Lorsqu'ils arrivèrent chez sa maman, Isaac lança un dernier regard à Raph pour voir si son humeur avait encore changée ou non. Il ne comprenait pas pourquoi, mais il avait bien remarqué un avant, et un après. Il était loin d'être le genre de mec à mettre la faute sur les menstruations, mais il savait qu'elle avait parfois un cycle douloureux, peut-être avait-ce joué sur son état du jour? Toutefois, il était suffisamment malin pour ne pas aggraver la situation en lui faisant remarquer ce point. Il avait tenté durant ce court trajet de désamorcer tout ça en plaisantant avant de changer de tactique en réalisant qu'elle n'avait pas envie de rire. Il n'osait même pas lui demander pourquoi elle boudait tout à coup, de peur qu'elle lui réponde que ça n'était pas le cas, et qu'elle boude encore plus. Dans un cuisant échec, il s'était donc garé non loin de chez Becca, espérant que son humeur tournerait à nouveau aussi vite que précédemment... Sa mère eut toutefois droit à un large sourire et une accolade de la part de la brune, laissant comprendre à Isaac que le problème, c'était lui. Mais... pourquoi?


En route pour rendre visite à sa mère, la discussion du couple fût interrompue par un appel sur le téléphone de l'acteur. Un clic plus tard, et la voix de l'agent immobilier résonna dans l'habitacle. La surprise audible dans celle du brun fit comprendre au commercial que son client avait oublié son rendez-vous. Il fallait dire que ça n'était pas vraiment sa priorité actuellement. Il avait visité des maisons, ayant pour objectif d'en offrir une à sa maman. Après tout ce qu'elle avait fait pour lui, tout ce qu'elle avait donné pour eux, et vu l'état de la sienne rafistolée un peu plus chaque année, Isaac avait vraiment envie de lui offrir une nouvelle demeure qu'elle saurait transformer en  nouvel havre de paix. Lorsqu'il avait parlé de tout ça à la principale concernée, elle l'avait pas mal gronder. Elle n'avait aucune envie de quitter sa maison actuelle, et même si l'intention la touchait, elle était tout à fait clair sur le sujet : si nouvelle maison il y avait, pour son fils ce serait. Lorsqu'il avait prévenu l'agence immobilière de ce changement de plan, annulant les futures visites, on lui avait proposé de retravailler le dossier pour que ce soit un bien pour lui et qui lui correspondrait. Isaac n'avait pas spécialement envie de quitter son appartement actuel, la seule raison qui l'y poussait était la même qui l'avait fait réfléchir à la question quelques mois plus tôt : le confort de Shakespeare. Depuis le jour où celui-ci était entré dans sa vie, le brun s'était toujours fait la remarque qu'un appartement n'était pas le meilleure endroit pour son compagnon. Mais ils s'y étaient fait tous les deux, profitant des parcs à disposition, des balades en foret ou du jardin de sa mère. Lors de son tournage à Malte, il avait pu remarquer à quel point le toutou aimait avoir son propre extérieur, et ce fut ce souvenir qui fut décisif dans son choix d'accepter de jeter un coup d'oeil à une maison, pour eux. Après tout, ça ne l'engageait à rien? Avant de s'excuser pour ce faux plan et de reporter à plus tard, il lança un regard à Raph pour s'assurer qu'elle était okay pour venir avec lui. Elle avait l'air d'accord avec ça, et, puisqu'ils avaient de l'avance - comme toujours avec Iz - il décida d'aller au point de rendez-vous.  Si sa petite amie savait qu'un déménagement était possible dans le futur, elle lui fit remarquer qu'elle ignorait toutefois qu'il avait déjà commencé les recherches. Iz haussa un peu des épaules, réalisant qu'il ne lui en avait effectivement pas parlé. Pas parce que c'était confidentiel, mais parce que ça n'était guère quelque chose d'officiel : "J'crois que c'est plus de la curiosité qu'autre chose tu sais, pour voir un peu ce qui se fait dans le coin..." Isaac avait tellement de mal à accepter le changement qu'il était presque préférable qu'il s'y prépare maintenant, même si le déménagement avait lieu d'ici un an ou plus.

L'agent l'attendait devant une jolie maison, qui semblait mille fois trop grande pour lui. Impossible qu'il ait les moyens pour ça. Il hésita à le lui faire remarquer, mais il était suffisamment désolé pour le retard pour ne pas être encore plus impoli, et salua simplement l'agent d'une poignée de main. Celui-ci les invita à commencer la visite, dévoilant des pièces qui se multipliaient les unes après les autres. Une cuisine immense, un salon encore plus grand, un solarium qui donnait sur un petit espace vert, un cellier qui semblait pouvoir devenir une réserve officielle de Wallmart, un deuxième salon plus petit, une salle de bain, un bureau, une buanderie, une chambre, un garage suffisamment grand pour accueillir toutes les voitures du quartier, une salle qu'il vendait comme une potentielle salle de sport pour l'acteur, une autre salle de bain. Il ne savait trop quoi en penser, incapable de se projeter malgré l'aide de l'agent. Il observait les réactions de la brune, pour essayer de se fier à son avis. Et puis, dans un sens, c'était important pour lui qu'elle apprécie la maison qu'il achèterait, puisqu'elle serait amenée à y vivre un jour, sans doute. "J'sais pas trop, honnêtement. C'est chouette, mais j'pense que c'est un peu trop grand pour nous deux..." commenta-t-il, jetant un regard vers le jardin, glissant sa main contre le dos de Raph, pour attirer son regard afin d'avoir son avis. Le jardin, c'était bien la seule chose trop petite ici à son gout. Il voulait vraiment que Shakes se sente bien entre les futurs murs de la maison. Le vendeur tenta de mettre en avant tous les avantages d'une grande maison comme celle-ci mais Isaac tenta de l'interrompre poliment pour lui dire que Shakes et lui n'avaient vraiment pas besoin de tout ça. Il avait l'impression qu'il aurait besoin d'un GPS pour s'y retrouver s'il vivait un jour dedans, et ils