à la maison, mais nous ne sommes plus ce que nous étions avant, et c’est surtout cette partie que je retrouve aujourd’hui quand je le regarde commander notre nourriture favorite avec notre vin, comme si nous nous faisons si souvent des repas tout les deux en amoureux depuis notre mariage. C’est sans doute ce qui me pousse à me blottir dans ses bras lorsqu’il passe le bras autour de mes épaules, ça et le besoin d’être aimer sans devoir vivre un enfer pour tellement de journée, parce que malheureusement pour moi, je ne peu pas faire cela dans les bras de mon père, puisqu’ils n’ont jamais été réconfortant. Je chasse ses pensées rapidement afin de me concentrer sur ma soirée avec l’homme qui devrait être mon amoureux. Est-ce que nous pourrions vraiment faire fonctionner notre couple ? Je suis tellement dans mes pensées que le pop corn que j’allais mettre dans ma bouche tombe sur Ben qui répond par une bataille d’oreillers. Je me mets donc à lui relancer du pop corn pour me défendre tout en riant de bon cœur. Quand on retombe sur le divan, que je vois tout le pop corn par terre et que nous reprenons notre souffle je réalise qu’il a sans doute raison, nous ne sommes pas mort, notre relation pourrait sans doute être sauvée, jusqu’à quel point je ne sais pas, mais pour ce soir, je ne veux pas y réfléchir je veux juste profiter d’être heureuse avec lui.

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Depuis quelques semaines je ne sais plus quoi penser, nous avons vraiment commencé la thérapie, et notre relation s’est bien améliorée, ne serait-ce que notre amitié qui a repris le dessus. Je n’ai plus besoin de mentir à mes parents sur le fait de passer mes nuits avec Ben, puisque ces temps-ci il revient à la maison pas mal tous les soirs. Avec Luna, nous avons essayé de voir si cela vaudrait la peine que je sauve mon couple. Personne ne sait pour l’histoire de mon père et je commence même à me demander si je ne devrais pas en parler dans mes séances de psy en solo. Je sais que ça l'aidera à comprendre mon mal être général, toutefois, le dire à voix haute me fait encore beaucoup trop peur, surtout au nombre d'appels de mon géniteur que je reçois par semaine uniquement pour savoir si je serai seule le soir même. J’en viens même à me dire qu’il n’a rien d’autre à faire, cet homme ne me donne pas le goût de revoir mes parents, ce qui est sans doute dommage pour ma mère. Par contre, à l’idée que ma mère ou Ben apprennent la vérité, mon anxiété est tellement intense que j’en perd la voix, et que je dois aller prendre une douche gelée pour essayer de revenir à la normale avant que Benjamin ne soit de retour à la maison. Alors l’idée qu’Emily ne réalise qui est véritablement son père m’est simplement impensable. J’entend la porte de la maison s’ouvrir, je sais que c’est Benjamin, mon père aime beaucoup trop voir la terreur se dessine sur mes traits quand j’ouvre la porte, et les filles sont tellement peu souvent présente pour venir passer du temps avec leur mère que je ne me pose plus la question. Quelque part, c’est un peu triste mon entourage je trouve. Sans surprise, c’est mon mari devant moi, il me donne un léger baiser, à peine s’il a effleurer mes lèvres, je ne peu m’empêcher de me dire qu’il semble à nouveau distant et cela me fait encore un peu plus mal, finalement le perdre ne serait sans doute pas une bonne idée pour mon coeur. Je ne comprends pas ce qui s’est passé et je crois que ça n’aide pas mon stress, je ne suis pas prête à reprendre ma petite vie toute seule. Mais, c’est dans un long soupire qu’il finit par m’expliquer la raison de sa distance. Son accrochage avec Emily. Ce n’est tellement pas étonnant au fond, elle sait toujours exactement ou venir peser et avec quel mots uniquement pour qu’on réagisse, et elle est douée je dois l’avouer, j’aimerais juste que ce ne soit pas sur moi ou Ben qu’elle utilise cette technique.

Quand il m’explique pourquoi elle était fâchée cette fois-ci, je dois blêmir, j’ai tellement aimé cette petite Lean dans ma vie avant de savoir pour son histoire avec mon mari que j’ai encore du mal à prendre tout cela. Comment Ben a pu faire cela à son meilleur ami qui me dépasse encore aujourd’hui. Savoir qu’en plus c’est la seule personne qui ferait que ma fille viendrait avec nous dans une croisière tout frais payer n’aide en rien le vide qui s’est installé dans mon cœur. Je suis partagée à la fois par la tristesse que ma première petite fille que j’aime tellement ait une horrible opinion des moments passés avec ses parents, bien que je ne suis pas sotte non plus, je sais bien que Ben passe beaucoup mieux au yeux de ma fille et d’un autre côté je remercierais presque Benjamin du plus profond de moi pour essayer de me ménager moi. Comme je le disais je ne suis pas sotte, j’ai beau avoir invitée Lean à la maison avec son fiancé, les yeux de Ben n'avaient pas menti ce soir-là. J’étais pourtant sûr d’avoir pu me convaincre que tout irait bien, et que je m’étais imaginé les étoiles dans les yeux de mon mari quand elle ne faisait que rire.

S’en était assez, j’avais à présent un besoin viscéral de faire quelque chose de mes doigts, je tournai les talons en allant vers la cuisine dès qu’il eut dit les intentions de notre fille pour les fêtes. Parce que Benjamin serait toujours son père, il avait élevé cet enfant avec moi, et lui avait donné et lui donnerait pour toujours, enfin je l’espère, tout l’amour qu’il lui réservait. Son géniteur n’avait été qu’un accident et souvent je me disais que j’aurais aimé que Benjamin soit vraiment son géniteur. Cela aurait voulu dire que je n’aurais pas cette épée de damoclès au-dessus de la tête prête à exploser et dont j’avais tellement peur.

Sortant quelques ingrédients pour faire une recette de cupcake dont je savais que Ben adorait je commençais à mélanger les ingrédients de mémoire tout en ressassant les dernières paroles de Ben qui savait très bien que le stress m’avait envahie puisqu’il me connaissait tellement. De l'extérieur, notre mariage devait tellement sembler parfait, bien que pour l’instant je stress à cause de mon père et qu’il pense que c’est à cause de Lean. À moins que ce ne soit les deux… Bon allez, je me dois d’être une adulte et de faire le choix le plus sensé, mais je dois quand même trouver une excuse pourquoi je prend une telle décision bien entendu, sans expliquer la vraie raison à Benjamin.

- Je ne me vois pas passer des vacances familiales sans avoir Emily auprès de nous. J’ai pu survivre à un dîner et tout s’est bien passé, le bateau n’est pas tout petit, on peut sûrement profiter de nos vacances et réussir à ce que tout se passe bien.

Il était hors de question que mon père ait accès à Emily tout seul, je ne pensais pas qu’il allait lui arriver quelques chose, mais, je ne voulais pas que personne n’apprennent mon secret pendant que je n’étais pas là, ou que mon père apprennent je ne sais quoi sur les allés et venu de Benjamin, encore moins, quel soir il lui arrivait de travailler tard. Il ne me restait à présent qu’à trouver comment survivre à toute l’anxiété générée par la présence de Lean et Benjamin sur le même bateau. J’essaye d’afficher le sourire le plus heureux que mon visage me laisse le faire, je sens quand même les larmes toute prête à faire leur travail et descendre le long de mes joues, mais je suis bien déterminée à ne pas les laisser sortir. Je retourne rapidement mon attention sur les cupcakes et essaye donc de me changer les idées.

Peut-être qu’il y a certains maris qui auraient cru que leur idée venait de tomber à l’eau simplement par la réaction présentement de ma femme ? Toutefois, je la connais beaucoup trop bien pour savoir qu’elle a besoin de penser et pour ça, elle a besoin de s’occuper les mains pour mettre les idées en place dans son esprit. La dernière chose que je veux c’est d’entrer dans sa bulle et de lui mettre la pression. Je m’assis donc simplement dans le salon. La jambe entrecroisée sur l’autre, je termine de lire le journal de ce matin, mais à vrai dire si mes yeux parcourent les mots mon cerveau n’enregistre aucun d’entre eux. Je suis bien trop occupé à penser à toutes les conséquences que pourraient avoir la demande capricieuse d’Emily. Est-ce que Lean sera marié à ce moment-là ? Et autant que ça me ferait royalement chier de voir la gueule de Connor sur ce bateau de croisière si c’est le cas, je sais que c’est la meilleure solution possible. Autrement comment serais-je capable de résister à Lean alors que j’allais la voir se pavaner en robe soleil et en bikini ? Et pourtant je sais très bien que c’est la nouvelle réalité à laquelle je dois m’habituer. Tant que je serai avec Jude, je ne pourrai pas avoir Lean également. J’ai trop de respect pour ces deux femmes pour continuer de leur faire du mal. Mais j’avoue que la simple image de cette nouvelle réalité me tue à petit feu si bien que sans m’en rendre compte j’enfile d’un coup la boisson que j’ai dans la main. Suis-je vraiment amoureux d’elle ou c’est simplement que je suis habitué à avoir tout ce que je veux dans la vie ? J’essaie de me convaincre de la seconde option, mais je sais très bien la réponse au fond de moi. Après tout, je n'ai jamais pleurer parce que j’avais perdu un procès contre mon pire ennemi. Jude revint finalement vers moi et je dois avouer qu’elle revient beaucoup plus vite que je ne l’aurais présagé. J’ai instantanément un pincement au cœur, je réalise à quel point le sujet de son père est la corde la plus sensible parce qu’elle aurait au minimum attendu que sa recette soit terminée normalement pour revenir me parler. Comment n’ai-je pas pu voir tout cela pendant 22 ans ? Mon plan a marché à merveille, Jude me dit qu’il ne devrait pas y avoir de problèmes. Autant je suis content de savoir que mon petit plan à marcher et qu’Emily ne passera pas noël avec cet abuseur, j’ai mal de faire endurer encore d’autres épreuves à ma femme. Aussitôt qu’elle a finit de me dire ce qu’elle pense de la situation, je la vois retourner à sa recette et cette fois je décide de la suivre. Je sais qu’elle est ouverte à la discussion contrairement à tout à l’heure.

-Moi non plus je ne me vois pas passer noël sans elle, mais d’un autre côté j’ai tellement mis mon énergie sur les filles ces vingt dernières années que je sais que je t’ai oublié au passage. Je n’ai pas de doutes que tout va bien se passer comme tu dis. Le bateau il est grand et j’ai bien l’intention que tu sois ma priorité là-bas. J’aurais compris que tu ne veules pas et tu aurais eu le droit, je ne veux pas te faire souffrir plus que tout le mal que je t’ai déjà fait…

Je sens des larmes coulées sur mes joues et je suis le premier surpris pour tout dire. Toutefois, l’émotion est beaucoup trop forte en ce moment pour moi. Cela fait des jours déjà que je connais le secret de ma femme et je ne suis pas capable encore de me faire à l’idée que j’ai manquer ce bout important de sa vie. Où étais-je pour la protéger ? Jude semble plutôt surprise de l’émotion qui me traverse en ce moment et c’est tout à fait normal pour tout dire, je ne crois pas lui avoir montrer autant de vulnérabilité depuis que nous sommes mariés à moins que ce soit l’une de nos deux filles qui soit le sujet central.

-Je m’excuse sincèrement pour tout Jude, je n’ai pas été le mari que je t’ai promis d’être. Et pire, j'ai arrêté d'être l'ami que j'ai toujours été pour toi.

Autant de sincérité avec si peu de whisky dans mes veines est sans doute la chose la plus surprenante de notre discussion. Je l’enveloppe alors de mes bras pour la serrer contre moi et je l’embrasse sur la tête tout en essayant de contrôler ses larmes qui ne semblent pas vouloir s’arrêter ce soir.

