histoire :TW : Violence infantile/domestique/physique/psychologique, suicide, harcèlement, misogynie, meurtre.
L'aurore. C'est le commencement, le début. C'est aussi cette frontière entre la lune qui s'éteint et le jour qui naît. Et pour Sky, c'est le nom de sa mère. Aurore.
Andrew. C'est le deuxième A de la maison. L'Autre. Celui que personne ne nomme dans la maison. Parce que l'Autre, même si c'est son géniteur, ne mérite pas d'exister. Car lui accorder la moindre importance serait une erreur.
La
violence. Telle un serpent, elle se mue. Elle évolue, elle change, devient plus douloureuse, s'ancre de plus en plus dans l'âme de sa victime jusqu'à la détruire complètement, jusqu'à ce que le venin fasse effet et tue sa proie petit à petit ou de manière fulgurante. Si quelqu'un y survit à ce poison, il y a deux possibilités. Refuser que la violence ne se mêle à son sang ou l'embraser et ne faire qu'un avec elle. Mais parfois... Il y a certains serpents qui n'ont pas de venin mais cela ne les empêche pas de mordre, de blesser, voir tuer. Car même sans venin, le serpent peut toujours étouffer sa proie.
La
violence. Elle n'a pas de visage. Car elle peut prendre n'importe quelle forme, elle peut habiter n'importe quel corps mais elle peut être tout autre... Elle peut se trouver dans le reflet d'un miroir...
La
violence. Elle n'est pas la même pour tous. Elle n'en reste pas moins mortelle.
Mais la
violence n'est rien s'il n'y a pas un enjeu. Parce qu'une frappe, un coup, Sky encaisse facilement. Il en a l'habitude. Mais une perte. Une vie entre ses mains, si elle vient à lui échapper... S'il vient à la lâcher, l'abandonner... Il ne se le pardonnera jamais.
Sky a toujours été un p'tit délinquant, flirtant avec la justice. Un gamin paumé qui n'a jamais cherché à trouver une route plus stable, préférant aller par des sentiers jamais fréquentés. Cela explique le fait qu'il ne soit pas très fréquentable... Ce n'est pas parce qu'il ne désirait pas arpenter d'autres sentiers, c'est juste que personne n'a pris la peine de lui montrer le bon chemin. C'est pourquoi il n'a cessé d’enchaîner les conneries. Ses crimes sont nombreux.
Crime 1 : Il est né.
Dès son premier jour, il a commis le pire crime qui soit. Naître. Il n'était pas voulu. Il était une chaîne que l'Autre avait mis autour du cou de sa mère pour la garder, docile, soumise. Elle devait le détester, il ne pouvait en être autrement... Elle le devait. Mais... Comment détester son propre enfant ? Même s'il est le produit d'un monstre qui se fait passer pour un ange. Son père l'a nommé... Boy. Enfin, c'est ce qu'il comptait faire mais cela a été refusé, à sa plus grande consternation. Il a donc nommé son fils, Un. Très recherché, il en est assez fier. Et il compte bien faire naître une deuxième laisse pour que sa femme reste bien à sa place. Il pense à Two, pour changer un peu, diversifier. Mais il apprend que sa femme est enceinte d'une fille. Une fille. L'Autre a crié au scandale. Une fille, lui ? Même pas en rêve ! Ce n'est pas une de ces mauviettes qui engendre le sexe faible. Il s'y est opposé par les poings. A 7 mois de sa grossesse, Aurore perdit son enfant. Depuis ce jour, elle est différente. Sky est bien trop jeune pour dire pourquoi, mais son aura a changé. Avant, elle le regardait avec amour, maintenant, avec de la colère, de la tristesse et un peu d'amour.
Crime 2 : Il encaisse les coups et les rend bien !
Sky n'a jamais été du genre à se laisser faire. Pas une seule fois. Il ne pleurait pas, plus. Et il encaissait pour ne pas que sa mère ait à le faire. Son père lui criant que s'il frappait sa mère, c'était à cause de Sky, parce que le gamin ne pouvait pas mieux encaisser les coups, parce qu'après deux-trois coups, il pleurait et tombait à terre. Pis un homme, un vrai, ça ne pleurait pas. Donc c'était sa faute d'être si faible. Donc à chaque fois, il poussait ses limites pour se relever. A chaque fois, il frappait de ses petits poings, du plus fort qu'il le pouvait. Il se devait d'être fort. S'il pouvait pas se protéger, qui pourrait-il sauver ?
Crime 3 : S'intéresser à la boxe.