n'avaient même pas encore visiter l'étage... Sans surprise, une énième salle d'eau, et au moins quatre chambres, comme il le souhaitait, souligna le vendeur pour tenter de reprendre le dessus sur cette visite exclusive, en les faisant entrer dans la chambre parentale, suivit d'une chambre qui pourrait accueillir un bébé. Cette présentation créa alors une sorte de malaise presque risible. Isaac ne voulait pas plusieurs chambres parce qu'il avait pour projet de fonder une grande famille, mais pour pouvoir accueillir celle qu'il avait déjà. Une chambre d'amie, ouverte H24, 7 jours sur 7 à Jo, une chambre en rez de chaussée, pour Becca, en prévision du jour où elle ne pourrait plus vivre seule, une chambre pour lui, évidemment, mais aussi pour accueillir le reste de la famille lors des visites. Raph partageait si souvent son appartement  qu'il serait ravi de pouvoir loger ses frères ou même ses parents lorsqu'elle en avait besoin, afin qu'elle conserve un peu son espace personnel, loin de sa mère. Isaac pouvait l'endurer pour elle. Et, même s'ils habitaient un jour lointain ensemble, la maison serait suffisamment grande pour que la brune n'ait pas l'impression de l'avoir sur le dos.  Dans la nurserie, la brune grogna une remarque qui ajouta un nouveau malaise à la situation. Du moins, pour l'agent, apparemment. Isaac, lui, observa sa petite amie sans trop comprendre la raison de ce commentaire. Shakes ne pouvait pas agrandir davantage la famille, pour une simple er bonne raison... "Y'a peu de chance, il est castré." dit-il d'un sourire, pour éclaircir ce point tout en essayant d'adoucir l'humeur de Raph. Le regard de celle-ci lui fit comprendre qu'encore un mot, et il aurait un point commun avec son chien... Elle fut la première à sortir de la chambre, les deux hommes s'échangèrent un regard : interrogateur pour Isaac, compatissant pour l'agent, qui semblait lui souhaiter bon courage. Le reste des chambres montrées de façon éclair, Isaac écourta la visite alors qu'il allait les faire monter au grenier,. Raph ne donnait vraiment plus l'impression d'en avoir quoi que ce soit à faire, ce qu'il interpréta comme le fait qu'elle n'aimait pas la maison, pas plus que lui en tout cas. Détestait-elle vraiment autant, au point de faire la gueule? Ou était-ce l'agent et son commentaire sur la cuisine qui l'avait agacé ainsi?


Becca déclina poliment l'aide proposée par Raph, pour finir le peu qu'il restait à faire, avant de faire un câlin à son fils, faisant attention à ne pas lui faire mal. Si d'ordinaire ils s’attiraient comme deux aimants tous les deux, aujourd'hui la charge semblait inversée parce que la brune était comme repoussée naturellement par lui, évitant le moindre contact, physique ou visuel. L'acteur, qui avait pourtant l'impression de la connaitre si bien, n'arrivait pas à déchiffrer son attitude. Suivant sa seule piste, il pensa alors que, si elle avait trop mal, elle aurait dû lui dire, il l'aurait redéposé chez elle. "Tu préfères pas monter t'allonger? J'vais aider Maman."  tenta-t-il, soucieux. Même ses regards noirs lui manquaient presque, parce qu'elle l'ignorait royalement. Connaissant les deux amoureux, il fallut à la maman moins d'une poignée de secondes pour comprendre qu'il y avait de l'eau dans le gaz entre eux. Elle revint alors sur la proposition de Raph, acceptant son aide chaleureusement en lui donnant une fausse mission en cuisine. Le brun l'observa s'éloigner, contenant un soupir.  Une fois seule avec Isaac, Becca perdit son sourire de façade et se tourna vers lui : "Tout va bien entre vous deux mon Lapin?" s'inquiéta-t-elle à voix basse, pour que son fils lui explique ce qui troublait leur bonne entente habituelle.  Baissant son regard sur sa mère, il haussa les épaules, avant de refermer la porte d'entrée. Tandis qu'il allait esquiver de répondre concrètement à sa question, principalement parce qu'il n'avait pas la réponse à celle-ci, elle le stoppa en attrapant son bras, insistant du regard. "M'man, j'en sais rien, qu'est ce que tu veux que je te dise? On est parti de chez moi ça allait bien, on arrive ici elle fait la tête, j'ai surement dit un truc qui fallait pas entre temps. J'sais pas. Sa barre de susceptibilité évolue d'un jour à l'autre. J'lui laisse le temps de redescendre, je vais m'excuser, et ça ira mieux, t'inquiètes pas" confia-t-il tout bas en essayant de la rassurer. Raph ne restait jamais trop longtemps fâchée contre lui, ça lui passerait. Il allait s'excuser pour la maladresse du jour, qu'importe la raison, elle allait admettre que ça n''était rien et qu'elle avait surement surréagit - parce qu'il ne voyait vraiment pas là donc c'était très certainement que dalle - et tout serait oublié, non? Becca n'avait pas l'air très convaincue par tout ça mais en resta là pour le moment. En apparence. Elle envoya Isaac mettre la table dans le salon, pour s'accorder un tête à tête avec Raph. Elle bifurqua dans la cuisine, pour finir ce qu'elle avait à faire avec sa belle fille sans la laisser seule trop longtemps histoire que ce ne soit pas suspect, et lui glissa une caresse contre le dos pour l'apaiser. Même si Becca crevait d'envie de comprendre ce qu'elle avait contre son fils chéri, elle n'avait pas envie d'envenimer les choses et se montrait juste ouverte à la discussion avec sa tendresse légendaire. Sortant un verre ballon, elle servit un peu de vin et l'offrit à la jeune femme, prenant celui dans lequel elle avait déjà bu avant leur arrivée : "Désolée ma chérie, j'ai déjà commencé, je t'avais pourtant promis qu'on l'ouvrirait ensemble celle-ci, mais vous n'étiez pas à l'heure donc..." dit-elle sans reproches dans la voix. C'était surtout pour essayer habilement d'en apprendre davantage sur la raison de ce retard sans vraiment demander, et, ainsi comprendre peut-être ce qui avait changé si subitement son humeur d'après les dires de son gamin.