Je me demandais encore dans quel pétrin je m’étais mise pour avoir droit à une croisière en famille avec l’amante de mon mari. Il me disait bien que c’était terminé, après tout elle avait Connor, toutefois une petite voix dans ma tête ne cessait de me répéter que notre mariage ne les avait pas empêcher de sauter le pas. Alors que je retournais à la cuisine pour m’occuper à nouveau l’esprit, ou tout simplement pour terminer la recette que j’avais commencé pour réfléchir, Ben me suivit. Alors que je termine de tout préparer les ingrédients et les mélanger, il me dit ce que je sais déjà, que dans la vingtaine d’années qui vient de s’écouler il m’a passé en dernier, après le boulot, après nos filles et dans les dernières années ses maîtresses. Je sais que, du moins pour la situation présente, il n’a pas cherché à me faire du mal, mais il ne sait pas que j’aimerais mieux souffrir et pleurer toutes les larmes de mon corps que de savoir ma fille seule avec cet homme. Je ne pensais pas qu’il allait la toucher, il ne m’en avait jamais menacé, mais avec un homme infecté comme lui on ne pouvait pas lui faire confiance. Quand je relève les yeux, c’est sur un Ben en larmes que je tombe, si je sais comment agir face à mon mari en colère ou simplement déçu que je sois moi, le voir pleurer est tout nouveau. En fait, je ne l’ai jamais vu pleurer, il était toujours fort, le plus fort de notre petite famille. Les cupcakes pouvaient bien attendre, je les laisse sur le plan de travail alors qu’il s’excuse d’avoir essayer de me sauver la vie, dans un sens, il l’a fait. Je vais vers lui, cette homme qui partage ma vie depuis tellement d’année et le prend dans mes bras, pour aujourd’hui je veux être sa femme, celle qui l’accompagne même dans les mauvais jour.

Une fois que je le tiens dans mes bras, je sens mes larmes couler. Comment lui expliquer sans me griller qu’il a tellement fait pour moi. Que je sais que je suis pas toujours facile, qu’un jour je lui en expliquerai sans doute les raisons. Pour l’instant, j’ai besoin de lui faire savoir que je suis là pour lui, alors je le garde dans mes bras et le serre contre moi, les larmes coulent en silence sur mes joues, on fait un beau petit couple là maintenant, sarcastiquement parlant.

- Tu n’as pas tout les tords, j’aurais sans doute dut être une meilleure femme. Je sais que c’est pas toujours rose entre nous, mais notre vie n’est pas terminée, on pourrait encore retrouver notre complicité.

Je ne sais pas trop où je m’en vais avec cette histoire, mais je sais que même si on finit par divorcer, je veux retrouver mon meilleur ami, et si nous restons mariés, je sais que je veux qu’il soit heureux, c’est mon premier intérêt dans tout cela.

- Tu sais quoi, j’ai assez fait de cupcake, on va aller au salon, juste comme ça toi et moi, il n’est pas trop tard pour prendre soin de nous.. tu ne penses pas ?

Jude est loin de m’aider à ne pas culpabilisé davantage alors que c’est elle qui cherche à me consoler alors que c’est moi qui lui a fait le plus de mal dernièrement. Alors qu’elle me dit qu’on peut encore retrouver notre complicité, je me demande réellement si elle est sincère. Certes, les choses vont beaucoup mieux entre nous, mais je doute qu’on soit en mesure d’avoir la complicité qui pourrait sauver réellement notre mariage. Néanmoins ses paroles m’apaisent malgré tout si bien que mes larmes ont cessé de couler sur mes joues. Pour un bref instant, j’ai l’impression de nous retrouver comme nous étions adolescents toujours là l’un pour l’autre à s’épauler. Elle me propose alors d’aller dans le salon pour qu’on prenne soin de nous et j’ai un petit sourire. Jude est littéralement une sainte. En ce moment, ce n’est pas une femme qui a peur que je parte de la maison à cause de son père. Non. Au contraire, je la sens sincère. Après tout ce que je lui ai fait, je n’arrive pas à croire qu’elle est capable encore de m’accorder son pardon.

-Et si je t’aidais plutôt à terminer les cupcakes ?

Je n’ai aucune idée de la dernière fois que j’ai réellement aider ma femme en cuisine si ce n’est que pour servir le vin à nos invités ou pour apporter des plats. Toutefois, je me dis que de sortir de notre quotidien est sans doute la bonne voie à suivre. Alors que je mets le mélange dans les moules. Je reçois une partie de ma cuillère sur les doigts et avec un regard taquin j’essuie mon doigt sur la joue de ma femme.

-Ça c’est pour la fois que tu m’as enfariné dans notre cours d’économie familiale, dis-je avec les yeux pétillants de malice.

Une petite guerre commence alors entre nous que je gagne facilement vu ma grandeur, nous terminons la recette en riant. Au fond Jude a peut-être raison, il n’est peut-être pas trop tard pour nous ?


La croisière se déroule beaucoup mieux que je ne l’aurais pensé. Jude avait raison, le bateau de croisière est si grand que je ne croise presque pas Lean. Et quand c’est le cas, Emily est toujours avec elle et monopolise 99% de son attention. Ma blessure face au mariage de Lean est loin d’être guérie, mais disons que j’apprends à vivre avec cette dernière et que ça devient de plus en plus facile de la côtoyer sans avoir cette envie pressante de coller mes lèvres contre les siennes. Pour la première fois de ma vie, je décroche réellement du travail. Je n’ai même pas emporté un dossier à bord du navire et mon temps est dédié majoritairement à Jude. S’il y a bien une chose que le mariage de Lean a changé dans ma vie c’est bien ma nouvelle sincérité dans ma démarche de thérapie de couple avec ma femme. Qu’est-ce que j’ai à perdre d’essayer ? J’ai déjà perdu Lean, le pire est déjà arrivé. La thérapeute nous a donné quelques exercices à essayer durant notre croisière. Le premier consistait à faire une lettre de remerciement à l’autre et de se la donner durant la première soirée à bord. En l’écrivant, j’ai réalisé à quel point ma femme avait fait énormément de choses pour moi dans les dernières années. Lean avait bien raison sur un point, Jude ne me méritait certainement pas dernièrement. Contre tout espoir, j’ai été charmé par les mots que ma femme a écrit dans cette lettre. Je crois que ça nous a permis d’avoir une nouvelle perception sur ces années pour nous faire comprendre qu’au final il y avait beaucoup plus de positif que de négatif. La thérapeute nous a également demander de faire une liste d’activités à faire tous les deux, nous avons fait une liste à faire ensemble et une autre que nous pourrions faire avec les filles. J’avoue que ça m’a fait tout drôle de dire non à Crystal quand elle voulait participer à l’une d’entre elle avec nous, mais au fond ça nous faisait du bien pour une fois de se prioriser en premier. Je n’étais peut-être pas prêt à dire que nous avions développé de la complicité amoureuse durant le voyage jusqu’à présent, mais nous avons certainement retrouvé cette amitié qui s’était éteinte à petit feu ces dernières années.

C’est la dernière soirée de 2022, pour l’occasion le bateau a organisé plusieurs festivités. Si mes filles ont décidé d’aller à la soirée qui ressemblaient plus à une espèce de discothèque, moi et Jude avons décidé plutôt d’aller à celle sous le thème d’un casino. Vêtu de mon plus beau tuxedo, ma femme me fait de l’ombre tant elle est ravissante dans sa robe et j’ai un sourire quand je vois plusieurs hommes la regarder au passage. Le champagne coule à flot, dès que notre coupe se vide les serveurs viennent la remplir aussitôt. Ma tête commence à tourner après toutes ses bulles et je sais que Jude aussi à cause de ses joues rouges. Toutefois, contrairement à l’habitude j’ai un alcool heureux en ce moment. J’en oublie Lean et même le père de Jude. Je perds mon dernier jeton au blackjack et mon orgueil en prend un coup. Bien sûr, j’aurais pu aller m’en racheter d’autres, mais je commence à en avoir assez de perdre en réalité.

-Heureusement que t’es là pour rattraper tout ce que j’ai perdu, dis-je à Jude avec un sourire.

Je l’embrasse sur la joue et je reste derrière elle pour observer la nouvelle partie qui débute. Et encore une fois elle remporte la manche haut la main, mais comment elle fait ? Les tables commencent de plus en plus à se vider et je suis surpris de voir qu’il y a autant de gens sur la piste de danse. Je ne suis peut-être pas le plus grand fan de danse au monde, mais je me dis que ça fera sans doute plaisir à Jude.

-Tu veux aller danser après ta prochaine manche ?

Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons donc sur la piste de danse. Ça parait que nous sommes dans la soirée plus « vieille » du bateau parce qu’il y a plein de chansons qui ont bercé même notre adolescence dans la liste d’écoute. La musique ralentit alors et quand j’entends la chanson « Endless love » commencé, je regrette presque de ne pas avoir moi-même penser à faire cette demande au DJ puisque c’est la chanson sur laquelle nous avons dansé à notre mariage.

-Tu te souviens de la chorégraphie que nous avons fait à l’époque ?

Et si nous essayons de la reproduire au tout début, nous nous rendons vite compte que c’est un beau fiasco et nous rions en cœur. Je décide plutôt de l’approcher contre moi et nous dansons à l’unissons. Pendant un instant, je me demande si Jude à changer de parfum parce que j’ai l’impression que ce dernier m’enivre plus que d’habitude. Nos regards se croisent et je lui souris en collant mon front contre le sien. Il n’y a aucun doute que l’alcool y est pour beaucoup dans ces rapprochements physiques, mais je laisse le flot aller comme la thérapeute nous a conseillé de faire. Puis, j’approche mes lèvres de Jude pour l’embrasser. Si normalement, nos baisés sont presque sans émotions, je lui offre sans doute pour la première fois depuis que nous sommes ensemble un vrai baisé plus passionné.

Ben m’offre de terminer les cupcakes avec moi, ce qui me surprend, lui qui ne s’approche jamais de notre cuisine habituellement. Avec son idée de replacer les choses entre nous toutefois je suis certaines de retrouver un peu mon meilleur ami que j’ai perdu à défaut d’avoir un mari. Ce qui se confirme dès que le contenu de sa cuillère termine sur ma joue au lieu du bol, je le regarde outré, bien que le sourire sur mes lèvres laisse voir qu’au fond je trouve cela marrant, comme avant. Ben ose prétexter que c’est pour la fois ou j’ai eu un accident qui a fait tomber un bol de farine sur mon ami. Je ris à ce souvenir, avant de prendre à mon tour les ingrédients pour couvrir mon mari. Vu la grandeur plus qu’injuste de Benjamin, je me retrouve à perdre rapidement notre petite guerre, bien qu' au fond, nous ayons partager un moment de pure bonheur ensemble, parce que oui, une bataille de bouffe ça fait toujours du bien au moral et à notre relation. Ça fait du bien de le retrouver comme cela.

