Speaking is the first step to heal

Non Aby ! Non, je ne vais pas lui parler plus que nécessaire… Pourquoi ? Bon sang, c’est mon patient ! Je ne vais certainement pas me lier avec un patient, t’es folle ou quoi ?!

Ellie soupira devant son miroir, le haut-parleur du téléphone en marche et sa jumelle en train de lui convaincre de manquer à la plus élémentaire règle déontologique de médecine. Parfois, le romantisme exacerbé de sa sœur mettait les nerfs d’Ellie en pelote. Elles étaient tellement différentes sur ce point. Là où Aby pensait que l’amour était la priorité absolue, Ellie, elle, pensait exactement le contraire. L’amour n’était pas un gage de durée et surtout de sécurité alors que le travail oui. On n’avait aucun risque à voir son cœur ou sa vie brisée à cause de son travail alors que l’amour… Elle n’avait que trop vu les ravages que cela pouvait causer. Certes, il existait des exceptions. Ses parents de cœur en étaient la preuve vivante mais la brune savait que cela était extrêmement rare et sa génétique la prédisposait à finir comme sa mère biologique plutôt que comme Jane.

Raccrochant avec sa sœur, la brune finit de s’habiller. Tenue toujours fonctionnelle. Pantalon, tailleur. Noir. Avec un chemisier de couleur. Rien de trop ostentatoire. Pour les débuts, il valait mieux ne pas se faire trop remarquer au risque de ne pas être prise au sérieux. Et puis, aujourd’hui était le jour de la deuxième séance du Sergent Reynolds. Et la dernière chose qu’elle voudrait c’était de le laisser croire des choses. C’était déjà bien assez gênant comme situation sans en rajouter une couche.
La jeune femme finit par arriver au commissariat. Accepter ce poste avait pas mal bouleversé l’emploi du temps de la brune mais c’était plaisant de voir autre chose et surtout de voir ses années de travail récompensés ainsi. Ce poste était l’accomplissement de tout ce pour quoi elle avait travaillé depuis ses années de médecine et Ellie n’avait aucunement l’intention de tout gâcher parce qu’elle avait eu une nuit de folie avec un policier.

Entrant dans son bureau, elle commença par mettre un peu plus de vie dans ce dernier. Elle ne pouvait pas remplacer le mobilier mais pouvait y mettre un peu plus de chaleur. Rajouter un ou deux coussins de couleurs sur le canapé au fond, un ou deux tableaux de citations et quelques bougies. Elle n’en avait vu que quelques-uns mais avait déjà pu identifier quelle bougie associer à qui. Car Ellie aimait cela. Elle était persuadée que dans une ambiance calme et un peu plus cocooning, les patients se sentaient plus en confiance et pouvaient plus se détendre et se confier. Une technique comme une autre mais qui avait déjà démontré mainte fois son efficacité. La matinée se déroula rapidement. Elle avait eu le temps de se préparer cette fois et prendre connaissance de ses dossiers avant.
11h… Cole avait rendez-vous exactement dans 15mn mais Ellie sentait déjà qu’elle ne le verrait pas. Se levant pour aller se chercher un café et se dégourdir les jambes, la psychiatre échangea quelques mots avec certaines personnes avant de rebrousser chemin. Ce fut au détour d’un couloir qu’elle se heurta presque à lui.

Sergent Reynolds ! Quelle bonne surprise ! Comment allez-vous ?

Elle lui avait sourit avant de voir son chef débarquer.

Bonjour Commandant. Comment allez-vous ? Nous allons justement entrer en séance avec le Sergent Reynolds, désolée si je ne puis rester échanger quelques mots avec vous.

Se rapprochant doucement du policier, elle lui glissa discrètement

Si j’étais vous, je jouerai le jeu pour ne pas contrarier beau-papa…

S'il y avait bien une chose auquel Cole était imbattable dans le domaine c'était pour faire une vraie tête de con. Bon nombre de personne le savait au poste surtout ceux de son équipe.
Alors quand il avait vu la convocation pour le second rendez vous arriver officiellement sur sa boite mail pro. Cela lui avait paru évident qu'il n'y mettrait pas les pieds. Si cette psy pensait pouvoir juger de la légitimité de son acte en intervention elle pouvait se mettre le doigt dans l'œil.