En sortant les assiettes du vaisselier, Isaac laissa échapper un soupir. Ca n'était pas qu'il était contrarié de mettre la table, ni même qu'il y mettait de la mauvaise volonté, mais il était agacé. Agacé d'être perdu comme ça. Qu'avait-il fait pour pousser Raph à se mettre dans une telle humeur?! La meilleure piste restait tout de même qu'elle était dans une période irritable aujourd'hui, et qu'il devrait raser les murs les prochains jours. Il n'était pas responsable de ses douleurs de femme, mais il pouvait essayer au moins de ne pas rendre ses journées plus désagréables qu'elle devait l'être. Il était tout de même reconnaissant auprès de sa mère de tenter de gérer ça, et il savait qu'elle était entre de bonnes mains. Premièrement parce que si c'était effectivement son cycle menstruel le problème, sa mère était mieux placée que lui pour comprendre ça. Et puis, elle était la meilleure démineuse qu'il connaissait. Becca avait su gérer ses deux garçons sans qu'ils ne se battent entre eux, et avait toujours été là pour désamorcer les petites disputes qu'il avait pu avoir avec Jo lorsqu'ils étaient capable de se bouder pour un chocolat. Il confirait sa vie les yeux fermés à sa maman, sans craindre une seconde de ce qu'il retrouverait après. Il espérait juste que ça lui passerait rapidement, parce qu'il se sentait vraiment mal lorsqu'elle lui faisait la tête. Isaac avait horreur du conflit, au point que s'en était presque phobique. Il essayait toujours d'être le plus correct possible, de ne pas faire de vagues, de ne pas heurter les sentiments des autres, de ne froisser personne, quitte à mettre ses propres opinions  ou envies de côté. Raph semblait lui en vouloir, et il détestait ça. Le pire dans tout ça, c'était de se sentir impuissant face à ça. Il avait envie de la prendre dans ses bras, et de la serrer si fort que ce qui était brisé en elle se recollerait. Si certaines personnes tendraient l'oreille pour essayer de gratter quelques informations ou pour prendre la température, Isaac n'éprouvait pas cette curiosité. Il était trop convaincu que cette discussion entre femmes ne le regardait pas, et que le malaise serait dissipé après l'intervention de sa mère.

D'ailleurs, celle-ci était dans la cuisine avec Raph en train de partager un verre de vin. Lorsque sa future belle-fille - qui l'était déjà officiellement dans son cœur - lui confia qu'ils étaient en retard à cause d'une visite de maison, elle la questionna du regard malgré elle. Son fils s'était enfin décidé à suivre son conseil de maman quant à l'achat de sa propre maison, ou lui s'évertuait encore à chercher quelque chose pour elle?! Lorsque la jeune femme évoqua qu'elle savait que c'était un projet lointain, il lui sembla mettre le doigt sur le problème. Les deux amoureux étaient voisins, littéralement, c'était clairement quelque chose d'hyper pratique pour eux, elle n'en doutait pas. La douce amoureuse avait peut-être peur de perdre cette proximité qu'elle avait avec son fils? Que les choses seraient différentes entre eux s'il y avait plus que quelques marches d'escaliers qui les séparaient? Elle la questionna à ce sujet. Au delà d'une peur infondée, c'était surtout mignon. Pensait-elle vraiment que son fils survivrait sans elle? Isaac lui parlait énormément d'elle, tout le temps à vrai dire.  Ils étaient si souvent ensemble que Becca était certaine qu'ils allaient s'installer ensemble avant même qu'il n'ait sa propre maison. L'inviter à s'occuper de sa propre maison avant de se soucier de celle pour sa maman, c'était la façon de Becca de faire comprendre à son fils que sa vie à elle était déjà faite, contrairement à lui qui avait tout à construire. Bien-sûr qu'elle avait eut envie de pleurer d'amour de voir à quel point son petit poussin lui était reconnaissant et dévoué, mais elle avait juste jouer son rôle de maman en le grondant. Et dans cette idée là, elle incluait Raph, parce que c'était évident. Ca l'était tellement que même la petite geekette se projetait dans ce futur là, ce qui étira un sourire attendri sur le visage de Becca. Elle était tellement contente qu'Isaac ait trouvé une copine qui lui corresponde tant. Mais ellle comprit dès ses premiers mots le problème. Son idiot de fils avait juste bêtement écouté sa mère, sans lire les petites lignes. Elle lui avait dit : trouve TOI plutôt une maison pour TOI, alors il se cherchait une maison. Mais sa petite amie aurait préféré que cet achat se passe avec elle. Quel idiot, mais quel idiot! Toutefois, même si elle pensait que son fils était un vrai empoté, Becca ne le formulerait jamais ainsi, et soutiendrait les décisions de ses gamins bec et ongles. Alors pour mettre de l'eau dans le vin de Raph - c'était qu'une image, jamais elle ne gâcherait ce vin là en le diluant - elle joua la carte des problèmes d'adaptations de son fils, et de sa peur du changement. "Ma puce, tu le connais autant que moi, il a besoin de faire les choses à son rythme et ça peut prendre un peu de temps... Tu sais... lui faire ne serait-ce qu'imaginer quitter son petit appartement du Queens c'est déjà un pas énorme dans l'avenir, tu n'crois pas?" lui annonça-t-elle avec toute sa douceur maternelle. Raph avait conscience de tout ça. Quant à Becca, elle dissimula son sourire dans son verre en entendant la demoiselle lui raconter la visite. Isaac demandait son avis, elle trouvait ça positif. A dire vrai, si ça n'était pas ce visage triste qui lui racontait cette histoire, elle aurait sans doute rit d'eux. Avait-il vraiment parlé de vie à deux à l'agent immobilier en s'imaginant avec son chien? Elle trouvait ça hilarant. Pa et Da allaient mourir de rire lorsqu'elle leur raconterait ce truc là. Isaac était tellement adorablement désespérant parfois. Ou désespérément désespérant. Mais Phina était blessée, et jamais Ô grand jamais Rebecca n'en rirait maintenant. C'était donc ça qui l'agaçait. Becca s'apprêtait à lui dire des mots aussi doux que le miel comme à son habitude, mais les derniers mots de la demoiselle firent