****

Si j’ai fait une crise de panique en faisant nos valises sans le dire à Benjamin, la croisière se passe bien et je peux vraiment en profiter pour me reposer et prendre soin de moi, et de notre couple. J’ai bien vu au mariage que Ben aurait sans doute voulu que Lean dise non, je ne suis pas non plus née de la dernière pluie, je sais que leur histoire était quelque chose qui lui tenait à cœur. Je ne sais pas ce qui a fait le déclenchement sur le fait qu’il devait cesser tout cela au lieu de demander le divorce, mais, avec tous les changements dans ma vie ces temps-ci je ne peux pas dire que je ne suis pas heureuse que nous soyons toujours ensemble aujourd’hui. La thérapie de couple nous a permis de nous retrouver Ben et moi et bien que je ne puisse pas dire que je suis amoureuse de mon mari, je sais que je l’aime et qu’il m’avait manqué. Benjamin n’a pas emporté un seul dossier ce qui m’a bien surprise, et dans le bon sens du terme. Nous passons notre temps ensemble et nous retrouvons nos filles et les autres le temps de manger, et encore là, pas tout le temps. Ce qui fait du bien c’est de les savoir là pour profiter des vacances mais pouvoir aussi profiter du temps seul à seul avec mon mari. Je ne lui ai pas dit que j’ai rencontré Taylor, ni même l’attirance que j’ai éprouvé pour cet homme quand j’ai failli mettre le feu chez nous. Je me suis dit qu’il avait bien eu son jardin secret, avec la dernière en date qui est sur ce même bateau, j’avais donc droit moi aussi d’avoir eu une petite incartade avec un homme attirant. C’est sans doute mon temps avec Taylor qui m’avait fait prendre conscience que j’avais sans doute jamais vraiment donner sa chance à Ben de me courtiser, restant toujours dans la peur que j’ai mal, comme un peu avec mon géniteur, toutefois cette peur avait simplement disparu avec le pompier, parce qu’il ne savait pas toute mon histoire, et je n’avais pas non plus la pression de faire un bébé comme quand nous couchions ensemble pour avoir Crystal, puis, nous nous étions éloignés et nous ne nous retrouvions plus au lit tous les deux, du moins nu. Quand mon père est revenu dans le décor, j’avais paniqué et moi qui était sûr de pouvoir passer par-dessus toute cette histoire, mon enfer avait tout simplement recommencé.

Sans dire de nom, j’ai commencé à parler de mon passé avec la thérapeute dans les sessions solo que j’ai avec elle. Je remercie Ben d’avoir prit une femme, je crois que c’est plus simple pour moi. Je ne lui ai pas dit la vérité sur Taylor toutefois, j’ai simplement dit qu’il avait éveillé en moi un besoin que je pensais ne jamais ressentir. Pour  notre croisière elle nous a donné des petits exercices à suivre et en privé elle m’a aussi recommandé de me laisser aller avec les envies que je pourrais ressentir. Je me suis demandé rapidement si je serais capable de partager ce genre de moment avec Ben. Je n’avais pas encore pu me répondre avant que nous ne montions sur le bateau.

La dernière année de 2022 se tient à nos portes, si les jeunes ont opté pour un party bien plus relever, la soirée casino à laquelle nous participons Ben et moi est parfaite. J’ai opté pour une robe que je n’aurais sans doute jamais osé avant, mais qui ne tente rien n’a rien et pour une fois je veux me faire plaisir. Ben porte un smoking et je ne peu pas réfuter le fait qu’il est beau ce soir. Le champagne coule à flots et j’ai l’impression que mon verre ne se vide jamais, peu importe le nombre de fois où je le porte à mes lèvres. Je suis en train de gagner des sommes auxquelles je ne pensais jamais voir la couleur, alors que Benjamin n’a pas la chance de son côté. Je sens l’alcool courir dans mes veines, une chance que nous dormions sur ce bateau, je n’aurais pas su comment nous serions revenu à la maison. Le fait que ça enlève mon stress, fait que je bois sans doute plus que je ne l’aurais fait à tout autre fête de fin d’année. Alors que je vais pour commencer ma nouvelle manche, Ben m’offre d’aller danser après celle-ci et lui dit oui sans une once d’hésitation, je veux pouvoir aller danser comme tous les autres couples que je vois sur la piste à l’instant. Après avoir gagné une nouvelle fois, j’empoche mes gains et me tourne vers mon mari tout sourire.

- Au moins nous n’aurons pas tout perdu ce soir.

Je sais que cela n'aurait sans doute pas changé grand-chose dans nos finances, mais savoir qu’on perd de l’argent pour aucune raison quelque part me rend mal à l’aise. Toutefois, ce soir c’est comme si toute cette histoire n’était pas importante, j’ai juste besoin de me retrouver sur le dance floor avec mon mari. Au diable les parties perdues, ou la chance qui semblait me suivre, les verres de champagnes sont à nouveau pleins même si j’étais pourtant certaines que je venais de le vider d’un trait. Faut croire que les serveurs savent ce qu’ils font.

Les musiques qui passent me rappellent mon adolescence, notre adolescence, quand nous nous sommes rencontrés, quand nous sortions aller danser. Quand nous avions la vie devant nous et nos rêves pleins la tête. Une chanson se termine pour laisser place à ‘’Endless Love’’. Notre chanson. Notre première danse. La journée ou Ben devait m’avoir sauvé de mon histoire d’horreur. Je souris nostalgiquement alors que mon mari me demande si je me souviens de la chorégraphie. J’avais eu du mal lors de notre mariage, alors 22 ans plus tard… Pourtant je me lance avec lui, comme si nous étions seuls, que personne ne nous regardait, nous essayons de refaire notre première danse. Sauf que si lors de notre mariage nous avions ébloui la galerie, aujourd’hui c’est dans un éclats de rire que nous abandonnons l’idée d’essayer de terminer. Mon mari me prend alors dans ses bras et c’est collé l’un à l’autre que nous continuons à danser sur notre chansons. Nous tournons en nous regardant dans les yeux, j’admire l’homme qu’il est devenu et je ne crois pas lui avoir déjà dit, toutefois, je ne veux pas briser l’instant, me faire regarder ainsi me fait du bien au fond de moi et lorsqu’il pose son front contre le miens, mon coeur s’accélère. Pourquoi ? Je ne sais pas. La thérapeute nous a dit de se laisser porter par les émotions, et je crois pouvoir dire que nous réussirons mieux que prévu. Quand ses lèvres sont en contact avec les miennes, ce n'est pas un léger baiser comme il avait l’habitude quand nous étions jeunes mariés qu’il me donne, mais un baiser passionné comme je n’ai jamais eu droit de sa part. L’alcool aidant sans doute, je passe mes mains autour de son cou et le rapproche de moi, ne voulant pas laisser partir ses lèvres. Je réalise que j’ai besoin de cela ce soir, de la passion et ce baiser me donne le goût de plus, pour la première fois dans mon mariage avec Benjamin, j’ai besoin de me retrouver avec lui quelque part de plus privé. Je détache mes lèvres des siennes à contre cœur, et déjà cette partie me surprend plus que prévu.

- J’ai besoin de toi tout de suite Ben.

J’imagine qu’il doit être surpris, mais je n’ai pas le goût d’attendre ce soir, nous devons retourner à notre chambre, il y a trop longtemps que nous n’avons pas essayé de faire l’amour et ce soir j’en ai besoin. Son baiser à réveiller un envie de me retrouver dans ses bras plus pressante que je ne m’y attendais. Réussissant à sortir de la salle, j’ai l’impression que ce navire est beaucoup trop grand finalement, notre chambre beaucoup trop loin. Je remarque une porte fermée à clé au fond d’un couloir que personne n’emprunte le soir, et j’y tourne rapidement, j’ai besoin de retrouver ses lèvres. Je me doute que si je n’avais pas vu que les plaisirs de la chair pouvaient vraiment faire du bien avec Taylor nous n’en serions pas là ce soir, du moins qui sait, mais pour l’instant l’important pour moi c’est de retrouver ses lèvres et son regard. Voir mon mari me regarder ainsi fait son effet sur moi bien plus que je ne le pensais. Arrêtant un peu plus loin, je me retourne pour repasser mes bras autour de son cou et retrouver un baiser passionné comme plus tôt.

- Désolée, la chambre était trop loin, j’avais besoin de t’embrasser tout de suite.

Aussitôt que ma phrase est terminée je retrouve ses lèvres, mais cette fois, voir qu’il me remet mon baiser aussi passionnément, je glisse une main sous sa chemise, finalement il y a beaucoup trop de couches de vêtement dans un smoking pour ma patience. Cette passion nouvelle est bien sûr due à la nouvelle découverte des vrai plaisirs de la chair, l’alcool, mais aussi parce que bien que je n’avais jamais été amoureuse de Benjamin, quand je l’avais rencontré je ne pouvais nier que cet homme était beau. J’avais la chance de l’avoir comme mari, et ce soir du moins, il semblait bien heureux de m’avoir près de lui, c’est tout ce dont j’avais besoin. À cet instant, l’alcool me permet simplement de laisser cours à mes envies, et ce soir, mon envie la plus pressante, c’est Benjamin Jones!

Pour une fois je ne pense à rien d’autres que l’envie que j’ai d’embrasser Jude à cet instant précis. Je sais très bien que l’alcool qui coule à flot dans mes veines ait sans doute le maitre de mes pensées actuelles et c’est sans doute mieux comme ça. Dans cet instant, je ne vois plus Jude comme une victime d’un abus sexuel, je la vois seulement comme la vraie femme séduisante qu’elle est. Ses bras entourent rapidement mon cou et je sens mon corps frémir à ce simple contact alors que je prolonge le baiser le plus long de l’histoire de notre mariage. Elle détache finalement ses lèvres des miennes et j’ai soudain peur d’avoir été trop brusque. Toutefois, Jude n’est pas là pour m’arrêter bien au contraire, elle me dit plutôt qu’elle a besoin de moi tout de suite ce qui a pour simple effet de monter instantanément l’envie qui grandit tranquillement en moi. Je suis bien content qu’elle décide de quitter la pièce parce qu’il m’aurait été très difficile de masquer les effets qu’ont eu ce désir soudain de Jude sur ma personne. Je suis Jude avec un sourire aux lèvres, j’ai l’impression qu’on est deux adolescents qui vivons l’excitation de leur première relation sexuelle. Il n’y a pas à dire, au fond nous ne sommes pas si loin de ça, du moins entre nous deux. J’arque les sourcils quand je vois Jude emprunter le mauvais couloir, elle ouvre finalement la salle des déjeuners et referme la porte derrière nous. Quand elle se jette finalement à mon cou je ne me pose plus aucune question et je me jette à ses lèvres. Quand elle s’excuse en me disant que la chambre était trop loin, j’avoue être abasourdi. Est-ce que cette blonde est réellement ma femme ? J’ai l’impression de connaître une toute nouvelle Jude ce soir. Et elle ne cesse de me surprendre alors qu’elle glisse une main sous ma chemise et je frisonne instantanément. Continuant de l’embrasser, je laisse rapidement glisser mon veston par terre parce que j’ai excessivement chaud depuis notre départ de la piste de danse. Mes mains se baladent à mon tour sur le corps de Jude et j’avance progressivement jusqu’à ce que son dos soit bien plaqué contre le mur. Je soulève alors son corps pour que nos lèvres soient à la même hauteur et l’échange n’en est que plus langoureux. Je l’embrasse alors dans le cou et je descends mes baisés jusqu’à la partie de sa poitrine exposée dans sa sublime robe. Mes mains se glissent sous sa robe et j’hésite pendant quelques secondes avant de lui retirer son sous-vêtement. Qui viendra réellement dans cette salle qui est de toute évidence bien fermée à l’heure actuelle normalement et qui est en plus presque entièrement dans le noir ? J’ai bien trop peur que si nous retournons à notre cabine que nous perdons ce courage qui nous habite. À travers des milliers de caresses et de baiser, nous nous dirigeons finalement vers une table qui est définitivement l’option la plus confortable de la pièce. Rapidement, nos deux corps ne font qu’un et la sensation est totalement à l’opposé de ce à quoi nous sommes habitués. Je vois le désir dans ses yeux et les miens reflètent la même passion. La première chose qui me vient à l’esprit quand nous terminons finalement notre échange c’est le fait que nous avons réellement pu passer à côté de tout ça pendant 21 ans de mariage.