N'ayant plus sa place au briefing journalier Cole avait bien plus de temps libre et aujourd'hui il était d'entretiens au garage. Rien de bien sorcier il y avait des mécanos pour les pannes, mais il fallait bien du monde pour nettoyer et ranger tout ce qui ne l'était pas. Cela n'avait jamais déranger Cole de faire les corvées... Peut être son coté maniaque du ménage. Apres un petit tour a son casier pour aller y chercher l'encas qu'il s'était préparer pour sa pause de dix heures qui finalement avait été un peu décalée il prit le chemin du garage mais tout ne se passa pas vraiment comme prévu...

S'il y avait bien une personne qu'il ne tenait pas a voir dans ce commissariat avant le commandant c'était bien elle... La belle psychiatre aux yeux envoutant qui venait de se prendre le sergent de plein fouet. Bien sur elle ne manqua pas de lui mettre le grappin dessus... Tout ce qu'il craignait. Mais Cole avait toujours eu du répondant et s'apprêtant a l'envoyer bouler il ravala ses paroles quand une seconde personne apparue... Ce dernier reprit la parole avant que Cole ne puisse en placer une.

Vous m'en voyez ravi docteur ! Le sergent est un bon élément il me tarde de recevoir votre approbation pour sa réintégration.

Devant l'engouement du commandant il n'en plaça pas une mais la réflexion de la brune le fit monter au créneau. Alors qu'il commençait déjà a suivre la brune plus loin ayant réussi a habilement esquiver le plus agé.

Ce n'est pas mon beau père. J'apprécierai que vous arrêtiez avec ca docteur.

Dit il sur un ton plus qu'étonnamment calme au vu de la situation. Interieusement il soupira de s'etre fait avoir comme un bleu.

J'imagine que je n'ai plus vraiment le choix que de vous suivre.

La sorcière avait bien jouer son coup. Exprès ou non il se devait de jouer le jeu sous peine de s'attirer les foudres de Cooper a l'instant T. Alors le sergent marcha... Résigné et battu pour cette manche mais qu'elle ne croit pas avoir gagner la guerre pour autant. Le coffre de son cœur et de son esprit était verrouillé et jamais elle n'en trouverai la clé.

Elena n’était pas du genre à abandonner. Aussi bien dans la vie privée que dans la vie professionnelle. D’autant plus que sa réputation était en jeu dans cette dernière. Alors elle n’allait certainement laisser un sergent obtus lui dicter sa conduite. Elle profita donc de la venue du commandant pour l’emmener exactement là où elle le voulait. Elle était devenue une experte dans tout ça la brune. Si il fallait user de subterfuge, elle le ferait mais l’important était qu’il était là où elle voulait qu’il le soit.

Elle fit un grand sourire au Commandant, qui sans le savoir, avait été son allié sur ce coup-là. Et en rajouta une couche en adressant un sourire plus qu’hypocrite à son patient

Je suis sure que le Sergent Reynolds comprendra l’importance de sa coopération dans cette affaire Commandant. Je me trompe Sergent ?

Ils finirent par se diriger vers son bureau. Le regardant en biais, elle se contenta de hausser les épaules et de lui dire

On ne sait pas de quoi demain est fait Sergent. Lui vous considère encore à l’évidence comme son beau-fils…

Ellie ne savait pas si la petite pique s’était faite ressentir ou non mais elle était bien là. Et elle n’avait pas voulu la sortir comme ça. Elle ne pouvait se permettre qu’il ne commence à croire des choses qui ne sont pas vraies.

Ils arrivèrent vite au bureau de la psychiatre. Elle avait fait quelques changements depuis la denière fois y apportant un peu de sa touche personnelle. Elena estimait que son bureau devait inspirer le calme et la confiance à ses patients tout agent de l’ordre qu’ils soient. Heureusement qu’elle avait fait un peu de rangement juste avant d’aller chercher son café. Elle n’aimait pas à recevoir ses patients dans une pièce encore emplie de souvenirs du dernier. Elle se réservait toujours un temps pour ranger son bureau et faire disparaitre les traces en allumant une petite bougie parfumée dans un coin de la pièce. Un parfum qu’elle associait généralement à son patient. Ellie adorait les bougies, elle en avait d’ailleurs dans sa maison toute une collection. L’invitant à s’asseoir, elle alla allumer celle de Cole – un mélange boisé qu’elle adorait – et s’assit alors en face de lui.
Elle lui sourit doucement en le voyant regarder autour de lui. Il y avait eu pas mal de changement en effet. Elle y avait ajouté sa toucher personnelle ce qui donnait à la pièce un peu plus de vie et de chaleur. Et lui demanda

Vous êtes en train de regarder le changement depuis la dernière fois ? J’aime à ce que les personnes que je reçois se sentent à l’aise ici.