Dès son plus jeune âge, il a toujours voulu être le plus fort. Non, ce n'est pas que cela l'intéressait. Il le devait. Il le doit. Il s'inscrit jeune à un club de boxe avec l'aide de sa mère. Ses cours lui servaient à écraser les autres, les frappait. Après tout, son paternel le faisait bien donc c'était autorisé, non ? Il les battait, les provoquait. Il se défendait bien. Ho que oui ! Il a subi un... Entrainement intensif avec son géniteur mais malgré cela... Malgré cela, il n'était pas assez fort. Comment réussir à battre un policier ? Parce que c'était ce qu'était son père. Un putain de policier. La bonne blague ! Qui l'accuserait de violence ? D'ailleurs ses collègues le plaignaient d'avoir un gamin si... Turbulent. Parce que s'il le relâchait du poste de police, c'était grâce à son père et qu'il pourrait lui montrer un peu plus de gratitude... Le problème, c'était que lui, il était plus protéger dans une cellule que chez lui. Donc il était en colère, dans une rage noire face à cette injustice. Donc c'est plus fort que lui. Les bagarres permettaient de justifier ses blessures, ses plaies, ses contusions, de se défouler aussi. De blesser ceux qui étaient à portée de main en imaginant que c'était l'Autre. C'est une brute donc c'est normal s'il a des blessures, il n'y a pas de problème à se faire. Mais sa passion pour la boxe lui a valu de... Se faire mal à la main. Il ne dira jamais ce qui est arrivé, il ne dira jamais par qui non plus. Juste, maintenant il a du mal à utiliser sa main gauche. Il ne le montre pas mais il a mal quand il la bouge. Pour cacher le bandage sur sa main, il porte toujours des mitaines noir en cuir. Cela se marie bien avec sa moto.
Dans les combats, une seule main était assez handicapant donc il s'est tourné vers le Taekwondo. Un art martial qui utilise que les pieds et la force des jambes. Il était doué. Il avait un don pour les spinning kicks. Et ses jambes étaient longues, ce qui était un avantage considérable. Maintenant il pouvait se bagarrer sans se salir les mains...
Crime 3 : Aimer sa mère.
L'Autre avait beau lui répéter qu'accorder sa confiance à quelqu'un permettait de lui donner un pouvoir terrible sur soi. Le pouvoir de le détruire. Il faisait une confiance aveugle à sa mère. C'était sa bouée de sauvetage quand il se noyait dans la violence. C'était sa douceur. Celle qui rendait sa vie plus belle. Sa faiblesse. La plus belle d'entre toute. Elle soignait ses blessures. Il n'y avait par contre aucun acte d'affection physique tels que les câlins, il avait toujours des douleurs quand ils en faisaient et elle aussi. Ils s'aimaient de loin. Le problème étant qu'il devait se battre contre quelque chose qui n'existait plus. Sa soeur. Mais comment battre un fantôme ? Comment pouvait-il rivaliser contre une morte ? C'était au-dessus de ses forces, au dessus de ses capacités. Mais il avait besoin de sa mère plus qu'elle de lui. Alors il s'accrochait même si elle n'arrêtait pas de le comparer à Two. Il en vint à être jaloux d'une morte ! De sa soeur qui plus est. Sa mère n'a jamais su, mais lui aussi, ce jour-là, il a perdu un membre de sa famille. Il avait 7 ans, mais il s'en souvient. Il n'en a jamais rien dit. Parce que, hé bien, un homme ne dit pas quand il souffre. Parce qu'un homme doit être fort, un homme n'a jamais mal à son cœur. Un homme ne peut faiblir. Il voulait ne pas les écouter, les paroles de "l'homme" de la maison mais... Tel un mantra, c'était rester dans son crane d'enfant malléable. C'était un homme donc il doit être fort.
Une fois. Il a posé une question à sa mère. "Maman... Pourquoi m'avoir appelé Un ?". C'était très dégradant de se nommer comme un chiffre. N'est-ce que cela qu'il représente pour ses parents ? Un chiffre, un gamin remplaçable ? Quelque chose dénuée d'importance comme le Un d'une liste ? Elle lui avoue alors, que ce n'était pas le prénom qu'elle avait choisi pour lui. Dans ses yeux, il sentit un quelque chose d'étrange dans sa poitrine. Une chaleur réconfortante. Tout excité, un sourire au lèvre, il lui demanda "C'est quoi ?! C'est quoi ?! Dis-le moi maman ! Steuplait !". Puis, du bout de ses lèvres, un doux sourire au lèvre, elle a prononcé son prénom.