-Désolé, je trouvais aussi que la chambre était trop loin, dis-je avec un sourire moqueur.

Je crois que nos visages n’ont jamais été aussi lumineux alors que nous sommes ensembles et je crois voir dans ses yeux qu’elle a le même désir que moi : que tout ça ne se termine pas. Je réenfile les quelques morceaux de vêtements que j’ai perdu en route. Puis, je lui prends la main et nous nous enfuyons de la salle en riant. Je n’arrive pas à croire que tout cela vient de se passer avec ma femme. D’un pas précipité, nous retournons vers notre chambre qui est beaucoup trop loin pour l’envie qui nous habite. Notre cabine fait parti des plus luxueuses du bateau de croisière, si bien que nous avons même eu la visite du capitaine à notre arrivée. Il n’y a pas à dire, ce penthouse est si luxueux que la chambre universitaire d’Emily doit bien rentré 10 fois à l’intérieur de celle-ci. Lorsque nous ouvrons la porte, je remarque qu’un membre de l’équipage comme à tous les soirs est venu mettre de la musique d’ambiance. Je remarque aussi qu’il y a une bouteille de champagne près de notre lit. J’imagine que c’est une petite attention à cause que c’est le nouvel an ce soir. Je m’assure que notre porte soit bien fermé à clé, puis je viens envelopper Jude de mes bras. Je l’embrasse délicatement sur la joue et puis dans le cou. Je descend finalement tranquillement la fermeture éclair de sa robe.

-Et si on profitait du bain ce soir ?

C’est ce genre d’installation que nous avons bien trop souvent eu dans des chambres luxueuses du genre que nous avons loué au fil du temps et que nous n’avons jamais utilisé à part individuellement. Normalement, je n’aurais jamais osé faire une proposition du genre à ma femme, mais je la sens différente ce soir et je me dis qu’il est grand temps que j’apprenne à lui dire réellement mes envies. Qui sait si je l’avais fait bien avant peut-être que nous aurions été bien plus heureux ?

Je ne m’attendais certainement pas à terminer dans une soirée passionnelle quand Benjamin nous avait proposé de faire cette croisière, pourtant nous voilà contre un mur dans la salle où tout le monde prend son petit déjeuner le matin, nous compris. J’ai la pensée fugace de me dire que si j’avais laissée certaines pensées en dehors de la chambre à coucher, que je l’avais laissée me faire l’amour comme un mari le fait à sa femme, alors peut-être que j’aurais pu faire réussir se mariage. Cette pensée est fugace parce que rapidement mon corps fait taire mon cerveau parce qu’il a besoin que cet homme le soulage de ce besoin. Ben me couche sur la table, à peine l’ai-je touché que déjà nous ne formons plus qu’un et que je peux enfin soupirer de cette attente qui m’a paru interminable, une chance que nous n'avons pas essayé de nous rendre à notre chambre. Mon mari me confirme le fait que j’avais énoncé plus tôt quand notre passion redescend un peu. Je ne peux que me mettre à rire, puis nous ramassons nos vêtements qui traînent sur le sol. Définitivement je ne verrai pas cette pièce pareil lors de notre repas demain matin. Quand je le retrouve vers la porte, bizarrement je ne peux que l’embrasser à nouveau. Je ne veux pas que la soirée se termine, depuis 21 ans je ne pense pas avoir été aussi heureuse en couple que ce soir. Benjamin me prend ensuite par la main et tel deux adolescents qui ont peur de se faire prendre nous retournons à notre chambre.

Quand Ben réussit à ouvrir la porte de notre suite, je me dit que je n’aurais jamais pu attendre aussi longtemps pour que nos corps se trouvent. Peu de temps à passer et il me semble que je trouvais déjà l’étreinte de mon mari. Toutefois je réalise aussi comment nous sommes passés à côté de quelques chose tout les deux finalement, parce que si je suis heureuse ce soir, je me rend compte aussi que sexuellement parlant, je ne connais pas l’homme qui est en train de me montrer la bouteille de champagne qui nous a été fournis par le personnel du bateau. Et si finalement, je voulais apprendre à le connaître sous toutes les coutures ? Je me demande bien ce que dirait notre thérapeute de cette réflexion. La chambre à beau être magnifique et les lits invitant, dès lors que Benjamin m’offre de partager un bain tous les deux, je ne peux que lui sourire en retournant vers lui.

- Elle est si belle, on ne peut décemment pas, ne pas en profiter.

J’ai bien pris un bain durant notre croisière, ou même durant tout nos autres voyages, mais cette fois c’est différent je vais le partager avec mon mari, la première fois depuis 21 ans. Sans réfléchir, profitant des derniers effets de l’alcool sur mon courage je laisse tomber ma robe à mes pieds, révélant que je n’avais pas remis le sous-vêtement qu’il m’avait enlevé plus tôt, mais simplement remis dans mon sac à main, s'avançant vers mon mari je commence à donner le même sort à ses vêtements, peu importe qu’ils seront froisser demain, nous avons certainement assez d’argent pour les faire nettoyer, ou même s’en acheter des nouveaux. Dans nos tenus d’Eve et d’Adam, l’un en face de l’autre, pour la première fois depuis la conception de Crystal je ne peux m’empêcher de retrouver ses lèvres. Ce soir tout est différent, nous sommes tous les deux sur la même longueur d'onde. Je lui prend la main pour le guider vers notre salle de bain et faire couler l’eau. Allant rapidement vers nos chambres, je récupère notre nouvelle bouteille de champagne et la rapporte vers mon mari.

L’eau du bain est à une température parfaite pour se relaxer et pourtant, j’ai l’impression de ressentir l’eau sur chaque terminaison nerveuse de ma peau. Ben s’assoit près de moi et je me cale contre lui. Je lui fais face, caressant son torse. De toute ma vie, je ne pense pas avoir pris d’initiative face à lui, me cachant derrière ma peur, celle là même que j’ai laissé je ne sais où ce soir mais qui fait tellement du bien de ne pas avoir la pression sur les épaules. Je me sens libre de faire mes choix, de suivre mes envies. Si le baiser de tout à l’heure était mon initiative, la salle de déjeuner je l’ai laissée me guider, mais là tout de suite, à voir qu’il semble sur la même longueur d’onde d’envie que moi, je décide de prendre les devants. Le couvrant de baisers et de caresses, c’est moi cette fois qui fait que nous ne faisons plus qu’un. Je sais que j’en ai encore besoin, de lui, de notre plaisir et comme Ben semble sur la même longueur d’onde que moi, je me laisse portée par son regard qui semble me dévorer et qui me donne confiance en moi pour mener le bal cette fois ci. Sur lui, je sens une nouvelle confiance en moi que je ne savais pas que je pouvais avoir, un sentiment puissant qui me donne l’énergie de prendre soin de notre couple comme jamais auparavant.

Si normalement j’aurais été surpris que ma femme accepte de prendre un bain avec moi, l’énergie est si différente ce soir entre nous que le contraire m’aurait étonné. J’ai un sourire alors qu’elle me dit qu’il serait dommage de ne pas profiter des installations et c’est bien vrai. Normalement les gens qui louent ce genre de suite c’est sans aucun doute pour en profiter entre amoureux alors que moi normalement je le fais uniquement par fierté et parce que j’ai l’argent. Je n’ai même pas le temps de lui enlever sa robe qu’elle la laisse tomber sur le sol et je remarque alors qu’elle n’a jamais remis son sous-vêtement ce qui ne fait qu’accentuer mon désir. Il n’y a plus aucun doute que Madame Jones voulait une deuxième prise ce soir également. Elle se retourne vers moi et je vois à la commissure de ses lèvres qu’elle est heureuse de voir tout l’effet qu’elle me fait ce soir. Elle m’enlève mes vêtements alors que de mon côté je la libère de son soutien-gorge. Nos lèvres se soudent encore une nouvelle fois et quand le baisé se termine je vais partir l’eau pour notre bain. Puis, je vais soigneusement déposé ma montre sur ma table de chevet comme à mon habitude. Apparemment je suis capable d’être encore toujours méthodique même si j’ai plein plus que quelques coupes de champagne de trop dans mon organisme. Jude me tend la bouteille et par précaution je l’ouvre au-dessus de l’évier de la salle de bain. J’ai bien fait parce que le liquide glisse sur mes mains rapidement. Je les lave dans l’évier puis je remplis nos coupes. Je viens les déposer finalement sur le bord de la fenêtre qui est adjacente à notre baignoire. À la minute que je rejoins Jude dans le bain, je sens son corps se caler contre le mien et je frémis. Elle me couvre alors de baiser et ses mains se promènent sur moi. J’ai à peine le temps de lui rendre la pareille que déjà nous ne faisons qu’un de nouveau. Mes yeux s’ouvrent à la fois de surprise et d’excitation alors que mon corps redécouvre le sien pour une seconde fois ce soir. Je n’ai qu’une envie actuellement et c’est qu’elle atteigne ce niveau de satisfaction auquel j’ai goûté il y a à peine une heure. J’embrasse son corps alors qu’elle continue de se déhancher sur moi et quand je sens finalement ses jambes se mettent à trembler sur moi, je me laisse aller alors à mon tour. Mon souffle est court et je la regarde avec un sourire. Il n’y a certainement pas une meilleure façon de terminer l’année entre nous. Je la serre dans mes bras. J’ai du mal à croire que tout ça est vrai encore. Je prends une gorgée de ma coupe pour m’aider avec mon souffle. Nous quittons finalement le bain et dès que je pose un pied sur le sol, je sens une flaque d’eau qui est le fruit de toute cette animosité dans la baignoire.

-Un peu plus et on faisait couler le bateau, dis-je avec un sourire moqueur.

Je l’embrasse avant de me sécher et d’enfiler un peignoir. Quand je vois sur le cadran de la chambre qu’il est déjà 1h du matin, je reste assez surpris.

-Hum, je crois qu’on a totalement manqué le décompte et les feux d’artifices… Mais je crois que j’ai préféré notre improvisation à la dernière minute.

Tout comme moi, je vois que le sommeil commence à l’emporter elle aussi. Une partie de moi à envie que cette soirée ne finisse jamais, mais je décide tout de même d’aller brosser mes dents. Quand je vois que Jude se glisse finalement sous les draps toujours dans sa tenue d’Ève, je décide de ne pas enfiler mon pyjama comme à l’habitude et je vais simplement la rejoindre. C’est quand même fou de se dire qu’après 21 ans de mariage, c’est la première fois que nous dormons ensemble nus. Je la serre contre moi et je m’endors rapidement contre son corps bien chaud. Le lendemain quand je me réveille, j’ai mal à la tête. C’est en bougeant et en sentant le sein nu de Jude sous ma main que je me rappelle rapidement tout ce qui s’est passé hier entre nous. Et je me demande si c’est quelque chose qui était passager à cause de l’alcool ou bien ce sera peut-être une partie de notre quotidien désormais. J’ai encore du mal à croire que tout cela s’est passé. Jude se réveille finalement et quand je vois son sourire en me regardant, je réalise que je ne l’ai jamais vu aussi épanouie de toute sa vie. Et à ce moment bien précis je me doute que ce n’est pas une soirée seulement passagère.

-Bonne année 2023, dis-je en l’embrassant.  

Le feu qui nous consume dans le bain pourrait me surprendre, mais la passion qui nous a dévorés un peu plus tôt m’a déjà prise par surprise. Une surprise fort plaisante, je dois l’avouer. Avant notre départ, jamais je n’aurais parié que je partagerais un bain avec mon mari, alors nous adonner aux plaisirs de la chair, deux fois déjà, je ne m’y attendais pas. Sauf que dans ce bain, alors que les mains de Ben sont posées sur moi, que notre plaisir à tous les deux monte, c’est comme une évidence. Dire que nous aurions pu profiter de ces moments ensemble depuis toutes ses années. Ses pensées sont toutefois rapidement effacées alors que je bascule dans un plaisir qui m’était, jusqu’à il y a peu, inconnu. Le champagne que Ben à ouvert un peu plus tôt avait fait son travail, nous permettre de profiter de notre soirée en couple, j’en prend une nouvelle gorgée, questions de m'hydrater un peu.