Elle avait délibérément omis le terme de patient. C’était le genre de mot qui risquait de le braquer et c’était la dernière chose qu’elle voulait.

Je vous remercie Sergent d’avoir joué le jeu et d’être venu même si je sais que c’est le Commandant qui a joué un rôle central dans cette décision…

Elle laissa passer un petit moment avant de lui demander

Comment allez-vous Sergent Reynolds ?

Ce sourire il le détestait. Si une femme était capable du meilleur... Comme leurs nuit après la soirée du bar... Elles étaient aussi capable du pire comme ce scenario de manipulation qu'elle avait mit au point en une fraction de seconde et qui allait lui couter sa fin de matinée et l'obligation d'aller a ce fichu rendez vous auquel il n'avait clairement aucunes envies de participer.
Lui rendant son magnifique sourire Cole ne pu s'empêcher de répondre d'une voix enjoué.

Bien sur docteur. Il va de soit que nous allons faire du bon travail ensemble pour ecourter cette situation.

Ce qu'il se mordait les doigts de prononcer ces mots... Avouant clairement qu'il avait perdu face a sa manœuvre qui n'avait de succès qu'a cause du hasard de la situation.
Se dirigeant vers le bureau de la psy celle ci énonça un fait que tous auraient pu croire, enfin tous si certain ne connaissait pas l'histoire du commandant et de Cole.

C'est la que vos pouvoirs psychiques se trompent docteur. Nous avons toujours été proche avec le commandant... C'est grâce a lui que je suis dans cette unité c'est lui qui m'a fait une lettre de recommandation. C'est une longue histoire mais ca ne concerne pas vraiment sa fille. Disons plutôt qu'il a été une figure a une époque.

C'était sans vraiment le vouloir qu'il lui avait révéler ce petit passage de sa vie. Tout était venu naturellement même si l'intention partait d'un esprit de contradiction et qu'au final il avait dit tout cela tout simplement.
Arrivant dans le bureau il regarda autour de lui. Ce n'était plus un bureau d'inspecteur comme ca l'était auparavant. C'était d'ailleurs bien plus agréable d'y entrer que d'aller dans le bureau de Cooper qui lui était sombre et orné de plaque doré et de distinction ca et la... Alors qu'ici... Plus lumineux... Convivial... Elle avait tout aménager depuis la dernière fois pour donner une atmosphère bien plus cocooning au lieu. Ce qui pour le coup manqua presque au sergent de lui faire oublier qu'il était au travail.
Ce fut la voix de la psychiatre qui sans qu'il ne le remarque c'était assise en face de lui qui le ramena dans le monde réel.

Hum ? Oui je me disais que ca n'avais rien a voir avec le bureau d'a coté. Je n'imaginais même pas que ca pouvait changer a ce point ici.

Finalement sans rien dire il se posa calmement dans le fauteuil en face d'elle. Concédant a la fin de sa phrase il abaissa la tête pour le lui faire comprendre.

Il n'y avait pas grand chose a parier sur le sujet. Mais bravo. Je ne peux vous retirer l'habilité du coup.

S'installant bien au fond du siège elle en profita pour reprendre sur une question plus détendue. Bien que forcé physiquement il était ici alors autant tenter de rendre l'entrevue agréable ? Souriant amusé il tourna la discussion a son avantage.

Bien que retenue ici contre ma volonté et que je ne suis pas assommé par le travail en ce moment je dirais que tout vas bien ? Et vous ?

Ellie avait répondu d’un sourire à son affirmation devant le Commandant Cooper. C’était tellement facile qu’elle ne pouvait que se féliciter sa chance d’avoir croisé le grand Manitou. Sans lui, nul doute que jamais le Sergent Reynolds ne serait venu la voir. Elle pouvait donc le remercier. Tout en marchant vers son bureau, elle n’avait pu s’empêcher d’ironiser sur son lien avec Cooper mais la réponse du blond la surprit. Autant par sa prolifération que par son contenu. Mais elle ne rebondit pas là-dessus. Il était bien trop tôt pour qu’il puisse s’en rende et répondre à ses questions comme elle le souhaiterait. Mais c’était déjà un bon début. Il y avait donc quelque chose à creuser de ce côté-là… Mais chaque chose en son temps…

Ils se retrouvèrent vite dans son bureau et Ellie pouvait voir sa surprise quant aux changements qu’elle avait opérés dans la pièce. Il était vrai qu’elle avait fait une belle transformation en l’espace de deux jours. Lui souriant, elle répondit

Je n’aime pas les pièces impersonnelles. Si je dois rester dans un bureau autant que je m’y sente bien et que les personnes que je reçois se sentent à l’aise, vous ne trouvez pas ?