ressurgir la lionne en elle. Elle tapa sa main contre le plan de travail "AH NON!! Ah non, répéta-t-elle plus doucement, mais fermement, elle même surprise par le ton de sa voix, agitant finalement un index menaçant sous le nez de Raph, écoute moi bien jeune fille : je t'interdis de remettre en cause une seule seconde de ta vie l’intérêt et la dévotion de mon fils pour toi, tu m'entends? Ne sois pas aussi maladroite avec moi qu'il ne l'est avec toi, parce que je jure devant Dieu qu'il n'y aura pas assez de vin dans cette maison pour nous deux. Je comprends que tu sois blessée ma chérie, mais tu sais autant que moi qu'il est incapable de comprendre les choses quand on ne lui dit pas clairement, là dessus, mon fils est bien un fichu homme. Lui as-tu seulement parlé de ta volonté de vivre avec lui? TOI, viens ici." dit-elle en braquant son regard sur Isaac qui avait sans doute choisi le pire moment pour passer une tête dans la cuisine. Il se figea sur place, et eut la soudaine impression non seulement d'arriver au plein milieu de quelque chose, mais aussi qu'il n'y avait pas une femme, mais deux femmes qui lui en voulaient dorénavant. Bordel, c'était contagieux en plus?  Mais qu'est-ce qu'il avait pu faire pour que même sa mère semble prête à l'engueuler maintenant? Il avait l'impression que ses neurones se touchaient comme deux circuits sectionnés, ne provoquant que des étincelles. Il jeta un coup d'oeil à chacune des deux femmes, incapable de savoir de laquelle il devait avoir le plus peur en ce moment. Sa mère. Il fit un pas en direction de sa petite amie, comme pour se rallier à elle, ou avoir son soutien.  Non, c'était Raph la plus dangereuse. Il fit un pas vers sa mère. Ou sa mère. Mince, il ne savait même plus où se mettre dans cette foutue cuisine. "Je, heu, j'ai, j'viens de finir de mettre la table, vous n'voulez pas..." dit-il hésitant et incapable de finir sa proposition de fuite de la situation en faisant un signe du pouce en direction du salon. Il les regarda successivement, avec une mine désolée.

Becca était incontestablement l'une des mères les plus aimantes du monde, et c'était cet amour indescriptible envers ses enfants qui la rendait aussi féroce lorsqu'elle devait prendre leur défense. Peut-être avait-elle réagit un peu fort en entendant Raph dire que pour Isaac, c'était comme si ça ne comptait pas qu'ils soient en couple depuis plus d'un an. Mais elle ne pouvait pas laisser passer ça. Elle se doutait que c'était une maladresse, mais elle refusait de laisser la demoiselle s'écouter dire de telles conneries. A force de se dire que pour lui ça ne comptait pas, elle allait finir par croire à ses propres mensonges, et ça, pour la Mama Walsh, c'était absolument exclu. Bien-sur que pour son fils, être avec sa petite amie depuis plus d'une année comptait. Lui qui s'était si souvent fait bouffer par les femmes qu'il avait aimé. Non seulement ça avait de la valeur à ses yeux, mais surtout, il se sentait chanceux d'être avec une fille comme elle. Rebecca était une belle-mère ouverte, à la discussion et sur n'importe quel sujet, mais elle pouvait rapidement se braquer lorsque ses louveteaux, bien qu'adultes, étaient mis à mal. L'évolution de la discussion lui fit un petit quelque chose, notamment lorsque Raph évoqua le sujet des enfants. Appeler ça : une question simple, elle trouvait ça un peu simplifié tout de même, encore plus lorsqu'il s'agissait de son petit dernier. Mais le fait que le sujet le fasse angoisser lui fendait le cœur à chaque fois, et elle savait que la brune n'utilisait pas là juste une expression pour grossir le trait. Elle trouvait si triste qu'il ait si peur de cet aspect là de l'avenir, et ne pouvait que s'en vouloir. Peut-être avait-il grandit en voyant en elle toute la difficulté d'être parent? Peut-être n'avait-elle pas été suffisamment à la hauteur? Avait-elle fait des erreurs si terrible qu'il en était traumatisé? Bien-sur, l'idée de ne jamais être grand-mère l'avait longtemps travaillé, mais elle s'y était faite. Entre le Grand qui, il y avait encore peu, était incapable de se poser avec une femme de façon sérieuse, et le Petit qui avait le chic pour s'enticher des pires emmerdeuses, l'affaire était morte et enterrée pour elle. Toutefois, Nicolas avait fini par devenir père, au plus grand bonheur de sa mère. Évidemment que le contexte avec Aylin n'était pas ce dont elle avait rêvé pour lui,  mais ce merveilleux bout de femme avait transformé son imbécile de fils, tout comme Raph transformait Isaac, bien que plus doucement. Mais si Nick avait pu devenir un homme sérieux, attentionné et aimant pour une femme, et surtout père, alors elle ne doutait pas que Isaac puisse faire de même. Elle le voyait en lui à chaque fois qu'il était avec Aurora. Vous ne pensiez tout de même pas qu'elle n'avait pas remarqué qu'il venait tous les Mardi pour passer du temps avec elles? Alors oui, il s'en faisait toujours trop pour cette petite fille, et Becca avait passé beaucoup de temps à lui expliquer qu'elle n'était pas en sucre, mais il avait ce regard sur elle qui ne laissait pas de place au doute. Il avait de l'amour à donner et la petite le lui rendait bien. Même Becca n'arrivait pas à la faire sourire et rire autant. Quand Isaac débarquait, elle n'existait tout simplement plus aux yeux de sa petite-fille. S'il pouvait être ce tonton si formidable, elle n'avait aucun doute sur sa capacité à briller dans son rôle parental.  Mais contrairement à Nora, Becca ne poussait pas sa progéniture à agrandir la famille. Elle l'avait d'ailleurs royalement interrompu durant le repas de Noël lorsqu'elle avait commencé à parler enfant avec sa fille. Ce ne fut donc pas pour ça qu'elle somma Isaac de venir vers elles lorsqu'il vint dans la cuisine, mais pour qu'il discute avec Raph de ce pourquoi elle lui en voulait. C'était vraiment trop bête qu'ils se fâchent pour un malentendu et des non-dit. Et il était hors de question qu'ils restent dans cette situation, parce que ce repas allait être très gênant...