Une fois la pression redescendue, nous sortons du bain pour nous apercevoir du déluge que notre passion à causer, c’est à se demander s' il restait vraiment de l’eau dans le bain. Alors que Ben fait une de ses blagues qui m’avaient tant manqué chez lui, à propos de couler le bateau, je me mets à rire, cet homme m’avait manqué, alors qu’il se trouvait tout près de moi toute ses années. Tout près, et si loin à la fois. Je suis en train de me sécher quand mon mari remarque que nous avons manqué le décompte, et bizarrement, la nouvelle ne me dérange pas vraiment au final. J’avais bien mieux à faire.

- C’est drôle, j’ai pas l’impression d’avoir manqué les feux d’artifice, du moins pas ceux entre nous.

Parce que c’est vraiment l’impression que j’avais eu au final, que nos rapports avaient été explosifs, et qu’il nous avaient permis de faire notre propre feux d’artifice personnel. Contente toutefois de voir que Ben aussi avait préféré notre improvisation à toutes les festivités auxquelles nous devions de base assistée. Je l’embrasse encore une fois, alors que le sommeil commence à me gagner. Je vais me mettre sous les couvertures, sans même prendre la peine d’enfiler quoi que ce soit, ce soir, je me sens à l’aise, assez pour dormir nu, alors que nous ne l’avons jamais fait avec Benjamin. Ce dernier se glisse près de moi, et entouré de ses bras protecteur je sombre dans les bras de morphée, tout comme lui j’en suis certaine.

C’est la main de Ben qui bouge sur ma peau nu qui me sort de mon sommeil, je souris doucement alors que je me réveille et que les souvenirs de la veille me reviennent en mémoire en même temps que je sens ma peau devenir rosée. J’ai vraiment fait l’amour à mon mari hier soir ? Deux fois en plus ? Quand mon regard croise le sien, les 21 ans de mariage me paraissent tellement perdus, j’ai l’impression que  nous sommes de nouveau marié qui s’éveille après une première nuit. Au final, c’est sans doute ce que nous sommes, je ne sais pas trop.

- Bonne année à toi aussi cher mari !

Je me penche pour l’embrasser, je suis un peu plus calme qu' hier soir, un peu moins entreprenante, même si je ressens le même besoin que la veille d’être avec lui comme jamais nous ne l’avons été avant, simplement les effets de l’alcool se sont dissipé pour tout les deux et je ne veux pas mal interpréter la situation. Après tout, mon anxiété est tout de même revenue avec mes esprits durant la nuit. Au fond de mon thorax toutefois c’est une nouvelle chaleur qui y règne, une chaleur que je n’ai sans doute jamais vraiment ressenti, parce que les battements de mon cœur semblent battre à l’unisson avec les papillons qui volent dans mon ventre. Le sourire qu’affiche mon mari face à nous me donne toutefois le courage de le regarder à la lueur du jour, nous sommes en 2023, cette année nous serons mariés depuis 22 ans et j'apprends seulement ce que pourrait être le bonheur entre nous. Son corps est splendide, je le savais adolescente qu’il était beau, mais aujourd’hui, malgré les années qui ont passé, je peux dire qu’il a vieilli un peu comme un vin, il s’est embelli avec le temps. Cet homme est beau. Autant à l'extérieur qu’à l’intérieur, malgré tout ce qu’il a pu me faire vivre ces dernières années. Comme si c’était une habitude aux réveil entre nous, je me tourne vers lui et pose mes mains sur lui, je l’attire à moi et l’embrasse un peu plus passionnément que quelques minutes plus tôt.

- Ce serait trop demander que d’avoir envie de revivre cette nuit-là, maintenant?

Je sais que mon anxiété parle aussi, parce qu’hier je ne demandais pas avec des mots, mais avec des baisers et des caresses, aujourd’hui, je ne veux pas aller trop loin sans qu’il ne le veuille aussi, mais je veux lui faire comprendre que j’ai encore envie de lui, même au réveil alors que nous avons toute notre tête. Es-ce qu’il voudra aussi de moi ? Es-ce que ce n’était qu’à cause de tout ce champagne que nous avons bu ou je n’ai pas rêvé de notre nouvelle alchimie de la nuit dernière ? J’avais besoin de savoir, même si j’étais tellement terrorisé à l’idée de me faire repousser au final.

Mes yeux brillent sous les paroles de Jude et je lui souris. J’ai l’impression que 2023 commence sur une toute nouvelle version de notre couple. Une version où je vois réellement une possibilité de continuer à deux et où j’ai envie réellement pour une fois de voir où ça va nous mener. Je l’enveloppe de mes bras et mes mains partent à la découverte de son corps.

-C’est peut-être un peu ambitieux… Je crois qu’il doit y avoir des gens dans la salle à déjeuner désormais.

Mon sourire est malicieux alors que je me rappelle que nous avons réellement fait ça moi et Jude hier soir. Qui l’aurait cru ? Mes mains continuent de se promener sur son corps alors que je viens délicatement l’embrasser dans le cou. Nos deux corps s’entremêlent rapidement sous le désir qui les consume déjà. Il n’y a sans doute plus une once d’alcool dans notre sang et pourtant tout semble si naturel entre nous. J’ai vraiment l’impression que nous avons réussi à briser ce mur qu’il y avait entre nous durant ce voyage et qu’il ne sera désormais plus présent. Jamais, je n’aurais cru qu’il était pourtant si facile à briser.


De retour sur la terre ferme, l’énergie de la croisière est loin d’être rester en mer. Autant moi que Jude font des efforts au quotidien pour que cette magie là ne se dissipe pas au retour dans le quotidien. Les petites attentions se multiplient à travers les journées et je crois que nous n’avons jamais été aussi proches pour tout dire. Toutefois, je suis toujours incapable de lui dire que je l’aime comme je suis capable de le faire si facilement avec Lean. Est-ce normal ? Est-ce que cette étincelle est capable de se développer entre nous ? J’ai envie d’y croire et c’est sans doute pour ça que je me donne autant dans notre relation. Et malgré que Lean soit mariée, il m’arrive encore beaucoup trop souvent de penser à elle. J’ai bien remarqué qu’elle est jalouse de Jude ce qui me prouve que tout comme moi elle n’est pas satisfaite à 100% avec le fait d’être marié à Connor. Mais c’est elle qui a décidé ce propre sort, je ne peux plus rien faire à ce niveau et je repose donc tous mes espoirs sur ma femme ce que j’aurais dû faire depuis bien longtemps déjà. Si les jours s’enchainent dans ce quotidien bien surprenant, mais somme toute agréable, un nouveau vent vient de tourner alors que je sors de chez Lean. Si je croyais qu’elle voulait me voir pour un souci professionnel, j’avais bien tort en réalité. La nouvelle qu’elle vient de m’annoncer me bouleverse bien plus que je ne l’aurais pensé. J’ai beau avoir essayé d’être fort tout le long parce que la situation est bien plus pire pour elle, mais maintenant que je suis seul dès que j’embarque dans la voiture d’Alfred j’éclate en sanglots sur la banquette arrière. Mon chauffeur ne pose aucune question, il se contente de rouler dans la ville. Et le pire dans tout ça, c’est que je ne suis même pas certain de savoir pourquoi j’ai si mal au fond de moi. Est-ce parce que Lean ne me sera plus jamais accessible si elle est enceinte de Connor ou bien parce que je redoute à ce point ma discussion avec Jude ? Plus que jamais, je sais que je la blesserais. Je reste sans doute une heure derrière sans parler, perdu dans mes pensées à essayer de contrôler mes émotions. Puis, une fois que j’ai l’impression d’avoir pris le contrôle. Je demande alors à Alfred de me reconduire à la maison, même si je passe la nuit à l’hôtel pour songer à tout ça, je n’aurai pas plus une solution parfaite demain. J’ai beau avoir pensé, il n’y a aucune façon à ce que je ne fasse pas souffrir Jude. Je n’ai pas le choix de crever l’abcès. Il n’est pas question que je lui mente encore, j’ai bien fait trop de dommages déjà. J’entre finalement dans la maison, mon cœur bat à toute vitesse parce que je suis anxieux à l’idée d’avoir cette discussion. Il n’y a pas une soirée que je ne suis pas arrivé avec le sourire depuis notre croisière et voilà qu’aujourd’hui je suis à l’autre extrême. Quand Jude me voit, je lis la surprise dans son visage et je ne suis pas capable de la regarder en face.

-Je crois que tu vas avoir besoin de cuisiner, finis-je par dire comme simple salutation.

Jamais je n’ai été aussi direct sur le fait que notre prochaine discussion sera intense en émotions. C’est ma façon à moi de ne pas reculer et pour une fois être honnête avec ma femme. Je me dirige vers la cuisine instantanément parce que je sais que Jude aura besoin d’occuper ses mains. Je m’adosse contre le comptoir de la cuisine et je prends une énorme inspiration. Je ne sais tellement par où commencer. Devrais-je parler de son père ? Non, c’est inutile à ce niveau-là.

-J’ai couché avec Lean la veille de son mariage. Je ne te l’ai jamais dit parce que pour moi c’était inutile. Ça ne pardonne rien du tout, mais c’est ça qui m’a permis de fermer le chapitre avec elle pour de bon d’une certaine façon et me permettre de décrocher pour avancer avec toi…

Je lui ai lancé la bombe bien plus vite que je ne l’aurais pensé, mais je n’ai pas envie qu’elle s’imagine des milliers de scénarios non plus vu mon humeur du moment.

-Et pourquoi je t’en parle maintenant c’est que Lean est enceinte et qu’il y a une possibilité que ce soit moi le père…

Depuis que nous sommes revenus de la croisières les choses semblent tellement plus facile entre Benjamin et moi. Comme si les barrières que nous avons fait tomber était la raison de tous nos malheurs. Depuis notre retour, j'ignore les textos de mon père, j'ai expliqué à ma mère que nous avions retrouvé notre couple lors de la croisières et que nous étions plus heureux que jamais. Ce qui est en partie vrai, après tout, mais j'ai eu la "chance" de recevoir un dernier texto de mon géniteur me demandant si j'allais enfin lui faire un héritier. Avoir un peu plus de courage face à lui, je lui aurais bien dit qu'il pouvait aller se faire voir, que je ne comptais même pas le revoir un jour et que j'espérais fortement que ma mère le quitterait pour de bon. Sauf que, je reste la petite fille apeurée qui a l'impression d'avoir fait quelque chose de mal. Aussi, je lui ai simplement envoyé un "peut-être". Je sais que quand je lui avais promis d'essayer pour Crystal qu'il m'avait laissé tranquille quelque temps, j'espère que ça pourra fonctionner cette fois-ci. Il doit être si déçu que j'ai été une fille … et je suis sans doute une grande déception pour lui alors que je ne lui donne pas d'héritier mâle dont il semble tellement avoir besoin. Il aimerait bien l'humilier une nouvelle fois en legant l'entreprise a un petit fils plutôt qu'à sa bonne a rien de fille unique. Le connaissant il serait capable de la léguer à Benjamin cette entreprise et ce ne serait pas plus mal, nous pourrions vivre nos vies bien mieux sans lui. Je pourrais avoir une vie au côté de Ben comme depuis que nous sommes revenu de vacances et je dois avouer que ça m'irait bien maintenant que j'ai gouté a un peu de bonheur, de vrai bonheur, dans mon mariage.