Sky. Sky... Il était si heureux qu'il en aurait pleuré, mais un homme ne pleure pas. Alors il se contenta de le répéter. Sky. Sky. Sky. Et ce jour-là, il aurait juré qu'il venait de naître...
Crime 4 : Fuir.
A ses 14 ans, il avait supplié sa mère de partir. Ils devaient partir. L'Autre était de plus en plus violent, tellement que pour la première fois, Sky eut peur. Peur pour sa vie, pour celle de sa mère. Sky avait peur de mourir. Il pouvait prendre autant de coup que l'Autre voudrait lui donner mais... Il ne voulait pas mourir ! Certes, personne ne le pleurerait, si ce n'est peut-être sa mère, mais... Il ne voulait pas quitter ce monde. La mort lui faisait peur, le terrifiait. Quand il souffrait, cela le rassurait parce que cela voudrait dire qu'il était vivant mais... Pour la première fois, son père avait beau frapper, il ne ressentait plus rien. Un vide total. Une absence de douleur. Il avait fermé les yeux, juste quelques secondes. Parce qu'il était si fatigué. Pour se réveiller en sursaut quelques jours plus tard. Il en a eu des frissons de terreur. Il venait d'échapper à la mort. Il a eu de la chance. Il doute que cela dure éternellement. Il flirte avec la mort depuis plus longtemps qu'il ne le pensait. Sa mère a accepté sa demande. Ils devaient partir. Elle aurait dû le faire il y a longtemps mais elle n'en avait pas eu la force... Elle n'en a jamais eu la force. Cette dernière, elle la puise dans son fils. Et c'est une chose atroce à dire. Parce que cela veut dire qu'elle ne compte que sur son fils. Ce dernier n'était qu'un gamin qui se prenait pour un homme, qui se refusait tous les droits qu'un enfant de son âge comme lui se devait d'avoir. Et elle était aussi coupable que son mari pour cela. L'Autre se rendit compte de leur fuite, il y a eu des cris. Des pleurs. Des supplications. Puis une balle. Un tir.
Un crime.
Il sentait le corps de sa mère inerte sur lui. Il avait été dans un état de rage incommensurable. Il n'était pas triste. Il était juste en colère. Une colère si monstrueuse qu'elle était dirigée autant sur l'Autre que sur lui-même. Et quand il était dans un état de haine pure, il devait se défouler. L'Autre était sous ses mains. Il a donc rendu à l'Autre toute la douleur qu'il a subi de lui. C'était sa première victoire face à lui. Sky ne l'a pas tué. Il aurait bien voulu mais les policiers sont arrivés, il a été jugé par le tribunal de la jeunesse qui l'a condamné à un séjour dans un centre de détention pour mineur parce qu'il avait fait preuve d'une violence inouïe. Il est sorti quelques mois plus tard pour se trouver devant Jane et Peter Winters qui voulaient l’accueillir. Ils avouent qu'ils n'étaient pas à l'aise d'être en présence d'un délinquant, mais chacun méritait une seconde chance. Il ne leur dit pas un mot. Non, il n'était pas dans un mutisme profond. Il les détestait juste. Ils croyaient quoi ? Qu'ils pouvaient venir et l'emmener ? La première fois qu'il est entré, il a juste jeter son manteau à terre sans aucun respect. Jane vient à lui, essayant de poser une main sur son épaule, il eut mouvement de recul. "Je t'interdis de me toucher". Jane lui répondit "Je suis désolé si je t'ai un peu brusqué. Tu sais, Peter et moi ne te feront aucun mal". Ils ne comprenaient. Ils ne peuvent pas comprendre. C'était de sa faute. C'est lui qui allait les blesser. Il leur répondit par un sourire mesquin, presque sadique par "Accorder sa confiance à quelqu'un, c'est lui donner le pouvoir de vous détruire. Dis-moi Jane, veux-tu que je te détruise ?". Ce fut Jane qui eut un mouvement de recul. Comment un gamin d'à peine 15 ans peut-il lui dire cela aussi posément ? Ne se laissant pas dépiter, elle lui accorde un doux sourire pour simplement lui répondre "Je prends le risque si tu le prends avec moi". Pour la deuxième fois de sa vie, il ressentit cette chaleur réconfortante dans son cœur. Et tout de suite après, il s'en voulu. Il ne pouvait pas aimer Jane, seule sa mère lui a fait ressentir cela, il n'y avait que sa mère et il ne devrait y avoir qu'Aurore. Il culpabilisait encore plus donc en fermant son poing droit, il fit juste un "Tss" et lui tourna le dos. Mais les paroles de Jane fit echo dans son âme. Un premier pas vers quelque de plus grand. Peut-être.