Même si être chez sa mère était sans doute l'endroit qu'Isaac préférait au monde, il avait pourtant envie d'être partout ailleurs qu'ici en ce moment. Il avait la désagréable sensation d'avoir interrompu quelque chose, et que tout le monde était désormais fâché. Pour la première fois depuis qu'ils étaient parti de la visite de la maison, Raph eut un regard pour lui, et un contact. Elle lui prit la main, et il se senti soulagé l'espace de quelques millièmes de secondes. Sa mère avait vraiment réussi à désamorcer la bombe? Il l'avait toujours su qu'elle était sa meilleure alliée, elle était incroyable. Toutefois, ce sentiment de délivrance fût de courte durée, puisqu'il eut l'impression de recevoir un coup de poing dans le ventre si fort que son souffle se coupa, lorsque Raph déclara qu'ils devaient parler. "Faut qu'on discute", c'était placé combien dans le top 10 des phrases anxiogènes? Là, tout de suite, il la mettait dans le top 3. Ça n'annonçait jamais quelque chose de positif, n'est-ce pas? Aucune bonne nouvelle dans l'histoire du monde n'avait jamais commencé avec ces mots. Oh non, ce jour était alors arrivé? Le jour où Raph en avait assez de lui? C'était de ça qu'elles avaient parlé toutes les deux? C'était pour ça que sa mère semblait un peu énervée? Parce que Raph le lui avait dit en avant première et que la nouvelle ne plaisait pas à sa maman? Lorsqu'il récupéra son souffle, celui-ci demeurait difficile à prendre, sans doute parce que son cœur frappait trop fort contre sa cage thoracique. Il pouvait compter sur sa mère en bien des choses, mais elle ne pouvait pas faire de miracle non plus. Si Séraphina voulait rompre avec lui,  elle ne pouvait rien faire de plus que de la convaincre de lui laisser une nouvelle chance, ce qu'elle avait surement déjà fait. Visiblement, elle avait échouée. Lorsqu'elle se mit en marche, il la suivit à contre cœur. Non, honnêtement, là, il n'avait pas du tout envie d'avoir cette discussion, parce qu'il n'imaginait pas la suite des choses sans Raph. Ceci dit, il était content d'être déjà sur place parce qu'après ça, il allait avoir besoin de Rebecca à ses côtés. Ils arrivèrent dans sa chambre d'autrefois et Isaac n'avait toujours pas décroché un mot. Il peinait déjà suffisamment comme ça à respirer, pour ne pas gâcher le peu d'air qui entrait dans ses poumons. Elle l'invita à la rejoindre sur le bord du lit, mais il n'en n'avait aucune envie. Il les connaissait que trop bien les fins comme ça. Elle allait ensuite lui prendre la main, et le regarder dans les yeux en lui disant que c'était pas lui, mais elle, et bla, bla, bla. Pourtant, il s'assit sur le lit, pas parce qu'elle l'y invitait, mais parce qu'il craignait d'empirer les choses s'il s'y opposait. Toutefois, pour contrer le destin, il coinça ses mains sous ses cuisses, pour les rendre inaccessibles. Comment dire les choses sans te blesser? Voilà, comme évidemment deviné, ça commençait mal. En général, après ça, elles lui juraient qu'il était un mec génial, mais qu'elles ne le méritaient pas, etc, etc... Il osa finalement la regarder, mais s'en voulu de laisser échapper un soupir nasal, et parce qu'il gâchait son peu d'oxygène, et parce que ça lui donnait un air agacé par la situation. Il n'était pas agacé, il était pré-anéanti. Il ne voulait pas avoir cette discussion là, et il avait en même temps hâte que ça se termine. N'était-ce pas comme un pansement, qu'il fallait arracher vite? Elle évoqua alors la visite de la maison, ce qui intrigua l'acteur. Peut-être lui avait-il fait peur avec cette grande demeure aux allures de maison familiale? Peut-être avait-elle eu peur de devoir emménager avec lui, et cette idée lui avait fait prendre conscience qu'elle ne l'aimait peut-être pas à ce point? En tout cas, quelque chose lui avait déplu. Ou avait fait déclic. Il se senti désolé lorsqu'elle mentionna le fait qu'il ait demandé son avis. Il n'aurait jamais dû se soucier autant de son ressenti durant la visite. Peut-être avait-elle l'impression qu'il lui forçait la main, ou que ça allait trop vite entre eux? (haha) Peut-être n'avait-elle pas comprit qu'il n'était pas en train de lui demander d'habiter avec lui et qu'ils avaient encore du temps devant eux pour ça? Oh, wait. Si, elle avait comprit. Sa phrase le fit alors froncer légèrement des sourcils, ne comprenant pas. Attendez, quoi? Il avait du mal à comprendre. Elle n'avait pas aimé qu'il lui demande son avis sur la maison, parce qu'elle pensait qu'il le faisait parce qu'il voulait vivre avec elle?  Ca ne faisait pas sens dans son esprit, et il se sentait très confus. Elle était en colère d'avoir pensé qu'il voulait qu'ils habitent ensemble, et elle était soulagée que ça ne soit pas le cas, mais faisait quand même la gueule par principe, ou alors elle lui en voulait d'avoir cru pouvoir habiter avec lui, alors que non? Ça paraissait tout de même être une option plus logique, mais c'était tout de même bizarre. Dans tous les cas, l'idée c'était de se séparer, parce qu'elle s'était fait des films? C'était lunaire. Elle développa davantage, en parlant de l'étape d'après entre eux. Elle n'avait pas le discours d'une personne qui allait le quitter, ça c'était rassurant. Parce que ce qu'il entendait, c'était seulement le témoignage de son amour. Elle voulait qu'ils achètent ensemble, qu'ils vivent ensemble. D'accord, mais pourquoi ça la fâchait tellement alors cette visite? Il n'avait pourtant jamais dit qu'ils ne vivraient jamais ensemble. Ni qu'ils vivraient ensemble ceci-dit. Alors qu'il avait déjà du mal à comprendre cette étrange discussion, retournant son cerveau dans tous les sens pour essayer qu'il soit axé comme celui d'une femme, pour tenter de comprendre où était le problème, elle continua à parler, lui donnant bien de la misère à suivre. Pourquoi mentionnait-elle leurs expériences de vie commune? Bien évidemment qu'il savait déjà qu'ils étaient capable de s'adapter à la présence de l'autre. Il adorait passer du temps avec elle, et quand ils partageaient le même toit ça se passait très bien, bien sur. Alors, oui, cet aspect là lui faisait un peu peur, parce qu'une vie entière ça n'était pas le même contexte que des vacances, mais s'ils n'habitaient pas ensemble, ça n'était pas pour ça. Isaac aimait simplement sa vie comme elle était, et vivre seul faisait partie de ça. Et il n'était mentalement pas prêt encore à bousculer tout ça.