Le visage de Ben lorsqu'il entre à la maison ne me dit rien qui vaille. Lorsqu'il me dit que j'aurai sans doute besoin de cuisiner, je ne peux retenir un léger soupir. La vue allait mieux, j'aurais dut attendre cet uppercut, j'aurais dû me douter que c'était beaucoup trop bien pour rester ainsi. Je suis Ben à la cuisine et avant même qu'il ne se mette à parler je sors mes instruments. Juste qu'il m'ait dit ça m'a donné le goût de cuisiner, l'anxiété m'ayant gagné aussitôt que j'avais vu son visage dénué de sourire. Ben est à présent adossé au comptoir dans toute sa prestance. Je n'ai pas le temps de réfléchir qu'il se met à parler, c'est sans doute mieux, j'aurais pu me faire des films toute seule.

Sauf que dès qu'il ouvre la bouche et que ses paroles se rendent à mon cerveau, mon nouveau monde s'écroule. Je vois un peu flou alors que je bat les œufs un peu trop vigoureusement dans le bol devant moi. Bordel, mais qu'est-ce que j'espérais au fond ? On se trouvait tous les deux au mariage de Lean. J'avais vu son hésitation à dire oui. C'est une grosse connerie. Et moi qui me suis donné à cet homme après quelques semaines seulement. J'ai laissé mon meilleur ami entrer dans mon cœur, espérant un baume et me retrouvant avec une cicatrice de plus, même si il me dit que c'était pour clore leur histoire.

Je pourrais demander pourquoi il m'en parle, mais sans que j'aie à poser des question il me le dit immédiatement. Le fouet que je tiens dans mes mains tombe dans le bol de métal dans un fracas qui me paraît emplir la maison au complet. Je sais que les larmes ont trouvé le trajet sur mes joues, je les sens couler. Ce sont des larmes de tristesse, encore une fois mon meilleur ami m'a menti alors qu'avant on se disait presque tout. Ses larmes sont mélangées à des larmes de colère et de déception. Sauf que ma colère est tellement présente en moi que j'arrive même plus à cuisiner. Comment a-t-il pu faire cela à la sœur de Lexy, la meilleure amie de notre fille Emily. La jeune femme qu'on connait depuis sa jeunesse… Je me tourne vers Ben et je vois certaines émotions passer sur son visage, je sais que je devrais les analyser, faire des cupcakes, sauf que j'en ai assez d'être toujours celle qu'on blesse.

- Sérieusement Benjamin ? On était dans les mêmes cours à l'école… je sais très bien que la protection lors des rapports sexuels t'a été mentionner plus qu'une fois.

Je ne mentionne pas non plus la nouvelle tromperie qu'il m'a passer sous le nez juste avant que je ne lui tombe dans les bras pas bien longtemps après. Je ne me féliciterai certainement pas pour avoir espérer que nous sauvions notre mariage. Je prends le bol devant moi avec les œufs qui ressemble à mon état émotionnel et le lâche dans un fracas dans le lavabo, pour la première fois de toute ma vie, faire la cuisine me donne le goût de vomir. Je sors de la cuisine en hurlant.

- J'aurais dû me douter que ça allait arriver.

Cette fois, c'est sur le bar que je fonce au lieu de ma cuisine. J'ai besoin de sentir la brûlure de l'alcool quand elle passera directement dans ma george, j'ai besoin de me sentir vivante, m'assurer que je ne suis pas dans un putain de cauchemar. La première bouteille qui me tombe sous la main est du Gin. Ça fera l'affaire. Après une grosse gorgée et une grimace, les larmes reviennent de plus belle. Bordel, je suis bien réveillée en fait !  

S’il était facile de dire à Lean que j’allais cent pourcent être honnête avec ma femme, maintenant que je suis devant le fait accompli c’est tout autre chose. J’ai beau n’avoir pas tourner autour du pot et aller directement à la chose, ce poids sur mes épaules ne s’est pas envolé pour autant. Au contraire, je le sens encore plus lourd que jamais maintenant que je vois la réaction de ma femme. Alors que je crois qu’elle va s’attaquer au fait que je l’ai trompé, elle attaque plutôt le fait que je ne suis pas capable de me protéger malgré les cours communs de sexualité que nous avons eu au lycée ensemble. Quand je la vois balancer les œufs dans l’évier, je comprends que l’heure est grave. Je ne suis pas certain de l’avoir déjà vu dans un tel point qu’une recette soit abandonnée aussi facilement. Elle sort finalement de la cuisine en hurlant ce qui est aussi une première pour Jude à mon égard. Je ne peux lui en vouloir on s’est tellement rapprochés ces derniers temps, je n’imagine même pas ce qu’elle peut ressentir en ce moment. Dans tous les cas, je n’ai aucun argument pour contrer ma défense à ce niveau. J’ai été un beau connard et elle a raison. Je la vois se diriger vers notre bar et je ne sais pas quoi faire. Je décide de ramasser simplement les œufs dans l’évier et j’essuie le comptoir qui a eu quelques éclaboussures. Je mets finalement le bol dans le lave-vaisselle, puis je la rejoins au salon. Je décide de l’accompagner et je me prends un verre également.

-Je suis vraiment désolé Jude. Il n’y a rien d’autres à dire sur la question, j’ai été qu’un con sur ce coup-là.

À ce moment précis, j’aurais pu dire que j’étais convaincu que Lean se protégeait de son côté, mais un enfant ça se faisait à deux et ça ne servait à rien de lancer la balle sur qui avait réellement la faute dans la situation. Je trempe mes lèvres dans mon verre, pour tout dire je n’ai même pas le cœur à boire contrairement à ma femme.

-Lean ne veut pas mettre Connor au courant pour l’instant, dis-je en étouffant un rire ironique.

Je comprends qu’elle veut préserver son mariage, il y a tellement peu de chances que je sois le père en réalité que c’est inutile d’allumer un feu. Toutefois, au nombre de fois que Lean m’a reproché de ne pas être honnête avec ma femme je la trouve un peu hypocrite de son côté à son tour. C’est tellement facile de reprocher des choses à quelqu’un, mais plus difficile de ne pas répliquer le même schéma quand ça nous convient.

-Mais de mon côté je ne pouvais pas te faire ça, j’ai bien compris dans les dernières semaines que si on avait été plus honnête l’un envers l’autre et qu’on aurait appris à communiquer que notre mariage aurait été beaucoup plus heureux… J’en ai assez des mensonges.

Je passe ma main dans mes cheveux et je m’adosse contre le bar en prenant une gorgée de mon verre. J’ai certainement ma grande part de responsabilité dans tous ces mensonges, je ne peux même pas dire le nombre de fois que j’ai trompé Jude en cachette. Toutefois, niveau mensonge je sais qu’elle est aussi responsable que moi. Déjà si elle m’avait dit la vérité sur son père dès le départ, je crois fortement que les choses auraient été différente. Il aurait été si facile de le condamner pour ce qu’il lui avait fait, il y avait une preuve bien tangible avec Emily. Toutefois, aujourd’hui c’est bien différent jamais je ne voudrais que ma fille apprenne la vérité. Déjà qu’elle est la reine du drama, je n’imagine même pas ce que serait sa réaction si elle apprenait. Et à ce moment-là, je me demande si c’est le moment parfait pour mettre les pendules à l’heure avec Jude. Est-ce que je devrais parler de son père ? Je n’ai pas forcément envie de dévoiler que je sais tout, mais peut-être que je pourrais l’emmener à me le confier. Je laisse ma femme me répondre tout en laissant mon cerveau cogiter quelques minutes à savoir si c’est une bonne idée ou non.

Je ne suis pas du genre à boire. Alors boire à cause de la colère ou de la déception encore moins. Benjamin à toujours été celui de nous deux qui prenait plus de verres. J’avais besoin de rester lucide, et pourtant ce soir, c’était le contraire. J’avais besoin de m’évader de ma vie qui ne faisait que m’envoyer des uppercut en plein visage depuis que je suis adolescente. J’ai senti Ben arriver près de moi plus que je ne l’ai regardé, j’y arrive simplement pas. Depuis le début de l’année je pensais, naïvement je l’avoue, que notre relation allait un peu mieux. J’avais toujours hâte de le voir revenir vers moi le soir et il semblait aussi heureux de notre nouvelle réalité. J'entends ses excuses. Encore des nouvelles pour exactement la même raison. J’essaye de me faire à l’idée que Lean s’est mariée bien avant que nous partions en croisière, avant que notre relation évolue, toutefois je n’arrive pas à m’enlever le sentiments qui fait grandir la boule dans mon estomac. Un con ? Oui je ne peux que l’approuver, mais je ne veux pas dire des choses qui viendrait sortir de ma pensée réelle et mettrait encore plus d’huile sur le feu qui venait à nouveau d’être allumé sur notre acte de mariage. À la place de me tourner vers lui ou encore de lui répondre, je prend la bouteille que je tiens dans mes mains et à même le goulot je me prend une très grande gorgée que je sens descendre de par sa brûlure qu’elle procure sur son chemin.

Il m’explique ensuite qu’elle ne veut pas en parler à Connor. Là, les larmes qui coulaient toujours sur mon visage cessent de couler et pour la première fois depuis plusieurs minutes je repose mon regard empli de colère dans ceux de mon mari. Comment peut-elle faire cela à un homme qui semble aussi gentil que Connor ? Non, en fait, à la base de toute cette histoire, comment a-t-elle pu me faire cela à moi ? J’ai toujours vu Lean avec notre fille Emily. Ben est le meilleur ami de Lexy. Lean venait à la maison tellement souvent. J’avais mes doutes sur les infidélités de Benjamin, bien avant Lean. Toutefois, regarder cette situation en face là maintenant c’est plus fort que moi. Pour une seule petite fois ou je pensais que peut-être ma vie allait rentrer un peu dans l’ordre, je me retrouve assise à même le tapis de notre salon à boire au goulot un alcool que je n’aime pas sec ainsi habituellement et pourtant là, maintenant, c’est tout ce que j’arriverais à avaler. Quand on pense que même la cuisine ne me fait pas envie, je sais que je ne vais pas bien. Malgré mon regard rageur que Ben remarque sans doute, il reprend la parole en m’expliquant qu’il ne pouvait pas me faire la trahison qu’elle s’apprêtait à faire à son nouveau mari, parce que c’est une trahison au final, il lui fait confiance. Tout comme je faisais confiance à Lean ou Benjamin quand on m'avait assuré que tout était terminé entre les deux.

- J’en ai aussi assez des mensonges. Je suis épuisée Benjamin.

Je fais une pause, laisse la bouteille à mes genoux et laisse mes mains aller essuyer les larmes sur mon visages, celles là même qui s’étaient trahies un peu plus tôt sont reparties de plus belle. Dans quel monde de licorne je vivais pour penser que notre relation pourrait s’être améliorée ? Que je tombais peut-être amoureuse de lui ? J’allais être la fille naïve qui allait vraiment me laisser piétiner le cœur ainsi ? Bien entendu, comme d’habitude. Fichu voix intérieur. Je ne savais pas où je m'en allais, mais je savais que je devais me protéger. Entre deux sanglots que je ne semblait pas pouvoir contrôler, je me tourne vers Benjamin.

- Si tu es le père, tu vas faire quoi ? Tu vas la laisser faire croire à son mari que c’est son enfant ?