L’odeur de la bougie commençait à envahir la pièce, Ellie faisait exprès de les choisir personnalisée et ne sentant pas trop fort pour éviter d’agresser ses patients et leurs nez parfois très fins.

On ne peut parler d’habileté en ces circonstances Sergent. Juste d’un peu de chance. J’ai eu la chance d’avoir croisé votre chemin et ensuite celui du Commandant Cooper. Sans lui, je pense que vous m’aurez envoyé plus ou moins gentiment sur les roses.

Elle l’avait regardé avec une petite lueur de malice dans les yeux avant de lui demander comment il allait. Elle le vit se détendre et ne put faire autrement que de répondre à son sourire

Ma foi, je m’adapte à ce nouveau poste…

Posant un coude sur l’accoudoir de son fauteuil, elle lui demanda doucement

Et comment vous sentez-vous par rapport à l’incident ? Y repensez-vous ?

Ellie savait qu’elle allait certainement le braquer à nouveau mais elle ne pouvait pas le laisser parler de la pluie et du beau temps alors qu’il était clair que son travail lui manquait et qu’il n’attendait qu’une chose. Pouvoir y retourner. Aussi rajouta-t-elle

Autant aller au fond des choses Sergent… Je crois qu’on a tous envie de la même chose ici alors autant travailler ensemble, vous ne pensez pas ?

Il ne pouvait qu'acquiser aux mots de la brune. Enfin ca c'était s'il s'était montré expressif quant a la chose. Aujourd'hui il refusait de lui donner ne serait ce que la raison, en aucun cas il ne lui cèderai de terrain avec un "Je suis d'accord" et encore moins un "Vous avez raison" ca c'était hors de question.

Une odeur familière arriva alors a son nez, non pas qu'elle lui rappelait un quelconques moment agréable de sa vie comme les noël en famille ou l'odeur du poulet du dimanche midi chez ses grands parents mais un souvenirs plus paternelle. Celui du jogging du dimanche matin avec son père, celui la même qui les faisaient traversé la brume du matin dans les sous bois. L'odeur du bois résineux humide séchant a la lueur du soleil levant. Bien qu'il ne la sentait pas réellement il avait l'impression que la terre humide accrochait sous ses chaussures a pointes spécialement acheter pour courir dans la terre.
Mais se souvenir s'estompa lorsqu'elle reprit la parole.

Le visage du sergent s'illumina d'une lueur de malice et dans son sourire provocant il pointa son doigt vers elle pour confirmer l'exactitude de ses dires.

Je n'aurai pas dis mieux ! Le gentiment aurait juste était en fonction de votre façon d'insister.

Jusqu'alors dans son fauteuil bien au fond il s'avança quelques peu. Bien plus confiant et maitre de lui même que la première fois il n'hésita pas quand vint le moment de croiser son regard alors qu'ils échangeaient les politesses. Mais le temps des sourires s'effaca alors, Cole leva les yeux au ciel et entreprit de repondre sur un ton blasé.

Je me sens très bien hormis que je suis blessé a l'idée qu'on me poignarde dans le dos quand je fais mon boulot. Merci de vous en inquiéter docteur. Pour ce qui est d'y repenser ? Une affaire classé est classé. Donc plus besoin d'y penser. J'ai fait ce que j'avais a faire ce jour la point.

Elle avait trancher dans le vif. Mais y avait il un autre moyen de régler cette affaire ? S'il voulait reprendre son travail c'était elle qu'il fallait convaincre et non Cooper... Ca il l'avait compris depuis ses premières réflexions nocturnes.
Alors autant lui donner les réponses qu'elle voulait alors comme ca elle lui lâcherai plus facilement la grappe.

Accouchez docteur. Posez vos question qu'on en finisse.

Sur ses mots il se referma et retourna dans le fond de son fauteuil attendant de savoir a quelle sauce elle comptait le manger.

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