Finalement, elle arriva au bout de ce qu'elle avait à lui dire, et il ne se sentait guère plus éclairé qu'avant tout ça. Il était toutefois plus serein quant à la pérennité de leur couple. Quoi que, ça pouvait peut-être se jouer à un rien, d'où le fait qu'il avait opté pour le silence, la laissant parler pour ne pas l'interrompre. Sauf que là, elle ne parlait plus, et lui non plus, trop concentré dans son esprit pour essayer de démêler les nœuds de cette discussion. Peut-être pensait-il trop? Mais il voulait à tout prix éviter de dire quelque chose qui la blesserait ou qui la fâcherait plus encore. Avec ses dernières paroles, il avait l'impression qu'elle lui demandait qu'ils s'installent ensemble, et de déménager encore une fois si ça se passait mal. Mais dans la mesure où il n'était pas prêt, ça ne pourrait pas bien se passer, n'est-ce pas? Et ça n'était pas une décision à prendre comme ça à la légère non plus. Ne valait-il pas mieux attendre qu'il soit lui-même dans cet esprit là? Comment lui dire sans qu'elle comprenne : je ne peux/veux pas vivre avec toi? Pas pour le moment, en tout cas. "Oh euh, désolé, j'imagine que c'est à moi de dire quelque chose là..." s'excusa-t-il en réalisant qu'elle devait attendre qu'il réagisse à tout ça, et que son silence était peut-être pire que des mots maladroits. Ayant besoin de canaliser son esprit, il sorti ses mains de sous ses cuisses, et les tritura en essayant  de récapituler la situation, histoire de voir s'il ne comprenait pas encore les choses à l'envers : "Donc, hm, si j'ai bien compris, l'élément déclencheur de ton humeur c'est la visite c'est mon projet maison, projet que j'ai exclusivement parce que Shakespeare a besoin de plus d'espace.. Projet qui n'est pas encore concret, parce que c'était juste une visite, tu sais, je n'ai pas signé de papiers...Donc en gros, tu m'en veux de ne pas t'inclure dans ce que tu as imaginé être pour nous, à propos de quelque chose qui n'existe même pas encore, c'est ça?" demanda-t-il, presque fier d'avoir su mettre le doigt sur l'origine du problème. Parce que c'était bien ça qu'elle avait dit, non? Qu'elle n'avait pas aimé la visite, parce qu'elle imaginait que c'était pour eux. Il réalisa toutefois presque tout seul - la tête de Raph l'avait un peu aidé - que ça sonnait mieux dans sa tête qu'à voix haute. Il passa sa main contre sa nuque, pour chasser les picotements de malaise. Comment sauver le coup? Il soupira, et essaya de parler en réfléchissant un peu moins :  "Tu sais, j'me doute qu'on va... devoir... habiter ensemble toi et moi, un jour où l'autre. 'Fin, pardon, utiliser le mot "devoir" c'était pas le meilleur choix, ça donne l'impression que je subis l'idée, désolé. C'est pas le cas en plus, tu sais j'suis vraiment pas contre qu'on vive sous le même toit. Un jour. Si j't'ai demandé ton avis tout à l'heure, c'est justement parce qu'il compte beaucoup pour moi. TU comptes beaucoup et j'veux que tu te sentes bien là où j'habiterai, parce que ce sera pas officiellement NOTRE maison, mais tu seras quand même chez toi. J'veux dire, actuellement, mon appartement, sur le papier, c'est chez moi, on est d'accord? Mais on sait tous les deux que c'est aussi chez toi. C'est pas pour avoir un double a proximité que t'as la clé depuis longtemps tu sais? Là, ce sera pareil, en plus grand et un peu plus loin... J'suis désolé Raph, je t'aime plus plus, vraiment, vraiment, vraiment plus plus. Vraiment. Mais je... suis pas prêt à ce que ça soit maintenant l'étape suivante entre nous... Je comprends que tu puisses m'en vouloir pour ça, mais s'il te plait, m'en veux pas pour ça..." dit-il sincèrement navré, confus, se sentant coupable de ne pas être capable d'être comme tout le monde, de faire comme tout le monde, de faire comme Nick et Aylin, comme Tyler et Max, comme Lily et Lexy, comme Jax et Tam, bref, d'être un peu plus dans la normalité du commun des mortels...  Pour adoucir le tout, parce que son but n'était clairement pas de lui faire de la peine, de la blesser, de la vexer ou de la mettre en colère, il tenta de la faire sourire : "Mais tu sais ce que dirait Elvis Presley? Notre maison est là où se trouve notre cœur." chantonna-t-il en imitant grossièrement la voix du King. Même si depuis la visite, il avait bien du mal à réussir à l'amuser un peu, ça valait le coup d'essayer au moins, non?