Je stop à nouveau, les mots ont plus de difficulté à sortir que je ne le voudrait. Je voudrais pouvoir l’insulter, lui demander le divorce pour enfin le libérer de toute cette histoire, mais je suis une lâche au fond, parce que je sais que mon géniteur reviendra, je sais qu’il pourrait me laissée sans rien, vendre l’entreprise familiale et donner tout son argent à mes filles, me laissant démuni avec plus rien pour vivre. Ma relation avec mes filles n’étant pas au beau fixe, je n’ai que peu d'espoir de me sortir d’un divorce. Depuis notre retour, j’aurais même juré que mon mariage pourrait être pour toujours et à jamais comme nous nous l’étions promis, avec même du bonheur pourquoi pas ? J’avais vraiment commencer à croire que nous avions besoin de vivre nos choses de notre côté avant de nous trouver, même l’Impala avait recommencé à sortir, j’avais recommencé à rire, à être un peu plus heureuse chaque jour. Ce que je pouvais me tromper.

- On dirait que j’ai plus de mal que les dernières fois ou tu m’as annoncé ton histoire avec Lean, ou quand des personnes que je connaissais à peine venait me parler de tes infidélités.

Et pour cause, je ne peu pas jurer que je n'étais pas en train de tombée amoureuse de lui, la peur tellement présente de perdre et mon mari, et mon meilleur ami ne cessait de me prendre au corps, et une nouvelle fois je portai le goulot à ma bouche et le laissa me brûler les chairs par son passage.

Est-ce que Jude se rend vraiment compte de ce qu’elle vient de me dire ? Je n’appuie certes pas le fait que Lean cache autant de choses à son mari, surtout qu’elle n’a aucune raison légitime de le faire. Elle vient de se marier, Connor n’a aucune raison de mériter tout ça et elle le sait. Il n’y a pas le moindre faux pas dans leur mariage. Toutefois ce que Jude vient de dire c’est exactement notre histoire en fait. Je suis le mari dont on fait croire que je suis le père de son enfant depuis maintenant vingt-et-un ans. Certes, le contexte est loin d’être le même, mais on n’est très près de cette réalité quand même et d’une certaine façon c’est un peu ironique. Je m’installe aux côtés de Jude sur le plancher, je veux être au même niveau qu’elle afin de ne pas faire monter trop le ton entre nous. C’est tellement plus facile quand il y a une distance physique de s'emporter rapidement.

-Est-ce que j’ai vraiment un autre choix que d’assumer ? J’ai élevé Emily comme si c’était ma propre fille toute ma vie, je n’irai certainement pas renier mon propre enfant si c’est le cas parce que ça arrange Lean et sa petite image qu’elle veut préserver de sainte.

Je repense à ma soirée avec Lean, toutes les atrocités qu’elle m’a dites. Toute cette vision qu’elle a de moi, mais également à ses lèvres sur les miennes. Au fond en ce moment je lui en veux d’être autant capable de me détester et de m’aimer à la fois, j’ai l’impression que même si cet enfant est de moi que nous sommes présagé à un avenir malheureux pour autant parce que Lean en est simplement convaincu. Dans tous les cas, je ressortirai perdant de cette situation. Je doute que Jude ait assez de force pour me pardonner sur ce coup-là. Justement, elle me dit que cette fois-ci c’est beaucoup plus dur pour elle et je la comprends parfaitement.

-C’est normal. On s’est beaucoup rapproché ces derniers temps. Avant, il y avait une raison derrière tout ça même si elle n’était pas forcément légitime pour autant dans un contexte de mariage… Avant j’avais beau me sentir coupable, mais là c’est littéralement un sentiment de trahison que je ressens et ça même si ma conscience me dit que cet évènement s’est passé avant qu’on se rapproche autant...

Mes yeux se remplissent de larmes alors que je dis ces paroles, je n’imagine même pas la peine que doit ressentir Jude en ce moment. C’est la première fois que ma femme s’ouvre réellement à moi durant tout notre mariage, qu’elle commence à me faire confiance même dans l’intimité et je viens de tout briser en un claquement de doigts. La faire souffrir ne m’a jamais fait autant mal. Je prends une gorgée de mon verre en essayant de me contenir, c’est moi qui est tout brisé je ne vais certainement pas jouer à la victime ce soir. Je la serre contre moi alors qu’elle continue de pleurer pendant un instant, nous restons là l’un contre l’autre sans dire un mot. Au fond de moi, je sais qu’elle doit souffrir encore plus à l’idée de me perdre en ce moment simplement à cause de son père. Est-ce que je dois vraiment lui faire vivre deux semaines d’angoisse ou je dois être honnête avec elle ?

-Je crois qu’il est temps qu’on se dise vraiment toute la vérité Jude, c’est le seul moyen qu’on puisse avancer peu importe l’issue de cette situation… Sans mensonges ou cette volonté de trop vouloir protéger l’autre sans cesse, on n’en serait pas là aujourd’hui ça c’est certain…

Et là-dessus je sais que j’ai raison, si j’avais eu cette vie sexuelle avec Jude bien avant, je sais très bien que je n’aurais jamais succombé aux charmes de Lean. Si j’ai été capable de la repousser même aujourd’hui alors que cette passion me consume, je n’ai aucun doute sur ma fidélité que j’aurais toujours eu face à Jude.

Je sais que je suis irrationnelle de demander ce qu’il fera. Après tout ce qu’il a fait pour moi. Alors, quand il me confirme qu’il va assumer son rôle, je ne peux que sourire lasse près de lui. Je n’attendais pas moins de lui. Il ne serait pas Benjamin Jones si il avait dit qu’il appuyait les propos de la jeune femme. Un enfant changeait une vie, ce petit bébé en changerait quatre au lieu de deux. Parce que même si Ben est son père, toute cette histoire aura un impact aussi sur Connor et moi. Personne dans toute cette histoire n’a de pouvoir sur les réactions qui viendront avec toute cette histoire.

- Je ne t’aurais pas reconnu si tu m’avais dit que tu assumerais pas.

Sauf que ce nouvel élément dans notre vie allait changer la nôtre, j’avais peur de poser la question qui me faisait peur au final, et qu'est-ce qui allait advenir de nous, de notre mariage, de notre amitié. Tout ce que nous avions depuis tellement d’années était à présent mis en danger. Quand Ben vient s'asseoir près de moi je ne peux nier que ça me rend heureuse, lui qui fuyait toujours dès qu’un petit problème arrivait restait près de moi aujourd’hui, il me prit même dans ses bras et je me laisse aller contre son torse. Cet homme à toujours été mon roc, celui qui a toujours pansé mes blessures, même si dans les dernières semaines c’était pas vraiment la joie entre nous. Comme si c’était une évidence, Benjamin me parle de notre rapprochement, il met en mots ce que je peine à pouvoir exprimer moi-même à voix haute. Je sais que c’est une peur que j’ai, celle de le perdre pour toujours, parce que moi sans Benjamin Jones je ne sais pas ce que ce serait, je ne l’ai jamais imaginée, même avant notre mariage. Je sais bien qu’il m’as dit que c’était pour tirer un trait sur leur histoire, mais ça semblait être le début si le bébé était vraiment le siens. Au fond de moi, j’osais encore croire que ce serait Connor, parce que je ne pouvais croire que la vie s'acharnerait sur moi à ce point. J’aurais bien du mal, peu importe le résultat, à revoir Lean dans le futur par contre, parce que je sais que cette femme sera toujours le talon d’achille de Ben.

- Je pensais pouvoir dire nous à présent, et je me retrouve encore à me demander ce qui adviendra de ce nous ? De notre mariage ? De notre amitié.

Je suis toujours dans ses bras et je n’ose pas relever la tête, la bouteille se tient un peu plus loin, mais je ne fais pas de mouvement pour aller la rejoindre, un peu parce que le goût est horrible, mais aussi parce que j’ai peur de quitter les bras réconfortants de Benjamin. Sauf qu’il se remet à me parler de vérité, qu’il veut qu’on en parle, peu importe l’issue. Es-ce qu' il sait pour le feu dans la cuisine ? Es-ce qu’il sait pour Taylor. Dans le fond, je ne suis pas mieux que lui dans cette histoire, à la différence que je n'attends pas un enfant. Ma relation avec cet homme était brève et m’as fait comprendre que les relations intimes pouvaient être plaisante et m’a aussi fait comprendre que j’étais sans doute trop frigide face à Benjamin. Je me tourne vers lui, mais quelque part, dans son ton, je ne pense pas que mon mari parle d’une simple passade, il semble beaucoup trop sérieux pour un mini feu de cuisine qui n’a nécessité que quelques heures de nettoyage.

- Alors on se fait un jeu de vérité ?

Es-ce que j’ai vraiment le goût de savoir avec combien de femmes il m’a trompé ou même qu’il compte demander le divorce et qu’on se revoit qu’uniquement pour les enfants ? Es-ce que je suis vraiment prête à faire une croix sur les dernières semaines qui m’ont tellement semblé idyllique entre nous deux comparer aux dernières années.

Je souris intérieurement alors que Jude me dit qu’elle ne m’aurait pas recconu si je lui avais dit une réponse différente. Je suis encore à ce stade de me sentir beaucoup trop mal pour me permettre de ressentir la moindre émotion joyeuse. Mon cœur se serre alors que Jude avoue qu’elle pensait pouvoir parler en « nous » à présent, je sais exactement ce qu’elle veut dire. J’ai beau avoir dit à Lean tout à l’heure que je ne serais jamais amoureux de Jude comme je l’étais d’elle, mais nous aurions pu être parfaitement heureux pendant bien des années pour autant.

-Je comprendrais que tu ne puisses pas me pardonner Jude, mais j’espère qu’on pourra toujours rester amis quand même. Pour les filles et surtout pour nous, je me suis rendu compte durant la croisière à quel point ma meilleure amie m’avait manqué.

Je dépose ma tête contre la sienne en serrant sa main dans la mienne, c’était ce genre de petit geste qu’on avait l’un pour l’autre et ça même avant d’avoir une alliance au doigt. Si je dis à Jude qu’il faut se dire nos vérités, j’ai l’impression qu’elle va se trouver un échappatoire, mais je suis agréablement surpris quand elle me propose plutôt de jouer à un jeu. Je crois que plus que jamais nous savons que nous sommes plus forts à deux que ce ne soit que pour une amitié ou bien pour beaucoup plus. Nous avons besoin de retrouver ce lien fort et j’ai cet espoir qu’elle sera à cent pourcent honnête avec moi pour une fois. Peut-être que je n’aurai peut-être pas besoin de lui avouer que je sais pour son père et que ça viendra d’elle ? Au fond de moi, j’ai cet espoir, mais c’est un peu contradictoire de mes belles paroles. Je n’aurai pas le choix de tout lui dire surtout que Lean sait tout.

-Un jeu de vérités ? Il faudrait se trouver des règles et quelque chose de mieux à boire je crois…

J’ai bien vu qu’elle n’a pas retoucher à la bouteille de gin et c’est bien mieux comme ça. À la grosseur qu’a ma femme elle va finir ivre en trente minutes si elle continue à cette cadence. Je sais que ça sera très difficile pour elle niveau émotionnel et j’essaie de penser à une option qui l’aiderait à mieux canaliser ses émotions. J’ai soudain une idée et je la regarde.

-Tu t’occupes des breuvages et moi du jeu ?

Je me relève alors et je lui tends la main pour l’aider à se relever aussi. Je me dirige finalement vers  notre cuisine et j’ouvre l’armoire qui est le plus haut de la cuisine, si bien que même moi je dois me mettre sur la pointe de pieds pour prendre le contenu. Je descends alors ce set de vaisselle affreux que mes beaux-parents nous ont offert pour notre premier anniversaire de mariage, mais que Jude et moi avons toujours détesté. Quand Jude me rejoint alors avec nos breuvages, je prends une assiette dans ma main et je la regarde.