Crime 5 : Arrêter l'école.
Jane et Peter, ses frères et sœurs ont essayé de le raisonner. Pourquoi abandonner ses études ? Il ne restait plus qu'une année. Qu'ils se taisent ! Ils ne comprenaient rien... Sky ne pouvait plus rester sur les bancs de l'école alors qu'il y avait un banc vide à cause de lui. Les mauvaises habitudes ont la peau dur. Il avait essayé d'arrêter de se battre, d'arrêter de s'en prendre au plus faible. Il n'était pas comme son père. Il ne pouvait pas, cela le répugnait. Mais c'était si... Facile. C'était ce qu'il avait toujours connu. Frapper ou être frappé. Donc il s'en est pris à son camarade de classe. Si faiblard, si... Chétif. Si doux. Il le jalousait au fond. Il voulait être comme lui. Il voulait être capable de ne faire aucun mal à quiconque. Et dire qu'il se nommait Alan, et Alan le considérait comme son ami. Pourquoi ? Il ne le méritait pas. Il le protégeait des autres mais pas de lui-même. Il était si méchant, il le frappait parfois. Alors pourquoi rester à ses côtés ? Pourquoi est-ce qu'il gardait le sourire au lèvre pour Sky ? Ce dernier s'est d'ailleurs mis un petit gang d'élèves à dos et il s'est inquiété de son camarade, son camarade qui a réussi à faire une prise de taekwondo que Sky n'a jamais réussi faire. Il a réagi comme un gamin en voyant ça. Il était si jaloux. Alan l'a bien remarqué et a refusé de faire le mouvement parce qu'Alan savait pertinemment que cela blesserait Sky, donc il ne l'a pas fait... S'il l'avait fait, cela aurait pu le sauver. Ce qui aurait pu le sauver d'une mort certaine... Il voulait venir à lui pour le protéger mais quand il est arrivé, c'était trop tard. Donc il s'est approché de ce gang de gamins, et s'est vengé. Il les a tous rétamé en répétant "Tu n'as pas 50 centimes ?", se foutant de la réponse de ces gamins. Ce qui importait était que c'était la phrase qui lui avait permis de rencontrer Alan... "Tu n'as pas 50 centimes ?" et cette fois-ci, il permit à une larme de couler le long de sa joue, avec un sourire au lèvre et les poings en sang après avoir terminé le carnage. Il a pris sa moto et est parti. Qu'est-ce que Jane et Peter seront déçus s'ils apprennent ce qu'il a fait. Ce qu'il est. Comment sa famille le regarderait après ça ? Tout le mal qu'il a causé. Tout le mal qu'il représente. Il se déteste. Il se hait au plus haut point. Donc il a abandonné ses études.
Crime 6 : La musique, sa libération.
Il a cessé d'aller à l'école pour la musique. Il ne peut pas jouer d'un instrument à cause de sa main mais c'est si facile d'utiliser un logiciel pour créer une mélodie avec tous les instruments qu'il désire. Il n'a jamais été doué à l'école, il n'a jamais excellé en math, géo, histoire ou tous les autres cours. Les seuls cours où ils avaient de bonnes notes étaient le français -l'option qu'il a pris parce qu'Aurore ne cessait de lui répéter qu'elle aurait aimé apprendre le français-, l'informatique, la musique et la gymnastique. Pour les autres cours, il était nul. Il s'ennuyait, il gigotait, il ne tenait pas en place alors il se barrait de classe pour courir, sortir, faire un truc. Les pièces closes l'étouffent, il a besoin de liberté, d'espace. Beaucoup d'espace. Il a transformé sa douleur en parole, en mélodie, en chanson mais... Il se déteste. Il doit souffrir. Il le doit. Car entre choisir entre la culpabilité et la douleur, le choix est vite fait. Mais c'est un homme donc il doit juste taire ce qu'il ressent. Donc... Il va juste chanter pour oublier. Tout pour ces quelques minutes d'oubli, de frisson. D'adrénaline. Ses chansons ont semblé être apprécié du public, faisant des petits concerts de bar en bar, dont il y avait 40 personnes maximum, il a tapé dans l’œil d'un producteur. C'est ainsi que sa carrière à décoller.
Peut-il vraiment atteindre le ciel quand l'Aurore ne semble pas vouloir laisser sa place au soleil... ? A-t-il encore droit à un avenir, au bonheur, aussi éphémère soit-il ?