Isaac ne se sentait vraiment pas à l'aise d'entrer dans cette conversation. Il pouvait parler de tout avec Raph, et pourtant ce sujet là semblait extrêmement délicat. Essayez donc de marcher sur des œufs en chaussant du 46... Il n'avait pas envie de la braquer, ou pire, de la vexer, en lui expliquant qu'il n'était pas prêt à vivre à deux. Avec un autre humain, en tout cas. Mais c'était assez compliqué à exposer comme point de vue, d'autant plus que Raph prenait parfois facilement la mouche. Si pour des petits désaccords il pouvait rapidement lui donner raison pour éviter le drame, il ne se voyait vraiment pas accepter par défaut de vivre avec elle juste pour préserver l'harmonie de leur vision des choses. Elle admit qu'elle avait sans doute imaginé le sens de cette visite de la maison - franchement, il aurait su, il n'aurait jamais répondu à cet appel - mais mit dans le lot l'agent immobilier, prétextant qu'il avait cru ça lui aussi. Le brun l'observa, perplexe. Était-ce aussi de sa faute si l'agent avait eu jugement hâtif sur tout ça? Tout le monde comprenait de travers, qu'y pouvait-il franchement? Mais à priori, tout humain normalement constitué aurait comprit la chose ainsi. Sauf lui. Il n'était donc pas un humain normalement constitué. Il se senti un peu chagriné par cette remarque, et désolé à la fois. Il était confus, parce qu'il le savait très bien. Isaac avait conscience de ne pas toujours se comporter comme tout le monde, d'être parfois un peu en dehors des codes sociaux, mais c'était la première fois qu'elle le lui reprochait plus ou moins indirectement, et ça faisait un peu mal. Comme si elle réalisait enfin quelle plaie il pouvait être.  Mais Raph ne se contenta pas seulement de parler de quiproquo et de pointer du doigt l'humain défectueux qu'il était, elle accusa Isaac d'avoir eu des gestes et des mots qui pouvait semer le doute dans son esprit. Il avait la sensation d'être un monstre, sans savoir pourquoi elle avait cette vision là de lui. Ça lui faisait franchement mal au cœur. Il était gêné de ne pas partager cette même envie de vie commune qu'elle, il était peiné de ne pas être à la hauteur de ses attentes, mais il fut surtout contrarié lorsqu'elle résuma tout ça par : "t'es juste en train de me dire que je suis conne en faite." L'acteur fronça les sourcils, heurté par ce commentaire. Pardon?! Il avait seulement tenté de lui faire comprendre qu'elle était en train de phasé sur quelque chose qui n'était même pas décidé, et surtout à propos de quelque chose dont ils n'avaient jamais vraiment parlé jusqu'ici. Sa façon d'avoir résumé l'humeur de Raph avait sans doute été maladroite, alors il fit l'effort de contenir en lui sa pensée. Il dû vraiment tourner sept fois sa langue dans sa bouche pour ne pas lui dire qu'elle n'était pas conne, mais folle, peut-être... Parce que non seulement elle imaginait des choses et se braquait contre ces mêmes choses imaginées, mais surtout elle inventait des paroles à Iz. Il n'était même pas capable de lui dire qu'elle était tarée en ce moment alors qu'il était agacé, comment pouvait-elle croire qu'il disait qu'elle était conne? Jamais il ne l'avait pensé, ni par le passé, ni aujourd'hui, et jamais il ne le penserait.

N'ayant vraiment pas envie de poursuivre la journée avec une dispute inutile, il prit sur lui pour ne pas faire de commentaire qui pourraient empirer les choses. Au contraire, avec un certain malaise il essaya de désamorcer la bombe en lui expliquant son point de vue, sur le fait qu'il n'était pas encore prêt à vivre avec elle. Pour démystifier cette histoire à propos de son attitude qui aurait laissé croire à Raph qu'il avait ce projet là en tête aussi, il lui expliqua simplement que l'intérêt qu'il prêtait au jugement de Raph précédemment, c'était justement parce que son avis avait de l'importance pour lui, tout comme elle. Il voulait qu'elle se sente bien dans la future maison qu'il achèterait, parce que ça serait aussi chez elle dans un certain sens. D'abord, parce qu'il considérait que ce qui était à lui était à elle - et jusqu'ici, aux vues du nombres de vêtements qu'elle lui piquait, elle semblait du même avis - et surtout parce qu'il lui proposerait très certainement, un jour, de s'installer avec lui dedans. Elle venait suffisamment souvent chez lui, qu'il soit là ou non,  et était bien assez à l'aise dans son appart pour qu'il ait cette pensée là. Raph était autant chez elle, chez lui, que chez elle. Il n'y avait pas de raison pour que ça change juste parce que son chez lui serait différent. Il n'arrivait vraiment pas à comprendre où était le problème, et pourtant il voyait bien à son attitude qu'il y en avait un. La seule chose qu'il pouvait comprendre, c'était qu'elle puisse lui en vouloir de ne pas avoir cette même envie qu'elle de faire progresser leur couple. Il comprenait, mais trouvait ça injuste. Il ne lui en voulait pas de son côté qu'elle ait envie de plus entre eux. Ca signifiait peut-être que ce qu'il y avait aujourd'hui ne la satisfaisait plus, et c'était bien ça le plus gros problème pour lui. Parce qu'il n'était pas capable de faire plus. Il lui demanda donc de ne pas lui en vouloir pour ça, parce que ça n'était pas quelque chose sur laquelle il avait la main. Ce serait comme lui en vouloir parce qu'il pleuvait dehors. Il n'y pouvait rien. Aujourd'hui, s'il s'excusait en lui disant qu'ils allaient trouver une maison dans laquelle s'installer ensemble, pour lui faire plaisir, elle lui en voudrait un jour ou l'autre pour ça. Parce que ça n'aurait pas été sincère, et que cette décision affecterait drastiquement son bonheur personnel. La seule chose qu'il pouvait faire, c'était de lui rappeler à quel point il l'aimait, et que le fait de ne pas vouloir habiter avec elle actuellement n'avait rien à voir avec ses sentiments pour elle. Parce que ce qui lui faisait peur dans cette histoire, c'était bien qu'elle confonde tout et qu'elle s'imagine aussi un lien entre ces deux choses pourtant totalement distinctes, et qu'elle décide d'en rester là. Soit parce qu'elle imaginait qu'il ne l'aimait pas assez, soit parce qu'elle n'avait pas envie de perdre encore plus de temps avec cet humain qui n'était pas normalement constitué et qui n'évoluait pas au même rythme qu'elle. Même s'il n'en doutait pas, il fut rassuré de l'entendre dire qu'elle l'aimait aussi, lui qui avait cru un instant que la fin de cette conversation serait une rupture à laquelle il n'était pas prêt. Elle avoua qu'elle allait avoir besoin de temps pour digérer cette histoire. Puisqu'il espérait qu'elle soit déjà en pleine digestion il décida de ne pas la bousculer plus, même si de son point de vue, elle en faisait peut-être beaucoup pour si peu... Toutefois, n'étant ni dans sa tête ni dans cœur, il préférait ne pas juger trop vite son ressenti et lui laisser le temps qu'il lui fallait. Après tout, la discussion aurait pu tourner pire que ça, il n'avait pas envie de rajouter de l'huile sur le feu.