-Mon idée de jeu c’est que je te dis une vérité représenté par cette assiette que nous adorons tellement, une fois que j’ai terminé je te la donne, tu réagis et tu la jettes le plus fort possible pour qu’elle se casse. Après c’est à ton tour de dire une vérité et ainsi de suite. Tant qu’on a l’assiette dans les mains, pas le droit d’arrêter l’autre dans sa vérité. Tu as le droit de vouloir en parler quand je te tends l’assiette et si tu préfères ignorer, tu la jettes au mur sans hésité. Tant pis pour le mur si on fait des dommages, je crois qu’on a assez d’argent pour des rénovations.

J’hausse les épaules avec un petit sourire. L’argent déjà n’était pas un souci au départ de notre mariage et maintenant ça l’est encore moins depuis que je suis avocat. Je me doute que Jude ne voudra pas commencer et je décide donc de briser la glace en prenant avant une gorgée de mon verre pour m’encourager. Je prends une profonde inspiration avant de la regarder.

-Lean m’a embrassé ce soir.

Je lui tends alors l’assiette. Pour le coup, je n’ai pas de doutes que l’assiette éclatera en milles morceaux, mais j’ai besoin quelle sache que je suis sincère dans mes vérités et je sais très bien que c’est sans doute l’une de celle qui lui fera le moins mal ce soir.

Es-ce que je pouvais le pardonner ? Je crois qu’il est beaucoup trop tôt pour que je le sache vraiment. Lorsque je me suis laissée allée avec lui sur le bateau de croisière je savais qu’il me trompait, qu’une de ses conquêtes tombait enceinte était sans doute une évidence et je devrais me sentir “heureuse” que ce ne soit pas arrivé avant ou plus souvent. Le fait que la future maman soit Lean me dérangeait un peu, mais bon, je pouvais encore croiser les bras que le père soit son mari et non le mien. Je pousse un petit soupire, bien entendu que moi aussi mon meilleur ami m’a manqué, sauf que es-ce que je dois vraiment avouer qu’au fond de moi la petite fille qui trouvait si beau son meilleur ami et c’est tout pensait il y a quelques heures seulement que peut-être elle pourrait en tomber amoureuse vu comment leur relation évoluait depuis la croisière.

- Laisse moi digérer la nouvelle avant de me parler du futur s’il te plait. Je veux pas dire des paroles que je pourrais regretter.

Tout se mélange tellement dans ma tête, mon côté rationnel m’explique tant bien que mal que je ne devrais pas continuer d’accepter une telle situation. Je sais bien que c’est un manque de respect, même si d’un autre côté tout me pousse à le pardonner parce que je n’étais pas là pour lui au fond, du moins pas physiquement, et Ben m’a montré ce que j’ai manqué toute ses années. Il y a aussi le peu d’alcool que j’ai bu qui continue de me jouer des tours, je n’ai sans doute pas bu plus qu’un verre, et pourtant je ressens déjà les effets, je ne bois jamais habituellement donc cela n’aide pas. Et cette ivresse ne serait sans doute pas bonne pour moi, j’hésite entre frapper Ben en le traitant d’idiot et lui sauter dessus pour lui arrachés ses vêtements. Sauf que je ME dois un peu de respect aussi, pas question que je me mette à coucher avec lui à cause de la frustration qu’il me procure et pour relâcher de la pression. Ce ne serait pas très sain je dois l’avouer.

Ben accepte un jeu, je crois que je serais sans doute moins stressée de jouer en disant des vérités, mais quelle vérité je vais devoir dire ? Surtout, quelle vérité je vais devoir endurer aussi ? Es-ce que je vais être capable d’encaisser, ou même de parler. J’avais penser de boire, toutefois je comprend rapidement que Benjamin n’a pas l’intention que je tombe inapte à parler dès la première question, je vais donc nous chercher quelques boissons, mais j’en profite tout de même pour apporter du rhum, vodka et du Gin question de les avoirs sous la main si besoin. Quand je retrouve mon meilleur ami, il a devant nous le set de cuisine que mes parents nous avaient acheté pour notre premier anniversaire de mariage, comme il peut être laid. Nous ne l’avons jamais aimé, et Benjamin à vraiment dû grimper, alors même que c’est un géant, pour aller la récupérer parce que nous l’avions mis le plus loin possible de notre vue.

Il m’explique le jeu qu’il a pensé, finalement je pourrai sans doute me laisser aller si je peux briser les assiettes, Benjamin me connaît bien, parce qu’il n’a pas peur que l’une d’entre elle finisse sur sa tête malgré ses prochaines vérités. Il commence, tenant l’assiette dans ses mains, il m'annonce que Lean l’a embrassé ce soir. Il ne m’a pas dit si dans les règlements j’ai le droit de le frapper ? Toutefois, j’ai deux choses qui me trottent en tête à nouveau, il me l’a avoué rapidement et il a dit ELLE, pas JE ou pas non, mais dans sa phrase il semble lui dire que c’est Lean qui l’a embrassé… Je prend l’assiette dans mes mains.

- Es-ce que tu lui a remis son baiser ?

J’ai toujours l’assiette dans mes mains, donc, si j’ai bien compris les règles du jeu, je suis encore dans mon droit de lui poser une question pour éclaircir sa vérité. Après qu’il y ait répondu, je me retourne et je lance le bal pour éclater l’assiette sur notre mur, n’ayant pas peur de le troué, puisque ça n’a pas l’air de stresser Ben, et puis, il a raison, nous en avons les moyens. Je prends une nouvelle assiette dans mes mains, je ne sais pas vraiment par où commencer, Benjamin devrait savoir que finalement ce jeu fait un peu monter mon anxiété, plus que prévu, je décide donc de me lancer et je prend la prochaine assiette, laissant les débris par terre.

- Quelques semaines avant qu' on ne parte en croisière j’étais très anxieuse.. Je cuisinais… le feu à prit et j’ai paniqué, je ne savais plus quoi faire. Une chance, un pompier passait tout près… Il à arrêter les flammes et j’ai passé des heures à nettoyer les dégâts pour ne pas que tu le saches. Que tu ne me poses pas de question.

Est-ce que j’ai remis ce baisé à Lean ? La question de Jude me fait beaucoup plus hésité que je ne l’aurais pensé sur le coup. J’essaie de me rappeler le moment exactement comme je l’ai vécu dans ma tête. Les lèvres de Lean qui se sont posées sur les miennes et qui a enflammer la passion qu’il y a toujours entre nous. Ce sentiment d’urgence qui m’habitait à l’idée de la perdre pour de bon alors qu’elle portait sans doute l’enfant de Connor. Je n’ai pas besoin de voir une reprise vidéo pour venir à la conclusion que je ne l’ai pas repousser sur ce coup et que ce baisé a sans doute été plus long que ce que ma femme aurait souhaité. Toutefois, le corps de Lean et moi sont tellement des aimants lorsqu’ils sont à proximité que je me doute que l’échange langoureux n’a pas été si long que ça avant qu’elle grimpe à califourchon sur moi et me fasse réaliser que tout ça allait dégénérer très rapidement si on continuait. Normalement, j’aurais probablement maquillé ma vérité pour que tout soit moins difficile à avaler pour Jude, mais je sais que ce soir je vais lui demander de dire des vérités beaucoup plus difficiles. Par moindre respect pour elle je me dois d’être réellement honnête et de lui donner l’heure juste sur ce qui se passe réellement dans ma tête. J’ai l’impression de jouer une partie de poker et de révéler toutes mes cartes tout en misant le tout. Il y a tellement de chances que Jude ne me pardonne pas et que Lean ne soit pas enceinte de moi, si c’est vraiment le cas j’aurai réellement tout perdu ce soir. Si au moins, je pouvais me rassurer en me disant qu’au moins j’aurais la conscience tranquille. Ce genre de conneries que j’ai fait dans le passé ne m’a jamais réellement empêché de dormir.

-Pour être parfaitement honnête les trente premières secondes j’imagine que oui, mais ma conscience est rapidement revenu à la surface et j’ai tout arrêté.

J’ai de la difficulté à la regarder alors que je lui avoue réellement cette vérité. Je sais que je la fais souffrir en ce moment et pourtant c’est sans doute loin d’être la pire de toute. Tout aurait été plus facile si Lean n’avait pas épousé Connor, jamais je ne me serais autant rapproché de Jude et elle ne souffrirait sans doute pas autant qu’à présent. Je suis rassuré de voir l’assiette dans les mains de Jude, finalement mon jeu si brillant est beaucoup plus difficile que je ne l’aurais pensé. Je songe à la prochaine vérité que je devrais sans doute dire et cette simple idée me fait terminer mon cocktail d’un coup. Jude commence alors à parler et je fronce les sourcils d’incompréhension alors qu’elle me parle d’un feu. Pourquoi lui en voudrais-je pour un si bête accident ? Et finalement mes neurones s’activent et font un lien. Au jour de l’an, je me suis fortement douté que Jude était allé voir ailleurs. J’ai beaucoup de difficulté à croire autrement qu’elle soit devenue si sexuellement passionné.

-Pourquoi tu voudrais me cacher un accident ? À moins que tu n’aies couché avec ce pompier…

Je vais direct droit au but, je n’ai pas envie de jouer à ce jeu pendant une éternité. Je me ressers de la boisson et je prends une gorgée alors que Jude m’explique la deuxième partie de sa vérité. J’aimerais être aussi jaloux qu’elle semble l’être de Lean, mais en réalité il n’y a qu’envers Connor que j’ai ce sentiment et c’est tout ça le vrai problème du moment. Lancer l’assiette me semble presque absurde sur ces paroles parce que je ne suis pas réellement en colère contre cette vérité et ça serait idiot que je le sois en fait alors que j’ai fait bien pire dans le passé. Toutefois un simple regard sur le motif affreux de l’assiette me rappelle mon beau-père et tout le mal qu’il a fait à ma femme. Sans lui, nous n’en serions pas là aujourd’hui. J’envoie l’assiette contre le mur de façon brusque ma colère entièrement canalisée sur cet homme que j’ai appris si rapidement dernièrement à détester. Peut-être que Jude pensera que sa tricherie me dérange plus et que ça flattera son égo quelque peu. C’est alors à mon tour et je prends une gorgée de ma boisson pour me donner une once de courage dans tout ça, tout comme moi Jude a les pommettes rouges et c’est sans doute mieux ainsi. Peut-être que l’alcool aurait été la meilleure solution pour notre couple pour se dire la vérité en réalité dans le passé ? Je n’ai pas encore envie d’aller sur le sujet de son père directement parce que je suis curieux de voir si elle aura le courage de le ramener elle-même. Et si je veux qu’elle aille dans ce sens, je me dois aussi de lui dire mes vérités les plus profondes même si je sais qu’elle va sans doute être blessée.

-J’aimerais énormément pouvoir te dire que je suis passé à autres choses totalement depuis notre voyage, mais ce soir m’a fait réaliser que je suis encore beaucoup attaché à Lean…

J’ai l’impression de mettre directement un poignard dans le dos à Jude en l’affirmant. L’assiette toujours en main, je prends une gorgée de mon verre.

-Et le pire dans tout ça c’est que je ne comprends même pas pourquoi. C’est tout simplement irrationnel, après toutes les choses qu’elle m’a dites je devrais la détester. Je ne comprends pas pourquoi je suis encore capable de l’aimer alors que j’ai une femme parfaite à mes côtés. C’est la première fois que j’ai l’impression de ne pas avoir le contrôle sur un élément de ma vie et je déteste ça.

Je lui tends finalement l’assiette le regard coupable de ne pas être aussi amoureux d’elle que j’en suis de Lean. Je sais qu’elle s’en doute surement, ma réaction autour du mariage de Lean n’a certainement pas passé inaperçu. Toutefois, j’imagine qu’elle avait l’espoir que tout cela ait changé avec nos rapprochements et j’avoue que même pour moi ça l’aurait été beaucoup plus facile.