Maintenant que leur point de vue divergeant était clair, et qu'elle ne faisait plus ouvertement la gueule dans son coin, Raph sembla plus apte à comprendre que Iz n'était pas encore prêt à tout ça. Il fut soulager de l'entendre le dire, tout comme le fait qu'elle acceptait de lui laisser du temps pour l'être, et pour y réfléchir. Elle le soulageait d'un poids pour lui rajouter finalement une pression, qui joua sur son rythme cardiaque. Bien sur qu'il allait y réfléchir, car comme il le lui avait dit, il n'était pas fermé à l'idée, mais y penser ne l'y préparerait pas plus. Il imaginait ça plutôt comme un déclic : un jour, il allait se réveiller en se disant que cette fille qui dormait avec lui, il avait envie de vivre avec.. Mais s'il n'avait jamais ce déclic, cette envie? Son cœur s'emballa un peu plus lorsqu'elle fit part de cette même crainte. Il se sentait vraiment coupable de la rendre triste à cause de cette histoire de maison. Le plus simple serait peut-être d'avorter ce projet. Shakespeare avait passé presque toute sa vie dans son appartement, l'extérieur lui ferait du bien mais sans doute survivrait-il s'il devait s'en passer? Pas de maison, pas d'attentes, pas d'attentes, pas de peine ni de disputes? C'était plus facile de faire ce raisonnement là, plutôt que d'admettre que le problème ne serait que reporté. Ca n'était pas tant la maison la problématique, mais le fait de vivre ensemble. Isaac resta silencieux encore une fois, ne sachant pas vraiment quoi lui dire pour éloigner ses peurs. Lui promettre avec assurance qu'il serait prêt à passer ce cap serait lui mentir, parce qu'il n'en savait rien. Il ne voulait pas prendre cette option là. Il hésita un instant à tenter de lui faire revenir ce faible sourire qu'elle avait eu tout à l'heure, en lui faisant remarquer que même si rien ne changeait, techniquement, y aurait quand même déjà une évolution d'ici quelques années si ses fringues étaient au moins rangées dans son armoire, vu le caractère bordélique de sa petite amie, mais il garda cette blague parce que non seulement elle allait croire que c'était ça qui le freinait, alors que pas du tout, mais parce qu'il n'avait pas le gout de plaisanter en la voyant souffrir de tout ça. Posant sa main contre sa nuque baissée, la caressant du pouce, il ne trouva finalement rien de mieux à dire que des excuses, parce que désolé, ça, il l'était : "Pardon si j'ai été maladroit pendant la visite, et de ne pas évoluer à ton rythme..." Il savait qu'il avait de la chance d'avoir Raph dans sa vie, sa mère le lui répétait suffisamment souvent. Mais il avait l'impression de la prendre en otage de sa propre vie, avec ses difficultés à avancer comme n'importe qui d'autre. Les choses, telles qu'elles étaient, convenaient parfaitement bien à Isaac, et il avait toujours cru qu'à Raph aussi, loin d'avoir conscience que leurs attentes pour leur couple différaient à ce point. Mais clairement, Phina ne se satisfaisait plus de tout ça. Il ne voulait pas qu'elle se sente piégée dans cette attente, pour que la finalité soit peut-être elle aussi une déception. Il se sentait tellement égoïste de ne pas avoir besoin de plus, et de lui imposer ce choix là. Il l'observa, sentant sa propre tristesse se manifester. Peut-être par empathie, peut-être parce qu'il savait ce qu'il allait dire. Il inspira profondément, avant de reprendre la parole d'une voix qui trahissait parfois son émotion : "Tu sais... J'te ferai jamais une promesse que je ne pourrai peut-être pas tenir.. Donc j'peux pas t'assurer que d'ici 6 mois, un an, peut-être deux ou même plus, j'aurai envie de ça moi aussi. Et en supposant que ce chapitre n'arrive jamais, j'veux pas que tu sois la malheureuse de notre Histoire... Si le fait de ne jamais vivre ensemble te fait aussi peur, c'est peut-être pas une bonne idée de parier sur l'avenir, y'a toujours des risques, tu crois pas? Parce que je comprendrais que.. tu vois, que tu n'veuilles pas perdre encore plus ton temps et je veux pas qu'au lieu de vivre avec moi, tu vives avec des regrets... Je sais je sais, tu te dis 'mais non on va pas se séparer on s'aime' et c'est vrai, mais avant que tu t'autopersuade du reste, j'veux juste que t'écoute. Je...J'ai vraiment peur de pas être à la hauteur Raph.. J'sais bien que t'as connu pire que moi, et j'crois que ça me terrorise de me dire qu'aujourd'hui, si quasiment tout est rose c'est uniquement parce que t'as pas connu mieux. Regarde autour de nous, objectivement, y'a plus normal comme gars que moi, plus... normalement constitué, moins bizarre, moins flippé... J'ai peur que tu reste uniquement parce que je prends trop de place dans ta vie et qu'en même temps tu partes parce que je suis pas assez. Mais j'ai encore plus peur que tu te rende compte que je suis pas à la hauteur. J'te jure que j'aimerais être différent, j'aimerais être quelqu'un d'autre mais je suis que moi et j'ai peur que ça suffise pas, et tu mérites pas d'être malheureuse. J'veux pas être responsable de ça... " C'était quand même super con, ils avaient esquivé toute possibilité de discussion à propos de rupture, et lui, par crainte de ne pas être en mesure de lui apporter ce qu'il lui fallait pour être heureuse, et par l'envie de ne pas lui gâcher la vie, essayait de lui demander si elle voulait vraiment qu'ils restent ensembles, ou si elle préférait en rester là...